TOUT EST DIT

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lundi 30 avril 2012

Un 1er Mai sous haute tension 


C'est entendu, le 1er Mai a beau être la journée de solidarité internationale du monde du travail, il n'est pas le monopole des syndicats. Aux dernières élections présidentielles, il a d'ailleurs été un moment important de l'expression politique, pas seulement du Front national. En 2007, Ségolène Royal avait su utiliser cette date symbolique pour faire un grand meeting à Charléty, sans qu'il y ait à redire, sans débordement. D'où vient dès lors le malaise plus ou moins diffus que l'on ressent à la veille de la fête du Travail.
Trois raisons spécifiques nourrissent la perplexité, l'interrogation et parfois l'inquiétude. Première évidence : les politiques - la politique - tentent une OPA inédite sur le 1er mai 2012. Du haut de ses 17,9 % récoltés dans les urnes au premier tour de la présidentielle - alimentés pour bonne part par la désespérance ouvrière - Marine Le Pen entend évidemment pousser son avantage. Entretenir la flamme avant les législatives. Soucieux de combler le retard affiché dans les sondages et de n'avoir rien à regretter, Nicolas Sarkozy tente une ultime démonstration de force dans la dernière ligne droite avant le 6 mai. Quitte à mobiliser sur la stigmatisation de la CGT, sans nuances, et à utiliser, avant de le retirer, plusieurs jours durant, le concept discutable de « vrai travail ».
Les esprits sont à cran
Deuxième constat : les syndicats ont peu ou prou perdu le nord de l'indépendance syndicale et de l'apolitisme qui restent pourtant leur credo officiel. Certes la CGT, même depuis le désarrimage du PC, n'a jamais tout à fait caché ses préférences pour le cap à gauche toute. Bien sûr la CFDT s'est souvent enferrée dans une neutralité un peu artificielle et hypocrite. Force est de constater pourtant, qu'en 2012, les syndicats sont allés un peu plus loin dans leur engagement politique, CGT en tête. Ses dirigeants ont rompu bruyamment avec leur relative retenue habituelle, appelant à voter contre Nicolas Sarkozy sans autre forme de procès. Quitte à heurter une partie de l'opinion.
Troisième élément, ce n'est pas le plus rassurant, les esprits sont à cran. Les expressions dérapent jusqu'au plus haut niveau, la violence verbale des uns répond au dérapage sémantique des autres. L'agressivité de l'un alimente le ressentiment des autres. D'un côté le président candidat ne se cache plus derrière les précautions du début de quinquennat pour dire tout le mal qu'il pense des corps intermédiaires en général, et des syndicats en particulier. Quitte à les caricaturer et à accroître les tensions.
De l'autre côté, les syndicats estiment qu'ils ont une occasion unique, en ce 1er Mai, de solder un quinquennat qui, selon eux, aura singulièrement rétréci la démocratie sociale. Le mandat Sarkozy avait commencé dans les faux-semblants de la concertation. Il s'était poursuivi et focalisé dans l'affrontement sur la réforme des retraites en 2010. Il se termine sur un ultime bras de fer où chacun, en quelque sorte, met bas les masques. Au risque de réveiller quelques vieux démons de confrontation musclée ? C'est peu dire que les forces de police auront un rôle prépondérant dans la canalisation militante de ce 1er Mai un peu hors normes.

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