Les chiffres du Baromètre santé 2010,
publiés vendredi, sont là pour le rappeler. Près d'un Français sur 10
déclare avoir souffert ou souffrir d'une dépression. Pour le Dr Hélène Lansade, psychiatre
référent, "tant qu'on fera de ces patients des exclus, on n'avancera
pas". Et l'Organisation mondiale de la santé est de cet avis puisqu'elle
a rappelé que "sur dix pathologies, cinq sont de l'ordre de la santé
mentale, c'est énorme". Et ce n'est pas tout puisque ces patients-là, le
plus souvent "fragilisés et précaires", sont encore mal vus dans nos
sociétés. Ainsi, "disposer de faibles revenus, être peu qualifié ou
encore vivre dans un quartier socialement défavorisé favorise la
survenue ou le maintien de troubles dépressifs", signale l'Observatoire
régional de santé.La "stigmatisation de ces personnes, cette peur d'être montré du doigt,
est encore l'une des causes de non-consultation", explique le Dr
Lansade. Il faut donc améliorer l'accès aux soins. Pour ce faire, "toute
la psychiatrie doit se penser de plus en plus en dehors de l'hôpital",
insiste-t-elle, d'où le développement des appartements thérapeutiques,
des visites à domicile, des équipes mobiles capables d'aller "chercher
le malade dans la rue, les squats, etc". Cette prise en charge nouvelle
génération passe aussi par la lutte contre l'isolement et plus de
partenariat avec les proches, ajoute le Dr Lansade : bref, il s'agit
d'"éviter les ruptures".Cette peur d'"une maladie qui fait perdre tout"
Pour Pierre Verger, directeur adjoint de l'Observatoire régional Paca, c'est l'une des raisons pour lesquelles "une personne dépressive sur deux ne consulte pas de professionnels de santé". Et ce chiffre est encore plus élevé en région Provence-Alpes-Côte d'Azur (Paca) chez les hommes et les jeunes, précise-t-il. Le manque d'informations, la volonté de vouloir gérer ses troubles seul ou l'idée selon laquelle les traitements ne sont pas efficaces peuvent aussi expliquer la réticence à consulter. Pourtant, il est important que les personnes dépressives se fassent suivre en raison du risque de suicide. Encore faut-il frapper à la bonne porte. Parmi ceux qui ont consulté, 80% sont allés chez un généraliste et non un spécialiste. Par conséquent, "le traitement de la dépression reste principalement médicamenteux alors que la Haute Autorité de Santé recommande la psychothérapie dans les cas les moins les sévères", souligne Pierre Verger.
Près de trois personnes sur dix ont déjà consommé des médicaments psychotropes au cours de leur vie, anxiolytiques et hypnotiques en majorité. Pour le Dr Rémy Sebbah, généraliste depuis 32 ans dans le centre de Marseille, "il y a malheureusement un déficit de formation vis-à-vis de la prise en charge de ces patients" ainsi qu'un "problème de durée de l'écoute". Idéalement, il faudrait 20 à 25 minutes mais "avec une consultation à 23 euros, ce n'est pas possible", analyse le médecin, persuadé que la dépression est encore "sous-diagnostiquée". Les maux de dos ou de ventre sont bien souvent à considérer comme des signes psychosomatiques de la dépression, pense le Dr Sebbah : il faudrait "travailler sur la dépression masquée", différente de celle qui se caractérise par des pleurs ou de la simple tristesse, et "surtout écouter la plainte".
Ces résultats ont été dévoilés à l'occasion de la présentation du plan de santé mentale 2011-2015 par l'Agence régionale de santé (ARS) Paca













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