TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

mardi 10 juillet 2012

Marion Maréchal : la troisième génération Le Pen à l’œuvre 




Plus jeune députée de la Ve République (elle n’aurait pas pu se présenter avant la loi du 14 avril 2011, qui a baissé l’âge d’éligibilité des députés de 23 ans à 18 ans), l’aînée des neuf petits-enfants de Jean-Marie Le Pen est aussi ravissante que courageuse. Marion Maréchal-Le Pen a réussi un exploit double. Devenir la plus jeune députée de France et de l’histoire contemporaine et faire revenir le Front national sur les bancs de l’Assemblée. Elle est arrivée largement en tête au second tour des législatives devant le député UMP sortant Jean-Michel Ferrand. Ceux qui ont une mémoire et n’ont pas oublié la manipulation de Carpentras et l’ignoble campagne qui s’en est suivie, savent que cette toute jeune femme a aussi lavé l’honneur de son grand-père dans la troisième circonscription du Vaucluse, qui englobe une grande partie de Carpentras.
« Cette candidature, c’est un peu une façon de le réhabiliter. Son honneur a été sali avec cette affaire, mais on ne l’a jamais lavé sur la place publique », avait-elle déclaré en déposant sa candidature.
A 22 ans, à une époque où la plupart des jeunes ne s’engagent pas en politique, Marion Maréchal a déjà mené des combats très durs sous les feux croisés de médias et d’adversaires qui ne lui font pas de cadeaux. D’un abord simple, naturel et direct, la fille de Yann Le Pen et de Samuel Maréchal lutte également fermement contre une peoplisation à laquelle ont facilement cédé celles qui en marge (ou pas du tout en marge) de la politique étaient aussi photogéniques qu’elles. Gala et Match – voire Le Point qui donne de plus en plus dans ce genre qui appelle le gros tirage – veulent une photo d’elle en train de promener son chien ou de courir en maillot sur la plage de La Trinité-sur-Mer. Comme elle nous le dit elle-même, elle n’est pas entrée à l’Assemblée nationale pour ça ! Plus de cinquante ans après son grand-père, lui aussi devenu à 27 ans le plus jeune député de sa législature, c’est sa jeunesse, son sourire et sa détermination qui incarnent le retour du Front national dans l’hémicycle. Son nom est « un fardeau et un honneur », dit-elle. Elle entend l’utiliser à l’Assemblée nationale pour donner la visibilité qu’il mérite au Front national et briser le fameux « plafond de verre » qui a jusque-là empêché le mouvement de Marine Le Pen de gagner.
 
Quel est votre sentiment quelques jours après votre entrée à l’Assemblée nationale ?
— Un sentiment de fierté et une réelle émotion lors de la première séance. J’ai commencé à comprendre que j’allais gagner seulement quelques jours avant le second tour de l’élection et à mesurer les enjeux et la responsabilité qui était la mienne. Je n’avais jamais idéalisé cette fonction mais je dois dire que je suis restée perplexe. J’ai vu une assemblée qui est vraiment dans un drôle d’état. Il y a déjà un taux d’absentéisme énorme et une frappante indiscipline. Lors des débats sur le Conseil européen, le Front de Gauche, l’UMP et le PS ont dit la même chose. J’ai assisté à la répétition du même point de vue. L’UMP est d’accord sur le fond avec l’extrême gauche de Mélenchon et le Parti socialiste de Hollande et donne vraiment l’impression d’être obligée de critiquer pour la forme. Quant aux socialistes, ils clament intervention après intervention qu’il n’y aura pas de rigueur dans le même temps qu’ils sont à la manœuvre pour l’imposer très durement.
Depuis quel âge vous intéressez-vous à la politique ?
— J’ai commencé à avoir de l’intérêt pour la politique vers l’âge de 16 ans. J’ai suivi d’abord un peu de loin la campagne présidentielle de 2007 de mon grand-père. J’ai eu mon petit parcours en marge du FN et j’ai été séduite (comme beaucoup je crois) par le personnage Sarkozy. J’ai commencé à fréquenter certains milieux de jeunes UMP, je voulais en connaître plus, j’étais intriguée. Puis comme beaucoup de déçus du sarkozysme, j’ai réfléchi.
Vos études de droit sont-elles destinées à vous servir en politique ?
— J’ai une licence en droit des affaires mais je me suis tournée vers le droit public ce qui est une bonne aide pour la lecture des textes législatifs. J’ai eu mes écrits de Master 2 mais je dois repasser mes oraux à la rentrée (j’ai eu très peu de temps pour les travailler pendant la campagne législative !). Je compte poursuivre mes études pour exercer un vrai métier, même à temps partiel. J’ai envie d’avoir un métier qui ne me déconnecte pas du réel comme la plupart des élites politiques à l’heure actuelle.
Et quel est le métier qui vous tente ?
— Avocat de droit public.
Sous la IIIe République, le discours d’un seul bon député pouvait renverser un gouvernement. Malgré votre faible représentativité, que vous-êtes vous fixé comme objectif ?
— C’est vrai qu’à deux, Gilbert Collard et moi-même, nous allons avoir du mal à influer sur la politique du gouvernement. Nous sommes 8 non-inscrits et notre temps de parole pour les questions au gouvernement est de 5 minutes chacun. Mais nos discours devraient être davantage observés, scrutés et peut-être répercutés que ceux des autres. Au quotidien, c’est surtout le droit d’amendement, garanti par la Constitution, qui pourra nous permettre de nous faire entendre dans l’hémicycle et dans les médias. Si nous déposons un amendement sur chacun des articles d’un projet de loi, nous aurons droit à un temps de parole à chaque fois pour le défendre.
Et puis il y a la salle des Quatre Colonnes. Nous serons des piliers des lieux. Ce sera notre rendez-vous avec les Français. Après chaque séance, nous avons l’intention de parler : « Regardez ce qui se passe, regardez-les, regardez les connivences, qui a voté quoi, attention à ce qui se prépare. » Nous représentons les « orphelins de la démocratie », les 3 528 000 électeurs du FN aux législatives et les quelque six millions d’électeurs de Marine Le Pen à la présidentielle, nous aurons un rôle d’information et d’agitation constructive.
Gilbert Collard a décroché la commission des lois et vous siégez, vous, à la commission des affaires culturelles et de l’éducation.
En tant qu’étudiante, je crois que c’est là que j’étais la plus légitime. L’éducation occupe une place essentielle du programme de notre mouvement. C’est une de nos priorités. Nous tranchons avec la gauche, avec la culture de gauche et ses nombreuses armes idéologiques. Relever l’Education et la Culture dans un pays sinistré dans ce domaine est un vrai challenge, c’est l’un des plus beaux combats, l’un de ceux qui décident de l’avenir d’une nation.
A propos d’éducation, qu’avez-vous pensé de celle de Jean-François Copé qui a refusé de vous serrer la main lors de la séance inaugurale dont vous étiez en tant que benjamine la secrétaire, chargée d’accueillir un par un les députés ?
— Ça m’a plutôt amusée. J’ai pensé qu’il jouait contre lui. Et je crois que c’est ce qui s’est passé. Les jours suivants, les gens m’arrêtaient dans la rue pour me dire : « Je ne vote pas FN mais je suis scandalisé par l’attitude de Copé à votre égard. Quel mufle ! » Je suis députée et pas sous-députée. C’était lamentable et il est passé pour un goujat.
— Le rapprochement avec Jacques Bompard est-il d’actualité ?
— Il faut être raisonnable. Nous sommes déjà à côté dans l’hémicycle… Et très proches pour le reste ! On ne pourra pas faire l’impasse sur une collaboration.
Est-ce que vous incarnez l’avenir du Front national ?
— Aux électeurs de le dire. Je ne me suis pas engagée pour faire plaisir à mon grand-père ni à ma tante mais parce que je crois à ce que je fais. Il y a un grand besoin d’une nouvelle génération politique. Les gens n’en peuvent plus de cette classe politique rancie, conservée dans les magouilles et les affaires comme dans du formol, auto-amnistiée, qui se repasse les manettes du pouvoir, toujours les mêmes et on recommence. Lorsque je menais ma campagne, c’est ce que j’entendais : on veut de nouvelles têtes. Et sans aucun doute de nouvelles mœurs. J’ai un rôle à jouer. Il y a quelque chose à jouer dans le Sud de la France. Là-bas les principaux partis politiques sont le Front national, la Ligue du sud et la Droite populaire. Et les électeurs là-bas réclament l’union des droites. Le clivage politique est quasiment inexistant. Les lignes bougent. De jeunes UMP sont venus militer pour moi. S’il y a une reconquête politique de la droite française, elle partira du Sud.

0 commentaires: