dimanche 24 juin 2012
La sclérose nationale
La vie politique française marche lentement mais sûrement vers un état de sclérose généralisée.
La classe dirigeante se fige en blocs hermétiques qui se haïssent, ne
se parlent pas sinon pour s’injurier. Ce règne de la haine politique
est sans précédent historique. La rage permanente a d’ailleurs un sens
bien précis : elle sert à cacher que les uns et les autres sont
incapables de se différencier par les programmes. A l’étranger, les
partis travaillistes et conservateurs britanniques entretiennent des
contacts, passent des accords sur certains sujets. En Allemagne, le FPD
et la CDU gouvernent ensemble. Chez nous, la politique ne fait que
ruisseler de haine.
Les institutions donnent lieu à un immobilisme invraisemblable : avec
un président élu pour 5 ans et une majorité de gauche à l’Assemblée,
des crises sociales gigantesques peuvent se produire, elles n’auront
aucune traduction dans la sphère politique car les parlementaires
inféodés au chef de l’Etat ne bougeront pas d’un pouce et quoi qu’il
arrive, rien ne changera pendant cinq ans.
Les dirigeants, faute de pouvoir ou de vouloir agir, mettent en avant
les symboles, les emblèmes qui attirent l’attention mais ne servent à
rien et détournent des vrais sujets : réduire de 30% les salaires des
ministres, taxer à 75% les hauts revenus, adopter des codes de
déontologie, etc. Ou bien ils pratiquent l’incantation. Ce n’est pas
parce que l’on répète cent fois le mot croissance qu’elle va revenir.
Les grands sujets de la société française sont totalement évacués,
érigés en tabous, en interdits absolus. Les questions qui préoccupent
les gens sont diabolisées : les frontières, la lutte contre les
délocalisations, les disparitions d’emplois, la montée des violences, la
question de l’immigration. D’ailleurs, plus personne ne parle de ce
dernier thème mais chaque année s’accumulent toujours 200000 migrants
supplémentaires, dont beaucoup ne parlent pas le français et n’ont pas
de formation professionnelle. On les laisse s’installer, sans
perspective de travail – alors que le pays compte 10% de chômeurs – et
se concentrer derrière les hauts murs de la « banlieue » et dans les
« cités interdites » ce qui permet d’occulter la réalité, jusqu’à
l’inévitable explosion. On nage dans laTartufferie. Une sorte de terreur
pèse sur la société française : celui qui effleure la vérité, se
contente de dire les faits, est qualifié d’immonde raciste. Une affreuse
inquisition, police des consciences se met en place (dont Mme Morano a
été victime). Du coup, voit-on apparaître les lâches de l’ancienne
majorité, qui cèdent à ce chantage et les rares courageux qui y
résistent. En attendant, ce n’est plus un fossé mais un abîme qui se
creuse entre le microcosme et les citoyens.
Force des non dits et de l’hypocrisie : la gauche française prétend
détester le Front national mais elle a absolument besoin de lui comme
d’un puissant allié : il lui sert à prendre le pouvoir, les socialistes
étant minoritaire dans le pays, à marginaliser les questions sensibles, à
les rendre maudites. Le rêve des socialistes français, je vous le
promets : voir ce parti protestataire prendre la tête de l’opposition
sur les ruines d’une ump dévastée par la bêtise et la lâcheté d’une
partie de ses dirigeants, ce qui lui assurerait 60 ans au pouvoir dans
un pays voué sous leur égide à disparaître. Un printemps sombre pour la
France.
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