TOUT EST DIT

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mardi 11 septembre 2012

Le défi des éleveurs français 


Le réveil est brutal. Au début des années 2000, les poulets français faisaient partie du menu des consommateurs allemands ou anglais. Aujourd'hui, l'aviculture hexagonale bat de l'aile. Et 40 % des poulets consommés en France sont importés. Les coups de becs de la concurrence, allemande notamment, ont mis à genoux les éleveurs français.
La mise en vente du pôle frais de Doux décidée, hier, par le tribunal de commerce de Quimper, illustre cette spirale infernale. L'ex-numéro un européen de la volaille accuse le coup. Si une partie des activités a été reprise, un millier d'emplois restent sur le carreau. C'est dans ce contexte que François Hollande inaugure, aujourd'hui, le Salon international de l'élevage à Rennes (Space).
En venant en Bretagne, le président de la République affiche son soutien à des éleveurs chahutés par la hausse brutale du prix des matières premières. La symbolique est forte. Pas sûr que cela soit suffisant pour rassurer des agriculteurs qui attendent d'abord du grain à moudre. En clair des réponses concrètes à un problème désormais récurrent : celui de la volatilité du prix des matières premières.
Pourquoi les prix s'envolent-ils ? En dix ans, le monde a basculé. Les Chinois font désormais la loi sur le marché des matières premières, comme le soja dont ils s'accaparent à eux seuls près de la moitié des importations mondiales. Une situation appelée à durer. Outre-Atlantique, les Américains ont, de leur côté, mis le turbo pour développer les agrocarburants. 40 % de la production américaine de maïs est transformée en éthanol. Plus rare sur le marché, il est désormais aussi plus cher.
Changement de paysage aussi sur le Vieux Continent. L'industrie pour l'Allemagne, l'agriculture pour la France : depuis la création de la Communauté économique européenne, cette ligne de partage semblait s'imposer en Europe. C'est fini. Les Allemands appliquent désormais à leur agriculture ce qui a fait leur succès avec les machines-outils. Sans complexes, ils exportent leurs cochons et leurs poulets. S'appuient sur une main-d'oeuvre à bon marché venue des pays d'Europe centrale. Et jouent de l'incapacité de l'Europe à imposer des règles du jeu sociales et fiscales équitables. S'y ajoute la montée en puissance des pays qui ont rejoint, depuis dix ans, l'Union européenne.
Tous les éleveurs européens sont confrontés aux mêmes incertitudes. Mais pour les professionnels français, le défi est plus redoutable. La France a pris du retard dans la mise aux normes des bâtiments d'élevage exigée par l'Europe. Tardé aussi à prendre la mesure des défis posés par l'environnement quand les Allemands ou les Hollandais en faisaient un outil au service de leur compétitivité.
L'État ne peut pas - ou plus guère - jouer les banquiers. Mais il peut encore agir. En veillant à ce que les éleveurs puissent répercuter une partie de la hausse des matières premières dans la chaîne alimentaire. En pesant aussi pour que les aides européennes, aujourd'hui fortement favorables aux producteurs de céréales, soient mieux réparties. Enfin, en jouant sur les charges sociales pour redonner un peu d'air aux professionnels.
La réponse passe aussi par l'innovation. Certains groupes comme LDC ou Gastronome réussissent à tirer leur épingle du jeu malgré la crise. En répondant à de nouvelles attentes des consommateurs. Partout dans le monde, l'appétit pour les produits français reste fort.

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