TOUT EST DIT

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jeudi 13 septembre 2012

Zone euro : deux verrous en moins 


Il y a une semaine, deux inconnues majeures pesaient sur le plan de sauvetage de l’euro confectionné depuis des mois par les gouvernements. Toutes deux dépendaient de responsables non élus, des banquiers centraux et des juges. D’un côté, à Francfort, la Banque centrale européenne allait- elle donner un peu d’oxygène aux pays les plus attaqués sur les marchés ? De l’autre, à Karlsruhe, la Cour constitutionnelle allemande allait-elle donner son feu vert au sauvetage de la monnaie unique ? En l’espace de quelques jours, une double réponse positive à ces interrogations vient d’être donnée. Ce n’était pas acquis, mais on ne peut que s’en réjouir. Le pire, le plongeon de l’Espagne et un retentissant blocage allemand, est évité.
En déclarant, hier, que le Pacte budgétaire européen et le Mécanisme européen de stabilité étaient compatibles avec la Loi fondamentale allemande, la Cour de Karlsruhe vient de rendre un fieffé service à la Chancelière et, peut-être, à l’Europe. Depuis des mois, Angela Merkel se battait pour asseoir, dans son propre pays, son plan de consolidation de l’euro. Face à une opinion plutôt hostile au renflouement des pays en difficulté, y compris dans les rangs de la majorité. Le large vote du Bundestag, au début de l’été, et le feu vert juridique de Karlsruhe, hier, donnent outre- Rhin, avec tous les débats qui les ont accompagné, une vraie légitimité démocratique à ces deux traités.
Cette légitimité est d’autant plus intéressante à souligner que le débat allemand, que l’obstacle linguistique empêche de mesurer à sa juste valeur, pose les questions de fonds. Sur la nature et les modalités de l’aide apportée par l’Allemagne aux pays en difficulté (Berlin apporte près de 30% du futur MES). Sur la compatibilité de ces textes avec la Loi fondamentale et donc la dimension démocratique des décisions.
Depuis le référendum de 2005, une chape de plomb empêche un tel débat en France. On ne peut que le regretter. Le déni de réalité en matière économique pointé durant la campagne électorale par la plupart des observateurs étrangers, se vérifie aussi sur les questions européennes. Le difficile automne social ne doit pas faire oublier que le sauvetage de l’euro est un défi tout aussi grand et vital pour l’Hexagone.
Car si les banquiers et les juges viennent de lever deux verrous, la balle revient – si jamais elle en était partie – aux politiques et ce n’est pour l’instant qu’un répi. Le choix audacieux et, non sans risque, du président de la BCE, Mario Draghi, rend la responsabilité budgétaire des gouvernements d’autant plus lourde. Madrid sait maintenant qu’une aide viendra de Francfort pour faire baisser les taux d’intérêt, mais aussi que cette aide sera synonyme de rigueur dans les comptes et de droit de regard des partenaires. En somme, l’achat de la dette souveraine n’exonère pas les dirigeants de consolider la gouvernance politique de leur union monétaire.
C’était, hier, le sens du discours sur l’état de l’Union prononcé par José Manuel Barroso, le président de la Commission européenne. Reprenant une formule chère à Jacques Delors, il a prôné la naissance d’une fédération d’États-nations. Une « démocratie européenne complément à la démocratie nationale ». C’est bien sûr une façon de soutenir le projet d’union politique défendue par la Chancelière. Mais aussi, et peut-être surtout, de lancer un débat sur le vivre ensemble des Européens.
 

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