TOUT EST DIT

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lundi 30 avril 2012

Présidentielle : Fillon et Juppé font entendre leur petite musique

Le Premier ministre et le ministre des Affaires étrangères ont soutenu Sarkozy, dimanche, en adressant des clins d'oeil aux centristes. 

Ils sont loyaux à Nicolas Sarkozy, mais marquent leur différence. Dimanche, François Fillon et Alain Juppé ont fait entendre leur petite musique en animant chacun un des six meetings décentralisés organisés par l'UMP. Quelques minutes plus tard, le président-candidat, en meeting à Toulouse, allait jouer les équilibristes en prononçant, en présence de l'ex-ministre socialiste, Claude Allègre, de Jean-Marie Bockel, chef de file de la Gauche moderne, et de la vice-présidente du Parti radical, Rama Yade, un discours sensiblement moins droitier que ceux de Longjumeau, de Tours ou de Raincy, la semaine dernière, mais toujours centré sur le thème de la "frontière". "Peu m'importe que vous soyez centristes, UMP ou de la Gauche moderne ! Pour moi, vous êtes des Français", a-t-il même lancé. À ceux qui en étaient venus à en douter, le candidat UMP a aussi précisé qu'il était résolument attaché au droit du sol, opposé à "l'immigration zéro" et qu'il "détestait le racisme et l'homophobie". "Marine Le Pen et Jean-Marie Le Pen ne font pas partie de la famille de la droite républicaine", avait-il d'ailleurs souligné en milieu de journée sur Canal+. Alors, de leur côté, le Premier ministre et le ministre des Affaires étrangères - qui entendent bien jouer un rôle à droite après la présidentielle - se sont adressés clairement aux électeurs centristes.
Il est 15 heures à Woippy, dans la banlieue de Metz, quand François Fillon prend la parole dans une salle surchauffée de quelque 800 militants. À la tribune, devant le ministre de la Défense, Gérard Longuet, assis au premier rang, il se lance sur la maîtrise des finances publiques et la lutte contre les déficits, deux thèmes qui lui sont chers et auxquels sont sensibles les centristes. "Nicolas Sarkozy s'engage à un retour à l'équilibre de nos finances publiques en 2016. C'est une question de souveraineté nationale, car un pays surendetté est un pays menacé dans son existence", affirme-t-il. "La vérité, c'est que François Hollande ne réduira pas les dépenses. (...) La seule façon qui lui reste pour réduire le déficit, ce sera d'augmenter les impôts", poursuit le Premier ministre. Matraquant le candidat PS qui "surfe sur le vague", il met en cause son projet de vouloir "augmenter les impôts", détruire la politique familiale en touchant au quotient familial.

Longuet tend la main aux "corps intermédiaires"

Peu adepte de la "ligne Buisson", le Sarthois fait le service minimum sur les thèmes de la sécurité et de l'immigration. Il se contente d'assurer que la sécurité est "une priorité", critique le droit de vote aux étrangers aux élections locales - qui figure dans le projet de Hollande - et termine en défendant la loi sur l'interdiction du port de la burqa votée pendant le quinquennat. Gérard Longuet, qui est ici en Moselle dans son fief, est sur la même longueur d'onde. Au micro, il lance même un conseil au candidat UMP : "Ce n'est pas une critique, juste une réserve : Nicolas Sarkozy devrait plus s'appuyer sur l'ensemble des Français, plus compter sur les corps intermédiaires." Une remarque plutôt osée à l'adresse de celui qui ne cesse de rudoyer les corps intermédiaires - les syndicats, les journalistes, les élites - au gré de ses meetings et de ses déplacements de campagne !
Au même moment, le très populaire Alain Juppé joue aussi sa propre partition, depuis le Palais des congrès de Lyon. Prudent, il commence par prévenir toute surinterprétation de ses propos : "Puisque certains médias s'inquiètent, je me sens parfaitement à l'aise avec mes valeurs." Pas question d'attaquer ouvertement la ligne du candidat Sarkozy. Pourtant, s'il tient à montrer qu'il s'accommode facilement du discours du président-candidat sur l'immigration, lui aborde à peine le sujet. Tout juste regrette-t-il une différence d'appréciation supposée de la part des médias : "Quand François Hollande dit qu'il faut diminuer l'immigration légale, c'est de la vertu républicaine. Quand c'est Nicolas Sarkozy, c'est du vice pétainiste !" C'est surtout une leçon de gaullisme que le ministre des Affaires étrangères est venu donner, insistant sur ses deux valeurs-phares : l'humanisme et le patriotisme. Ainsi appelle-t-il à "reprendre un peu de hauteur dans le débat politique", et lâche même ce commentaire : "Entre Français, il faut se garder de toute stigmatisation, ou de mépris condescendant."

Pour Juppé, patriotisme et humanisme sont indissociables

"Le gaullisme, c'est une certaine idée de l'homme. C'est un patriotisme et un humanisme, qui font de la personne humaine, sans discrimination, le coeur de tout projet politique", explique le chiraquien, d'un ton très calme, devant plus de 1 000 militants. Et de définir, exactement comme le fera Nicolas Sarkozy quelques minutes plus tard, ce "patriotisme" par opposition au "nationalisme", qui est "une peur, un rejet". "Le patriotisme, c'est la France fidèle à son histoire, fidèle à ses valeurs, à sa culture, à son génie propre. C'est une France libre, attachée à son indépendance", ajoute-t-il. Avant d'expliquer que, pour avoir les moyens de cette indépendance, la France doit s'efforcer d'assainir ses finances publiques. L'occasion de tendre très explicitement la main aux électeurs de François Bayrou en faisant remarquer que la réponse de Nicolas Sarkozy à la lettre du candidat centriste fait "sept pages précises et détaillées", contre "deux pages seulement" pour le candidat socialiste, qu'il accuse de prôner le "matraquage fiscal" et une "conception passéiste de l'économie". Et Juppé de présenter le chef de l'État comme le candidat de la compétitivité, parce qu'il met le travail au coeur de son projet et oppose la "responsabilité individuelle" à "l'assistanat". Mais, là encore, il apporte sa petite touche personnelle, l'air de rien, en ayant une pensée pour les métiers les plus difficiles : "Soyons lucides, quand nous disons que le travail est libérateur, tout le monde ne le ressent pas ainsi. (...) Quand nous parlons de la valeur travail, nous ne devons pas seulement penser à la quantité, mais à la qualité du travail."
La semaine dernière, Alain Juppé s'était fait sévèrement tacler par Nicolas Sarkozy après avoir déclaré qu'il était prêt à "tout faire pour que l'UMP garde sa cohésion", en cas d'échec du candidat de l'UMP. "Parce que reconstituer le RPR et l'UDF, c'est dix ans d'échec pour ce qui serait alors l'opposition", avait-il déclaré. Alors, hasard ou pas, avant son traditionnel "Il n'y a pas photo, c'est Sarko qu'il nous faut !", il glisse, pour conclure son meeting lyonnais : "En politique, quand on est divisés, on perd à tous les coups !" À bon entendeur...

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