dimanche 8 juillet 2012
Sylvia Kristel lutte contre la mort, mais Emmanuelle est immortelle
Sylvia Kristel, l’actrice qui a laissé un souvenir impérissable dans le rôle d’Emmanuelle, est aujourd’hui entre la vie et la mort.
De quoi susciter l’émotion de tous ceux qui avaient découvert le cinéma
érotique grâce à ce film, dont le succès fut phénoménal.
Emmanuelle, c’est surtout l’histoire du succès colossal d’un film sorti au bon endroit au bon moment.
À l’origine, il s’agit d’une série de romans publiés sous le
pseudonyme d’Emmanuelle Arsan. Just Jaeckin, photographe réputé adapta
le premier volet au cinéma dès 1974. Le rôle-titre échut à une actrice
hollandaise inconnue à l’époque : Sylvia Kristel. Selon elle, si elle
fut engagée, c’est « parce que Just ne trouvait pas d’actrice française
voulant jouer le rôle ». Sylvia, elle, accepta malgré le nombre de
scènes dénudées qui figuraient au scénario, mais non sans miser sur la
censure : « Je me disais que ma famille ne verrait jamais le film car il
y avait peu de chances qu’il sorte, d’autant que le réalisateur voulait
le sortir dans les cinémas traditionnels. »
En effet, avant l’élection de Valérie Giscard d’Estaing en mai de
la même année, les films français aux scènes jugées trop osées ou au
scénario contraire aux bonnes moeurs tombaient sous le coup de la
censure. À peine formé, le premier gouvernement de Giscard s’interdit de
censurer purement et simplement les films. Avant cette décision, le
ministère de la culture s’autorisait en effet à exiger au distributeur
des coupes sous peine de refuser d’attribuer au film un visa
d’exploitation. Emmanuelle eut donc la chance de naître durant une
fenêtre de tir réduite, refermée en 1975 avec la loi X, et put sortir
dans les salles assorti d’une simple interdiction pour les moins de
seize ans. Il devint alors le premier film frivole exploité dans les
cinémas traditionnels, en se situant tout de même assez loin du genre
pornographique avec gros plans anatomiques.
Le succès du long-métrage de Just Jaeckin se construisit sur la
durée. Alors que les films pornographiques étaient classés X, surtaxés
et de nouveau exclus des salles traditionnelles à partir de 1975,
Emmanuelle continua à être exploité en tant que film érotique «
acceptable ». En quatre ans, il fut visionné par plus de 10 millions de
spectateurs.
Trente ans plus tard, Sylvia Kristel mesurait dans une
interview l’impact de ce long-métrage sur plusieurs générations de
spectateurs. « Dans tous les pays, des gens viennent me voir en me
disant que j’ai sauvé leur mariage, qu’ils ont été éduqués dans leur vie
sexuelle par le film. Il a été descendu par les féministes en France,
qui y voyaient une exploitation de la femme. Mais au Japon, les
féministes applaudissaient littéralement dans la salle de cinéma lors de
la scène où je me retrouve au-dessus de mon partenaire. »
Depuis, d’autres films défrayèrent la chronique à cause de
leur contenu sexuel osé, mais Emmanuelle est resté le symbole par
excellence de la libération sexuelle cinématographique. Souhaitons-lui
un prompt rétablissement.
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