TOUT EST DIT

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ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

samedi 16 juin 2012

vers une fin de l'édition grécque ?

'ai toujours admiré l'édition grecque,la connaissance dans leur métier des libraire . Rare sont les pays ou l'on trouve une telle concentration de grandes librairies comme a Athènes, (rues venizelos , ippokratous , la stoa les editeurs) ou a Thessalonique (rues,aristotelos , nikis,gounari,tsimisti..) Mais aussi dans les petites villes.
j'ai souvenir , à sparte , d'une librairie ou le libraire empilait ses livres sur de nombres tables , certaine pile, montaient de plus d'un mètre , la boutique ressemblait a un labyrinthe et les allées entre les tables a des tranchées..mais si on lui demandait un titre il connaissait exactement l'emplacement du livre, sans oublier les conseils de lecture et l'efficacité , la rapidité des commandes...
En mars à Kalamata j'ai constaté la fermeture de la moitié des librairie (il y a maintenant plus de pharmacie que de librairie en gréce.. mauvais signe...

Voici un extrait d'article qui aborde bien le sujet

Le livre en ruine (extrait)
[www.lemonde.fr]

La patronne des éditions Hestia - le Gallimard grec - n'ignore rien de la débâcle qui frappe autour d'elle le monde des livres et des idées. En deux ans, les tirages de l'édition grecque ont dévissé de 40%. Les librairies ferment les unes après les autres. Des éditeurs et non des moindres - Kastanyotis, Okeanida... - ont mis (provisoirement ?) la clé sous la porte La vénérable maison Hestia, 127 ans, subit ce que subissent tous les éditeurs grecs aujourd'hui : " Les libraires ne payent plus, dit Eva Karaitidi. J'ai cessé de donner nos livres à la grande chaîne de librairies Elefteroudakis. Je me dis que si les libraires ne payent plus les éditeurs, autant offrir directement nos ouvrages aux lecteurs ! C'est ce que je fais d'ailleurs... Je passe mon temps à offrir des livres ! " Elle rit. " Cette crise aura au moins ça de bon : nous retrouvons le sens de la gratuité ! "

Ce n'est pas une plaisanterie. A la foire du livre de Thessalonique, en mai, les manuels de yoga s'envolaient comme des petits pains. Ce sont les rares ouvrages qui résistent à la tempête - en dehors de ceux qui portent sur la crise " Au-delà du yoga, ce que cherchent les Grecs, c'est un autre point de vue sur le monde ", explique Thalia Prassa, dont la jeune maison d'édition, Garuda, est spécialisée dans le yoga et la spiritualité. L'Eglise orthodoxe en a froid dans le dos. Et si cette crise du sens lui faisait perdre des ouailles ? Les popes se sont même fendus d'un poster de mise en garde : " Le yoga ne résout rien. Il n'est qu'un substitut qui aveugle les gens. Un aveugle ne peut reconnaître ses péchés... " !
Lorsqu'ils ne se raccrochent pas à l'orthodoxie ou à la philosophie indienne, les éditeurs avouent leur désarroi. " Personne ne comprend vraiment ce qui est arrivé à ce pays, dit Stavros Petsopoulos, des éditions Agra. C'est une gifle que nous avons reçue. " En Grèce, 50 000 entreprises ont fermé en un an et demi et 3 000 suicides ont été enregistrés. " C'est l'équivalent d'une petite ville rayée de la carte, dit-il.

Cette crise qui paralyse le milieu éditorial semble sans issue. " Il faut un véritable amour du livre pour continuer ", note Nontas Papageorgiou, des prestigieuses éditions Metaixmio. Dans ce milieu pourtant éclairé, on a beau avoir lu, réfléchi, on n'y voit rien. Normal, suggère l'historien Nicolas Bloudanis, auteur de Faillites grecques, une fatalité historique ? (Xerolas, 2010). " La Grèce a connu deux grandes crises, en 1893 et 1932. Mais à chaque fois, elle affrontait des créanciers étrangers. Celle-ci est inédite. Impossible de penser le présent à partir des modèles du passé. "

Ce qui frappe, c'est le jeu de dominos. La rapidité avec laquelle un système entier se détricote. Dans les maisons d'édition, nombre de salariés ne sont plus payés, mais viennent travailler gratuitement. Ils savent qu'ils ne trouveront pas d'emploi d'ailleurs.. Le Centre de traduction littéraire (Ekemel) a fermé l'été dernier. La pensée elle aussi se referme à l'intérieur des frontières. " L'université voit partir ses meilleurs cerveaux, constate, amer, Socrates Petmezas, passé par l'Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) à Paris et professeur d'histoire sociale à l'université de Crète. " La Grèce n'a pourtant jamais formé de meilleurs historiens. Au total, elle a déjà perdu 200 000 à 300 000 jeunes excellents, ambitieux, et qui sont partis pour de bon. En sciences humaines, ils étaient les auteurs de demain... "

Dur aussi pour les écrivains. Certains, comme la prophétique Ersi Sotiropoulos, ont vu venir la catastrophe. Dès 2003, dans Dompter la bête (Quidam, 2011), la romancière faisait une peinture au vitriol de la société grecque " bouffonne et tragique " et de ses élites corrompues jusqu'à la moelle. Son roman n'a rien changé lampe. Les droits d'auteur sont en chute libre. " Je n'arrive plus à payer mon loyer au centre d'Athènes ", explique Ersi Sotiropoulos, partie travailler à Paros, dans une résidence de traducteurs à l'abandon.
Ils continuent, mais pour combien de temps ? Comment peut-on écrire lorsque les éditeurs sont à bout de souffle, que les librairies disparaissent, que le lien avec les lecteurs est coupé ? Quid de l'avenir ?

A la tension économique s'ajoutent enfin les inquiétudes politiques. " Samedi, à Monastiraki, , soixante types, crânes rasés et drapeaux noirs, ont fait irruption dans le marché aux puces, raconte l'éditeur Stavros Petsopoulos. Des types de L'Aube dorée (le parti néonazi), dont une dizaine de femmes de 50 à 60 ans. D'habitude, leur sport national consiste à aller "casser de l'Afghan ou du Pakistanais" en banlieue. Mais depuis les dernières élections, un verrou a sauté. Ils se sentent libres de se promener dans le centre d'Athènes, un samedi, lorsque c'est plein de monde. C'est une situation qui me rappelle beaucoup les années 1921 et 1922. " Comment fait-on pour que les années 1920 ne deviennent pas les années 1930 ? Faut-il lancer un cri d'alerte ? " Mais les livres sont pleins de cris d'alerte... ", dit tristement Petsopoulos. Il dit qu'il n'a pas la solution. Il dit que, pour la première fois, il a eu peur.
'ai toujours admiré l'édition grecque,la connaissance dans leur métier des libraire . Rare sont les pays ou l'on trouve une telle concentration de grandes librairies comme a Athènes, (rues venizelos , ippokratous , la stoa les editeurs) ou a Thessalonique (rues,aristotelos , nikis,gounari,tsimisti..) Mais aussi dans les petites villes.
j'ai souvenir , à sparte , d'une librairie ou le libraire empilait ses livres sur de nombres tables , certaine pile, montaient de plus d'un mètre , la boutique ressemblait a un labyrinthe et les allées entre les tables a des tranchées..mais si on lui demandait un titre il connaissait exactement l'emplacement du livre, sans oublier les conseils de lecture et l'efficacité , la rapidité des commandes...
En mars à Kalamata j'ai constaté la fermeture de la moitié des librairie (il y a maintenant plus de pharmacie que de librairie en gréce.. mauvais signe...

Voici un extrait d'article qui aborde bien le sujet

Le livre en ruine (extrait)
[www.lemonde.fr]

La patronne des éditions Hestia - le Gallimard grec - n'ignore rien de la débâcle qui frappe autour d'elle le monde des livres et des idées. En deux ans, les tirages de l'édition grecque ont dévissé de 40%. Les librairies ferment les unes après les autres. Des éditeurs et non des moindres - Kastanyotis, Okeanida... - ont mis (provisoirement ?) la clé sous la porte La vénérable maison Hestia, 127 ans, subit ce que subissent tous les éditeurs grecs aujourd'hui : " Les libraires ne payent plus, dit Eva Karaitidi. J'ai cessé de donner nos livres à la grande chaîne de librairies Elefteroudakis. Je me dis que si les libraires ne payent plus les éditeurs, autant offrir directement nos ouvrages aux lecteurs ! C'est ce que je fais d'ailleurs... Je passe mon temps à offrir des livres ! " Elle rit. " Cette crise aura au moins ça de bon : nous retrouvons le sens de la gratuité ! "

Ce n'est pas une plaisanterie. A la foire du livre de Thessalonique, en mai, les manuels de yoga s'envolaient comme des petits pains. Ce sont les rares ouvrages qui résistent à la tempête - en dehors de ceux qui portent sur la crise " Au-delà du yoga, ce que cherchent les Grecs, c'est un autre point de vue sur le monde ", explique Thalia Prassa, dont la jeune maison d'édition, Garuda, est spécialisée dans le yoga et la spiritualité. L'Eglise orthodoxe en a froid dans le dos. Et si cette crise du sens lui faisait perdre des ouailles ? Les popes se sont même fendus d'un poster de mise en garde : " Le yoga ne résout rien. Il n'est qu'un substitut qui aveugle les gens. Un aveugle ne peut reconnaître ses péchés... " !
Lorsqu'ils ne se raccrochent pas à l'orthodoxie ou à la philosophie indienne, les éditeurs avouent leur désarroi. " Personne ne comprend vraiment ce qui est arrivé à ce pays, dit Stavros Petsopoulos, des éditions Agra. C'est une gifle que nous avons reçue. " En Grèce, 50 000 entreprises ont fermé en un an et demi et 3 000 suicides ont été enregistrés. " C'est l'équivalent d'une petite ville rayée de la carte, dit-il.

Cette crise qui paralyse le milieu éditorial semble sans issue. " Il faut un véritable amour du livre pour continuer ", note Nontas Papageorgiou, des prestigieuses éditions Metaixmio. Dans ce milieu pourtant éclairé, on a beau avoir lu, réfléchi, on n'y voit rien. Normal, suggère l'historien Nicolas Bloudanis, auteur de Faillites grecques, une fatalité historique ? (Xerolas, 2010). " La Grèce a connu deux grandes crises, en 1893 et 1932. Mais à chaque fois, elle affrontait des créanciers étrangers. Celle-ci est inédite. Impossible de penser le présent à partir des modèles du passé. "

Ce qui frappe, c'est le jeu de dominos. La rapidité avec laquelle un système entier se détricote. Dans les maisons d'édition, nombre de salariés ne sont plus payés, mais viennent travailler gratuitement. Ils savent qu'ils ne trouveront pas d'emploi d'ailleurs.. Le Centre de traduction littéraire (Ekemel) a fermé l'été dernier. La pensée elle aussi se referme à l'intérieur des frontières. " L'université voit partir ses meilleurs cerveaux, constate, amer, Socrates Petmezas, passé par l'Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) à Paris et professeur d'histoire sociale à l'université de Crète. " La Grèce n'a pourtant jamais formé de meilleurs historiens. Au total, elle a déjà perdu 200 000 à 300 000 jeunes excellents, ambitieux, et qui sont partis pour de bon. En sciences humaines, ils étaient les auteurs de demain... "

Dur aussi pour les écrivains. Certains, comme la prophétique Ersi Sotiropoulos, ont vu venir la catastrophe. Dès 2003, dans Dompter la bête (Quidam, 2011), la romancière faisait une peinture au vitriol de la société grecque " bouffonne et tragique " et de ses élites corrompues jusqu'à la moelle. Son roman n'a rien changé lampe. Les droits d'auteur sont en chute libre. " Je n'arrive plus à payer mon loyer au centre d'Athènes ", explique Ersi Sotiropoulos, partie travailler à Paros, dans une résidence de traducteurs à l'abandon.
Ils continuent, mais pour combien de temps ? Comment peut-on écrire lorsque les éditeurs sont à bout de souffle, que les librairies disparaissent, que le lien avec les lecteurs est coupé ? Quid de l'avenir ?

A la tension économique s'ajoutent enfin les inquiétudes politiques. " Samedi, à Monastiraki, , soixante types, crânes rasés et drapeaux noirs, ont fait irruption dans le marché aux puces, raconte l'éditeur Stavros Petsopoulos. Des types de L'Aube dorée (le parti néonazi), dont une dizaine de femmes de 50 à 60 ans. D'habitude, leur sport national consiste à aller "casser de l'Afghan ou du Pakistanais" en banlieue. Mais depuis les dernières élections, un verrou a sauté. Ils se sentent libres de se promener dans le centre d'Athènes, un samedi, lorsque c'est plein de monde. C'est une situation qui me rappelle beaucoup les années 1921 et 1922. " Comment fait-on pour que les années 1920 ne deviennent pas les années 1930 ? Faut-il lancer un cri d'alerte ? " Mais les livres sont pleins de cris d'alerte... ", dit tristement Petsopoulos. Il dit qu'il n'a pas la solution. Il dit que, pour la première fois, il a eu peur.

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