61% des Français préfèrent disposer de plus d'argent que de
davantage de temps libre, selon un sondage réalisé par TNS Sofres
pour ING Direct. La crise a débouché sur une revalorisation de
l'argent aux yeux de nos compatriotes.
Nicolas Sarkozy n’est plus président de la République, mais sa
fameuse formule « travailler plus pour gagner plus » demeure
d’actualité. Près des deux tiers des Français (61% exactement)
préfèrent en effet disposer de davantage d’argent que de plus de
temps libre, selon un sondage réalisé par TNS Sofres pour la
banque en ligne ING Direct, et publié ce mardi. "L’argent a
aujourd’hui un rôle central, moteur, dans la vie des Français, il
est valorisé", insiste Nathalie Léauté, directrice du
département Finance de TNS Sofres. La France en aurait-elle fini
avec le tabou de l’argent ? Celui-ci ne serait-il plus synonyme de
vulgarité mais de réussite, comme dans les pays anglo-saxons ? Pas
si vite ! Un peu plus de la moitié de nos compatriotes jugent
encore qu’il n’est pas de bon ton de parler d’argent. Et, pour 55%
des hommes et 67% des femmes, l’argent apporte avant tout de la
sécurité, loin devant le plaisir (33% et 43%).
La peur d’une "américanisation" de la France
Si les Français font aujourd’hui la part belle à l’argent dans
leurs priorités, ce n’est donc pas pour « flamber » mais bien pour
assurer leurs arrières, dans le contexte actuel de crise
économique et financière. La preuve, s’il leur était possible de
gagner 20% de plus, un bon tiers des Français affecteraient ces
revenus supplémentaires à leur épargne, pourtant déjà très élevée
avec un taux de 16,8% en 2011, et non à une amélioration de leur
train de vie.
"Compte tenu de la crise des finances publiques, les Français
redoutent une "américanisation" du pays, avec une protection par
l’Etat qui risque de s’amenuiser et donc de rendre plus difficile
leur accès aux prestations de santé, par exemple", explique
Jeanne Lazarus, chargée de recherche au CNRS. A quoi s’ajoute la
peur du chômage, les plans sociaux se multipliant, avec, à la clé,
le risque de peiner à financer les études des enfants et, plus
globalement, de voir son pouvoir d’achat diminuer.
Les Français ne voient pas la banque comme un partenaire
Plus fourmis que jamais, les Français ne s’aventurent guère hors
des sentiers battus pour faire fructifier leur bas de laine. «
Ils privilégient des solutions d’épargne classique », comme le
Livret A, indique Nathalie Léauté. Les produits très rentables
mais risqués, très peu pour eux. Ils sont d’ailleurs un peu plus de
80% à faire le vœu de produits bancaires plus sûrs et plus
simples. Une revendication qui a pour toile de fond le désamour
des Français vis-à-vis des banques. "La rupture a été très forte lors
de la crise financière de 2008, une partie de l’opinion publique
remettant en cause l’expertise des banquiers", souligne Nathalie
Léauté.
Même les banques mutualistes n’échappent plus à l’aversion des
Français pour le secteur bancaire. Il faut dire qu’elles "sont très
puissantes, qu’elles ont fait beaucoup d’acquisitions et ont
investi sur les marchés, comme les autres banques", décrypte
Jeanne Lazarus. Conséquence, un Français sur cinq seulement voit
aujourd’hui dans la banque "un partenaire" ou "une solution."
Restreindre l’offre de produits bancaires
"Il y a toute une relation de confiance à rebâtir, pour les
banques. Le métier de banquier doit retrouver une certaine
humilité", admet Benoît
Legrand,
directeur général d’ING Direct France. Pour qui, de toute façon, la
maturité du marché bancaire français est telle qu’il paraît
difficile de concevoir des produits encore plus sophistiqués que
ceux qui existent déjà. "L’innovation véritable résiderait dans
le fait d’avoir moins de produits", estime Benoît Legrand. La
simplification de l’offre bancaire, les clients ne
demandent que ça.
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire