dimanche 24 juin 2012
Un panier de crabes à domestiquer
Cécile Duflot a largement surjoué son émotion hier, en transmettant
le secrétariat général d’Europe Ecologie-Les Verts à Pascal Durand. Elle
peut, certes, être heureuse du chemin qu’elle a parcouru. Mais son
bonheur est d’abord personnel. Elle a arraché au PS, en négociant, un
siège de député inexpugnable à Paris, qui lui garantira une rente
politique de longue durée, et en plus, elle est devenue ministre. À 37
ans, sa trajectoire est lancée… et sécurisée.
On ne peut pas en
dire autant de l’avenir du mouvement dont elle a tenu les rênes pendant
six ans. Si les écologistes ont connu d’indéniables succès lors des
européennes et des régionales, grâce à la locomotive Cohn-Bendit, les
derniers rendez-vous électoraux ont été décevants. Avec 2,30 %, Eva Joly
fait un très mauvais score à la présidentielle, et si EELV parvient à
constituer, pour la première fois, un groupe à l’Assemblée nationale,
c’est uniquement grâce à un accord au sommet avec le Parti socialiste.
Là où les écologistes se sont présentés au milieu d’autres candidats de
gauche, ils sont loin derrière.
Daniel Cohn-Bendit, qui, en 2010 à
la tête d’Europe Écologie, avait largement devancé la liste socialiste
aux européennes en Ile-de-France, est dur avec ses « amis ». « On existe
à l’Assemblée, au Sénat et au gouvernement, mais plus dans la société
», tempête-t-il, fustigeant la politique « clanique » de Cécile Duflot
et « la chasse aux maroquins ministériels ».
Pascal Durand, le
nouveau secrétaire général, parviendra-t-il enfin à faire de la
politique « autrement », un slogan revendiqué depuis les débuts de
l’écologie politique et qui n’a jamais été appliqué au sein du mouvement
? Proche de Nicolas Hulot, il est l’un des artisans de la fusion
d’Europe Écologie et des Verts. Nul doute qu’il se voudra rassembleur.
Le problème, c’est que la politique politicienne a vidé le parti de plus
de la moitié de ses adhérents en un an, et que ceux qui restent forment
le noyau dur des irréductibles, qui ont préféré l’écologie punitive et
la rigidité d’Eva Joly au charisme de Nicolas Hulot. EELV ressemble,
plus que jamais, à un panier de crabes, qu’il ne sera pas facile de
domestiquer, surtout dans un contexte de gauche dominante, où toutes les
ambitions apparaissent réalisables.
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