Il avait révélé sa nature dans sa péroraison, lors du fameux débat qui l'avait opposé à Sarkozy avant le second tour. On se le rappelle : "Moi, président de la République...". Ce côté "on va voir ce qu'on va voir !" Après quatre mois, on a vu. Croyez-vous qu'il en ait tiré la leçon ? Allons donc, il a récidivé hier soir, comme si de rien n'avait été, sans vergogne, avec un cynisme tranquille, cauteleux. D'un trait de plume, il efface allègrement les quatre premiers mois de son mandat. C'était pour voir, comme au poker. Il a le culot de nous dire : "Les cafouillages, c'est fini." Et il ajoute : "Le temps est à la mobilisation." Enfin !
"Le changement, c'est maintenant." Voyons, c'était une blague, on dit assez que je suis un blagueur sympa. Le changement, c'est pour dans deux ans, et encore, c'est plus exactement pour dans cinq ans. Donnez-moi cinq ans, vous verrez le résultat. Certes, "je m'étais préparé", mais l'urgence était de détruire ce qu'avait fait Sarkozy, "ce sale mec". Ça n'a coûté que six milliards d'euros, ce qui est peu de choses.
L'urgence ? On verra...
La priorité aujourd'hui est d'élaborer un calendrier, on n'a plus de temps à perdre, un agenda, à l'instar de ce qu'avait fait Schröder il y a douze ans. Les réformes annoncées ? Je vais m'y mettre. Le marché du travail d'abord. Mieux protéger les salariés et soutenir les petites entreprises. Une gageure. Comment faire ? Ouvrir un dialogue social, bien sûr. Quand ? D'ici à fin 2012. Mais le financement ? On verra. Le financement de la protection sociale, ensuite. Par quelles ressources nouvelles ? Les entreprises et les ménages, évidemment. À quel terme ? Oh, d'ici à fin 2012.
L'urgence est de trouver de l'argent. Plus de trente milliards. Je vais le prendre où il est : chez les riches. Dix milliards dans les entreprises. Tant pis pour la compétitivité et pour l'investissement. Dix milliards chez les particuliers, mais je ne sais pas encore exactement selon quels critères. D'ici à fin 2012 en tout cas. Et enfin les économies. Dix milliards également. Quelles économies ? On y travaille, on trouvera la solution.
Voilà, à peine caricaturé, ce qu'on a entendu hier soir de la bouche de François Hollande, "moi, président de la République", moi qui "m'étais préparé", moi le changement, la justice, le redressement et la morale".
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