jeudi 6 septembre 2012
Dire la vérité aux Français
Depuis 1983 et le revirement politique du gouvernement Mauroy, la
classe politique a pris en horreur le mot « rigueur » qui est devenu,
semble-t-il, indicible ! Le terme ne mérite pourtant pas cette
indignité. Quoi de mieux, en principe, que d'être rigoureux
professionnellement, intellectuellement, moralement, etc. ?
Ce déni à la Tartuffe est indigne d'une vraie démocratie. Les
citoyens doivent être informés, préparés aux difficultés et associés à
l'effort collectif. Comment pourraient-ils adhérer aux choix du
gouvernement s'ils sont tenus dans une douce et lénifiante illusion
jusqu'au moment douloureux de l'épreuve de vérité ? Les citoyens ne sont
ni aveugles ni ignorants. Les sondages qui auscultent les états d'âme
de nos concitoyens en témoignent. Les Français sont à la fois informés
et pessimistes car ils sentent confusément qu'il est inutile de chanter
« Tout va très bien... »
On comprend bien les justifications de cette attitude de déni : on
veut éviter que l'opinion publique ne s'affolle, qu'elle cesse de
consommer pour privilégier l'épargne de protection et n'accentue ainsi
les aspects récessifs de la crise. Cette prudence permet aussi de
colmater ¯ provisoirement - les brèches en augmentant les impôts sans
remettre en cause la dépense publique qui soutient l'activité. Mais tout
ceci ne résout rien si ce n'est à très court terme.
À peine a-t-on augmenté certaines taxes qu'il faut rapidement trouver
quelques 30 milliards supplémentaires pour le budget 2013. Or, la
pression fiscale, l'une des plus élevées du monde occidental, ne pourra
plus être accrue sans conséquences néfastes : trop d'impôt tue l'impôt,
dit sagement le vieil adage. La seule véritable ressource est dans la
chasse au gaspillage et aux dépenses non prioritaires. Elle doit
s'accompagner d'une réorientation des investissements publics afin
d'assurer la croissance future et pas seulement de faire tourner le
bâtiment.
Le pays ne se portera pas plus mal si l'on fait un peu moins de
ronds-points routiers, de salles polyvalentes ou d'équipements dont on
calcule trop peu le coût de fonctionnement ou le taux effectif
d'utilisation. En revanche, il faut investir davantage dans
l'enseignement primaire, dans l'apprentissage ou dans la formation
professionnelle en améliorant leur efficacité.
Depuis trente ans, la France vit au-dessus de ses moyens et finance
par l'emprunt ses dépenses au jour le jour : la dette atteint 90 % du
Produit intérieur brut. La situation est intenable et nous sommes au
pied du mur. Comment peut-on accepter que nos enfants et petits-enfants,
qui ont le plus grand mal à trouver un emploi, aient de surcroît la
charge de rembourser cette montagne de dettes ? Il est temps,
collectivement, de réaliser que la fête est finie et c'est le devoir de
ceux qui nous gouvernent de le dire.
Il est possible d'être plus sages, plus économes et surtout plus
efficaces dans la gestion publique, qu'elle soit locale - à qui
fera-t-on croire que l'on a besoin de quatre niveaux de gestion pour
bien gouverner ? - ou nationale. Les Canadiens, les Finlandais ou les
Suédois l'ont fait avant nous avec succès, montrant que la bonne
solution pour se redresser est un « mix » de réformes impliquant un
tiers de taxes supplémentaires et deux tiers d'économies. Nous en sommes
encore loin. Mais la première exigence est de ne pas raconter
d'histoires aux enfants.
Les Francais sont adultes !
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