mercredi 27 juin 2012
Payer plus pour acheter moins
Les élections sont terminées, et tout n’est plus possible. Le smic ne sera revalorisé que de 2 % au 1 er juillet,
ce qui représente un coup de pouce minimal par rapport à la hausse du
coût de la vie (0,6 % de bonus). Les syndicats sont déçus. Mitterrand
avait augmenté le salaire minimum de 10 % en juin 1981. Il est vrai que
trois dévaluations du franc avaient suivi en moins de deux ans, pour
défendre la compétitivité des entreprises françaises, dont la première
dès octobre 1981.
Avec l’euro, ce genre d’ajustement n’est plus
possible. Il faut donc rester dans le domaine du « raisonnable ». Le
terme vient de Matignon, et c’est un euphémisme par rapport aux
différentes coupes budgétaires qui commencent à pointer le nez. Pour
assainir les comptes de l’État, il va falloir allier hausse des impôts
et baisse des dépenses. Le nouveau slogan pourrait être : « Payer plus
pour acheter moins. » L’Insee prévoit mécaniquement – et logiquement –
la plus grande contraction du pouvoir d’achat depuis 1984… après le
tournant mitterrandien de la rigueur. Cette fois-ci, le tour de vis
n’attendra pas deux ou trois ans. Il va falloir le mettre en place dès
cet été, car nos partenaires veillent. Avant d’être adopté par le
Parlement français, le projet de budget 2013 de l’État devra obtenir le
tampon de Bruxelles, qui a déjà fait savoir que certaines dépenses
n’étaient pas conformes à l’objectif commun aux pays de la zone euro :
revenir, le plus rapidement possible, à l’équilibre budgétaire.
François
Hollande sera dans ses petits souliers, demain à Bruxelles, pour son
premier vrai sommet européen. La publication de l’audit de la Cour des
comptes sur les finances publiques a été délibérément reculée au
2 juillet pour ne pas affaiblir la parole du chef de l’État au sein des
27, mais les chiffres du chômage et la note de conjoncture de l’Insee
qui sont tombés hier ne laissent aucune place au rêve. La croissance sur
laquelle le président socialiste appuyait son programme électoral ne
sera pas au rendez-vous, ni cette année, ni l’année prochaine. Il ne
sera donc pas possible de combiner les dépenses supplémentaires promises
aux Français avec la résorption de la dette… promise aux Européens.
Angela Merkel ne manquera pas de le faire remarquer.
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