samedi 31 mars 2012
Chirac : "Personne n'a dit autant de mal de moi que Sarkozy !"
A ce dernier, il a dit combien il était "horrifié par la tuerie" commise le 19 mars dans le collège Ozar-Hatorah de Toulouse, où trois enfants ont péri. "Je tenais, en ces moments si douloureux pour la communauté juive, à vous dire mon immense peine et ma grande douleur devant un acte de barbarie inqualifiable", écrit-il, assurant Gilles Bernheim qu'il est à ses côtés "dans cette terrible épreuve".
Et soudain, c'est le président éternel qui parle : "C'est la Nation tout entière qui est endeuillée et pleure (...). Comme à chaque fois qu'elle est frappée en son coeur, la République doit se rassembler et se lever pour protéger toutes ses filles et ses fils, et lutter sans merci contre toutes les formes de terrorisme, de racisme et d'antisémitisme." Même retiré de la vie politique, même doté d'une santé chancelante et souvent absent à lui-même, il garde la force de ces mots, fussent-ils rédigés pour lui et non par lui. A chacun de ses correspondants, il a adressé quelques lignes de sa main.
Pour le reste, et en dépit des manifestations appuyées de soutien de Bernadette Chirac à Nicolas Sarkozy - "Il sera réélu", "Je suis une militante du sarkozysme" -, l'ancien président s'en va répétant qu'il votera Hollande. "Il est en dents de scie, mais il est parfaitement net et clair quand il le dit", note un ami.
En 2007, il avait confié à Pierre Péan : "Je me fous éperdument que Sarkozy ou tel autre... Je me fous de beaucoup de choses." En 2012, il a retrouvé sa virulence contre le président sortant. Alors qu'il a mis un point d'honneur, une fois élu, à ne jamais critiquer son prédécesseur François Mitterrand et qu'il s'est astreint au silence depuis cinq ans sur son successeur, il a martelé devant un visiteur familier : "Personne n'a dit autant de mal de moi que Sarkozy, vous m'entendez bien, personne !"
EMBARRASSANT AVEU
L'ancien président a-t-il jugé que son épouse était allée trop loin en assurant que le candidat socialiste n'avait "pas le gabarit d'un président" ? Toujours est-il que l'élue de Corrèze a fait machine arrière, pour le site de Nice-Matin, mercredi 28 mars : "Qu'est- ce que je vais vous dire sur François Hollande ? (...) Oublions cela. Est-ce qu'il ne vous est pas arrivé dans la vie, une fois, de dire un mot qui est un p'tit peu... trop... fort par rapport à ce qu'on pensait ?"
L'état de santé de Jacques Chirac lui permettra-t-il d'aller voter en Corrèze, dimanche 22 avril et dimanche 6 mai ? La mémoire vacillante de l'ancien président a rendu sa vie compliquée et éprouvante. Ses proches s'interrogent sur l'éventualité d'un vote par procuration. Nul doute qu'ils y voient aussi le moyen d'éviter les micros tendus à la sortie des urnes vers un embarrassant aveu.
On le voit, ces questions touchent tout le monde : elles exigent des réponses solides si l'on veut éviter l'enlisement progressif de notre pays.
Malheureusement, les élections qui devraient permettre de proposer des solutions sont l'occasion de dénigrer l'autre qu'on s'efforce de discréditer, qu'on traite, au besoin, en ennemi. Comment pourrait-on alors écouter tranquillement les arguments opposés, entretenir le nécessaire débat contradictoire, reconnaître ce que l'autre apporte de positif, s'enrichir de son point de vue ? Comment ensuite pourrait-on vraiment coopérer et travailler ensemble loyalement à l'instauration du Bien Commun ? On sème le doute dans les esprits. « Il est hélas plus facile de caricaturer la réalité pour faire 'saliver' sur les riches que d'argumenter de manière rationnelle », écrit Pierre Méhaignerie, dans le livre qu'il vient de publier, Une France forte et juste, et il ajoute : « La France doit sortir du pessimisme et d'un certain climat de méfiance sinon elle aura beaucoup de difficultés à réduire ses faiblesses... Aux petites phrases, aux conflits de personnes, je revendique le combat d'idées, la modération, l'absence de caricatures... La première exigence que l'on attend des hommes politiques est qu'ils disent la vérité. »
Un pacte incontournable : union nationale
Or, précise M. Beckouche, « la scène politique française reste dominée par un jeu théâtral de discrédit de l'adversaire, de la simplification de ses positions et de l'opposition radicale, factice... C'est ce qui empêche un consensus qui est à portée... un nouveau contrat social auquel la plupart des acteurs du pays serait prêt, pour autant qu'on n'instrumente pas les débats, qu'on laisse un minimum de temps pour la confrontation des arguments et l'appropriation collective du résultat. »
Pour Pierre Méhaignerie, « il appartient aux partis politiques de dire la vérité, de réduire les blocages, de mobiliser les énergies. » C'est en effet bien différent des petites polémiques qui nous enferment alors que « la crise est d'une telle ampleur qu'elle appelle nécessairement une remise en cause profonde ».
C'est à ce genre de remise en cause profonde qu'aboutit M. Beckouche, qui conclut, dans Libération : « Nous avons besoin, pour réussir, de la gauche réformiste, de la droite parlementaire, des Verts et des centristes... Nous avons cinq ans pour préparer un pacte dont le nom peut fasciner ou horripiler, mais qui est incontournable : une union nationale sur au moins deux mandats quinquennaux. » On le voit, les enjeux sont de taille. Saurons-nous relever, plus tôt que trop tard, les défis qui sont aujourd'hui devant nous ?
Jean-Luc côté pile, Mélenchon côté face
Sarkozy, l'homme qu'il rêve d'affronter
Jencule Méchancon |
Mais le plaisir s'arrête là. Lorsque Le Figaro , dès la mi-janvier, lui réserve une manchette flatteuse, et qu'il est interrogé sur ce fait, Mélenchon explose dans son bureau : « Non, mais vous me faites chà avec vos questions, là ! » Les baisers de l'UMP à l'endroit du Front de gauche contiennent du cyanure. Après s'être démarqué de François Hollande à l'automne 2011 et avoir consciencieusement tabassé Marine Le Pen pendant l'hiver, le candidat du Front de gauche compte réserver son printemps au président sortant.
Le concurrent socialiste, l'adversaire Hollande
Jean-Luc Mélenchon garde un attachement nostalgique au Parti socialiste, ne serait-ce qu'en raison du second mot qui compose son nom. A Clermont-Ferrand, le 14 mars, il a exigé de la salle qu'elle ne siffle pas le PS, « qui n'est pas notre adversaire, mais notre concurrent ». L'ancien responsable socialiste de l'Essonne est obsédé par ce qui se passe au PS. Dans le huis clos de sa loge, avant de monter à la tribune auvergnate, Mélenchon ne tient pas en place. Il parle de sondages, bien sûr, mais aussi de son ancien parti : « A l'idée de se répartir les postes en cas de victoire, ils sont dans tous leurs états », constate-t-il, fort des informations dont il dispose. Un commentaire dans lequel on peut lire, c'est selon, le dégoût ou l'envie.
Il n'y a, en revanche, pas de double lecture à faire du souvenir qu'a Jean-Luc Mélenchon de François Hollande : mauvais, pour l'éternité. Alors, quand ce dernier commence à se tasser dans les sondagesà « Il paraît qu'il est nerveux. Je crois surtout qu'il est fatigué », entame-t-il, en route pour Marseille, le 15 mars. « Je sais pourquoi il fatigue : il a repris 5 kilos, et l'organisme, dans ces cas-là, prend une châtaigne. » La campagne du socialiste ? « Elle suinte l'ennui. Sa ligne politique ne vaut rien. » La plume du socialiste ? « Aquilino Morelle, c'est un ami, mais il est chiant. » L'argument massue du socialiste ? « Hollande dit vote utile. Mais il lui faut quoi ? Etre en tête dès le premier tour ? Dans les enquêtes, il est entre 10 et 12 points de distance avec Marine Le Pen ! » Quand, le 6 mars, à Rouen, Jean-Luc Mélenchon se félicite d'avoir réuni en meeting plus de monde que « François », il lâche : « Il s'agit pour moi d'une revanche personnelle. »
Les journalistes, nouveaux amis, éternels ennemis
Quand il est de bonne composition, celui qui fut reporter d'un journal local dans sa jeunesse s'inquiète pour la presse. « Appuyez-vous, pour prendre vos notes », enjoint-il dans un train tremblant. Partageant un autre jour son succès actuel, il lance à sa suite médiatique : « C'est bien : maintenant, vous n'êtes plus les crevards de vos rédactions ! » Si le candidat a de l'humour, il garde également une certaine lucidité, quand les questions se font trop positives : « N'essayez pas de me cirer les pompes avec les sondages, de me faire oublier la manière dont je fais campagne. »
A l'inverse, Jean-Luc Mélenchon a gardé de sa jeunesse trotskiste l'idée qu'un viseur ne sert à rien sans cible. Récemment, Le Nouvel Observateur était un hebdomadaire « charognard » et ceux qui y travaillent des « fils deà [censuré] ». L'Express ? « Un journal d'extrême droite ». Quant à Jean Quatremer, correspondant de Libération à Bruxelles et vigilant dénonciateur de l'absentéisme de l'euro-député, il fait partie des « ennemis », à l'instar de Christophe Barbier, Jean-Michel Aphatie, le journaliste politique de RTL, et d'autres. Auteur du livre Sexe, mensonges et médias (Plon), Quatremer agace prodigieusement un candidat traumatisé à l'idée qu'on puisse s'intéresser à sa vie privée. « Méluche » l'accuse d'être « le premier à écouter dans les chiottes ».
La fatigue qui rend faible, la rage qui rend fort
Longtemps, Jean-Luc Mélenchon ne s'est pas couché de bonne heure. A la tête d'une distribution dont les personnages secondaires sont peu connus, le héros du film s'occupe de tout ou presque, depuis presque deux ans qu'il bat la campagne. « Son agenda n'est pas humain, reconnaît son conseiller, Eric Coquerel. L'idée, c'est qu'il ne soit pas surhumain. » Outre ses déplacements, la susceptibilité de son allié, le PCF, requiert aussi du temps et de l'énergie. Sa phrase décrivant, dans le Journal du dimanche, François Hollande comme « un capitaine de pédalo », avait courroucé les communistes soucieux de ménager l'avenir avec le partenaire socialiste. Au moment de l'arrestation de Dominique Strauss-Kahn, à New York, il lui a été difficile de trouver le sommeil, tant il était agité par la stupéfaction. Entretenant un rapport passionnel avec la politique, Mélenchon est un homme aux nerfs à fleur de peau, capable, dans le même après-midi, d'envoyer balader un chauffeur de taxi comme de s'arrêter dix minutes pour discuter avec une jeune fille dans la rue.
Sondages en hausse autant que salles pleines, voilà l'EPO du candidat : « On porte une ambition historique, et je ne rigole pas quand je dis ça. Ça aide à se lever le matin. » En Auvergne, le Zénith était compact, chaud, magnifique. A Paris, la Bastille était « rouge » de monde.
Peut-on transformer la liesse en avenir politique commun ? Si le Parti de gauche l'espère, le PCF, lui, temporise. Le soir du 18 mars, Jean-Luc Mélenchon, Pierre Laurent, le secrétaire national du PCF, et leurs amis ont célébré le succès de la Bastille, dans un restaurant du XIe arrondissement. Et se sont époumonés sur des refrains révolutionnaires. Mais passé le mois de mai, chanteront-ils encore ensemble ?
vendredi 30 mars 2012
Suppression de 20% des vols à Orly lundi et mardi en raison d'une grève des contrôleurs aériens
Les syndicats appelant à la grève dénoncent un plan de restructuration visant à fermer "la moitié des services de contrôle d'approche en France métropolitaine avec leurs services supports et de maintenance, la totalité des services régionaux d'information de vol et une partie du contrôle d'aérodrome". L'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle ne devrait pas connaître de perturbation du trafic.
Vendredi, un appel à la grève de certains syndicats d'Air France avait eu un impact très faible sur le trafic, limité à quelques retards. La CGT, la CFDT et l'Unsa de l'aviation civile ont déposé un préavis de grève pour lundi et mardi afin de s'opposer à un plan de restructuration des services de contrôle aérien de province, qui impliquerait à terme une diminution des effectifs. Selon la DGAC, l'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle ne sera pas touché. Des agents seront grévistes dans les aéroports de province concernés par une réforme de l'organisation du travail, mais aussi des agents d'Orly ou de centres régionaux de contrôle de navigation en vol, a précisé la DGAC. Les syndicats appelant à la grève dénoncent un plan visant à fermer "la moitié des services de contrôle d'approche en France métropolitaine avec leurs services supports et de maintenance, la totalité des services régionaux d'information de vol et une partie du contrôle d'aérodrome".
Les services chargés de la sécurité et du contrôle du trafic aérien dans des villes comme Mulhouse, Biarritz, Metz-Nancy ou encore Beauvais sont "directement menacés de délocalisation ou de fermeture", avance l'Usac-CGT, qui déplore également que la politique de la DGAC fasse "peser de lourdes menaces sur les conditions de travail des agents en organisant le sous-effectif". Le SPAC-CFDT (syndicat CFDT des personnels de l'aviation civile) appelle également à la grève pour demander à la direction de cesser d'appliquer "de manière aveugle" la Révision générale des politiques publiques (RGPP), soit le non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant en retraite, fait "sur le dos des conditions d'emploi des personnels et des services". Maurice Georges, directeur des services de la navigation aérienne, a expliqué vendredi à l'AFP la volonté de la DGAC de "réorganiser le contrôle aérien afin d'améliorer le service et d'optimiser toutes ses ressources". "On a fait ce type de réorganisation depuis 20 ans, un peu au fil de l'eau, mais là, on voudrait avoir une vision plus globale jusqu'en 2020", a précisé Maurice Georges.
Le contrôle aérien est effectué à trois niveaux, selon ce responsable de la DGAC: dans plus de 80 tours de contrôle en France, dans l'un des cinq centres régionaux de contrôle en vol (Paris, Brest, Reims, Aix-en-Provence et Bordeaux) et dans une trentaine d'aéroports pour le contrôle d'approche. "C'est ce troisième type de contrôle que nous voulons réorganiser en faisant des centres plus grands mais sur un nombre moins important d'aéroports", a indiqué Maurice Georges. Après cet appel à la grève, "nous avons mis en oeuvre les dispositions du service minimum prévu par la loi de 1984 et donc des réquisitions", a dit le directeur de la navigation aérienne. "Il y aura des perturbations, car le service minimum ce n'est pas d'astreindre tous les contrôleurs, mais seulement un certain nombre en fonction d'un bon équilibre entre le droit de grève et le service minimum prévu par la loi", a ajouté Maurice Georges. "Nous avons aussi demandé aux compagnies aériennes de réduire leur programme de vol vers Orly de 20%", a-t-il ajouté.
Présidentielle : Sarkozy sent la victoire et s'amuse
"Mon dieu il est encore en campagne!"
« Tout d'un coup, certains qui étaient tout contents de faire campagne quand ils étaient tout seuls, ils trouvent que c'est plus compliqué quand je suis là.... Oui mais je suis là! », a-t-il lancé, bravache, à une salle ravie. Mais « soyons indulgents pour eux... Imaginons ce qui se passe dans leur tête (…) Imaginez la migraine: tous les matins ils doivent se dire: "mon dieu il est encore en campagne!" »Pourtant, avant qu'il soit officiellement candidat, « on m'a dit: "c'est fini! Vous avez perdu (...) C'est pas la peine d'y aller M'sieur Sarkozy..."(…) J'ai dit "ha bon? Mais je suis pas encore candidat!" ». Et d'évoquer une Une de Libération dans laquelle François Hollande affirmait imprudemment être « le prochain » président : « Ha? (…) c'est plus les Français qui décident? On s'auto-désigne? ».
"Le petit club des socialistes heureux"
Sarkozy s'est aussi moqué des primaires socialistes de l'automne 2011, avec « Ségolène qui voulait battre François qui voulait battre Martine et qui était pas soutenu par Laurent... ». Les socialistes « discutaient entre eux, en famille. Les sondages leur promettaient une réussite extraordinaire; je me disais: "pourquoi ils font pas 100% tant qu'ils y sont?" », a-t-il ironisé. « Et puis je me rappelais: "quand même, je suis président de la République!" Ils m'avaient oublié... ».Nicolas Sarkozy a fustigé ce « petit club de socialistes heureux, heureux de se regarder le nombril (...) La crise n'existait pas, l'Europe n'existait pas, le monde n'existait pas, il n'y en avait plus que pour eux... ». Et d'appeler ses partisans à écrire « la plus formidable histoire de la vie politique récente », celle « d'une majorité silencieuse qui ne veut pas se laisser faire ». Comprendre: celle de sa victoire le 6 mai prochain.
....LE VRAI DÉBAT N'EST PAS LÀ.
Hollande veut "s'inspirer" de Mitterrand, le cloner surtout.
Attention au pantalon !!!! |
"Je suis le candidat de la gauche de changement"
"Je ne méconnais pas l'influence d'autres candidatures"
Le Crépuscule des intellectuels
Pour l'écrivain Mircea Cărtărescu, depuis la chute du
communisme, la société roumaine a produit du mauvais goût, de la
violence physique et verbale, du racisme et du sexisme. Et tandis qu’un
nouveau populisme émerge via les médias, les intellectuels, eux,
n’arrivent plus à se faire entendre.
Je me demande pourquoi la société roumaine produit des personnalités
d'une telle discordance... J'ai voyagé ci et là et j'ai vécu plusieurs
années dans quelques pays occidentaux. Mais je ne peux pas dire que je
connais ces mondes aussi bien que la Roumanie, que je connais à tort
et à travers.
Ce qui ne signifie pas que le peuple roumain n’est pas harmonieux en soi-même. Je l'ai toujours dit: notre peuple est composé d'une grande masse de gens de bon sens, bons et intelligents, mais dont la voix n'arrive pas à percer pour se faire entendre.
Nous avons en revanche une petite fraction très vocale, une masse cacophonique d'individus avec des problèmes évidents de positionnement par rapport au monde.
Les monstrueux égoïstes
Cette fraction est celle qui choque. Et pas seulement qui nous choque nous, Roumains, mais aussi ceux qui nous rendent visite ou qui entrent pour la première fois en contact avec nous, sur place ou à l'étranger.Ces Roumains-là donnent l'impression que nous sommes tous semblables. Ils sont ceux qui méprisent la loi, parce qu'ils méprisent les gens. Ils sont les monstrueux égoïstes.
Ils sont ceux qui changent sans sourciller le blanc en noir et le noir en blanc. On tombe sur eux partout: dans la vie politique, parmi les "vedettes" de télévision, sur les forums, dans les stades, chez les voisins.
On ne peut pas s'empêcher à un moment donné de se demander pourquoi et comment notre société produit tant de grossièreté, de violence extrême, physique et de langage, de sexisme, de racisme et tous les autres ingrédients qui vont de pair.
Historiquement, je pense que les racines de ce phénomène sont très profondes. Dans l'histoire moderne, le communisme a joué, bien sûr, un rôle essentiel. Par le retournement social qu'il a causé, il a aussi provoqué un énorme retournement de mentalités : il a propagé la haine de classe, il a détruit la mince couche de civilisation dont on jouissait, il a porté au pouvoir des gens non-éduqués et non-civilisés.
Aujourd'hui, leurs héritiers utilisent la plus grande conquête, peut-être, de l'ère post-décembriste [la Révolution de décembre 1989, qui a marqué la fin de l’époque communiste], le droit à la parole, en tant que redoutable tremplin. Ils ont tous retrouvé la voix, mais ceux qu’on entend le plus sont les méchants, ceux à la voix stridente.
Un monde inculte et barbare
Nous voyons tous les jours comment les grands hommes de culture sont harassés, comme des cerfs cernés par une meute de loups, par des individus qui n'ont ni l'autorité morale, ni la compétence pour le faire.Des individus qui ne les lisent pas, qui les haïssent intensément, parce qu'ils voient dans leur popularité leur propre échec humain et professionnel.
De même, nous voyons tous les jours, comment un petit nombre de gens, par l'injure et le bâton, chassent progressivement des débats les gens civilisés, qui auraient aimé utiliser la liberté d'expression pour échanger calmement des idées.
Il s'érige aujourd'hui en Roumanie pour bientôt arriver au pouvoir, non pas la classe moyenne, éduquée et active, dont nous rêvons tous, mais un nouveau populisme [Plusieurs partis populistes sont apparus en Roumanie, dernièrement comme PPDD – le Parti du Peuple], aux côtés duquel celui de la dernière décennie semblera n'être qu'un mouvement d'amateurs.
Le crépuscule des intellectuels ne devrait réjouir personne. Il signifie le crépuscule de l'éducation et la transformation de notre monde en un endroit inculte et barbare. Nous ne lisons plus et nous ne pensons plus, nous laissons les chaînes de télévision décider ce que nous aimons et de ce que nous n'aimons pas. Nous avons le sentiment amer d'avoir raté la grande chance de la démocratie, d'avoir avili cette idée – comme nous l'avions fait pour celle de l'égalité, à l’époque du communisme.
Dans une présidentielle, la dynamique compte autant que les intentions de vote. Nicolas Sarkozy le vérifie à son profit, François Hollande à ses dépens. Même si un sondage ne fait pas l'élection - le candidat socialiste reste le favori final - le resserrement des tendances relance le suspense.
Il est toujours difficile de gérer une avance. Donné trop facile vainqueur depuis trop longtemps, François Hollande ne pouvait que baisser jusqu'à voir sa courbe rejoindre celle de son principal rival. Pour ne pas accélérer la glissade et éviter ce moment psychologiquement sensible, il s'en tient à son projet, évite la moindre faute, mais reste immobile.
Cette manière de préserver son capital, un temps efficace, ne l'est plus. Pourquoi ?
Depuis le discours du Bourget, François Hollande ne dit presque plus rien de remarquable. À l'exception du 75 % d'impôt pour les plus riches, sa campagne manque de marqueurs. À l'inverse, Nicolas Sarkozy, qui n'a certes pas de projet global, martèle des thèmes qui frappent et flattent.
L'impression d'immobilisme du candidat socialiste est renforcée, par effet de contraste, par l'énergie de Jean-Luc Mélenchon.
D'un côté, François Hollande ne peut pas gauchir son discours sans effrayer les centristes, dont il aura besoin au second tour. Nicolas Sarkozy, qui sait appuyer là où ça fait mal, se plaît d'ailleurs à flatter les talents du candidat du Front de Gauche.
De l'autre, le même François Hollande, pourtant conscient des périls financiers du pays, n'ose pas critiquer le projet, fantaisiste à ses yeux, de Jean-Luc Mélenchon, par crainte de s'aliéner son électorat. Compliqué.
Mélenchon atout ou... obstacle
Quand on n'est pas le favori, on n'a pas à se poser cette question tactique : il faut attaquer, attaquer toujours. C'est ce qui donne plus de liberté et de combativité à Nicolas Sarkozy. Le président sortant profite, en outre, du retrait de tous les compétiteurs de la majorité. Et du drame de Toulouse qui l'a représidentialisé et qui a occulté, un temps, le débat sur le bilan et le projet.
Dans ces conditions, c'est bien la moindre des choses qu'une dynamique s'installe à droite. Compte tenu de reports potentiels qui ne sont pas illimités, il faudrait, pour que Nicolas Sarkozy puisse espérer gagner, qu'elle s'amplifie largement.
François Hollande, quoique proche du niveau de Ségolène Royal en 2007, dispose de réserves plus assurées. Jean-Luc Mélenchon capitalise mieux que les petits candidats de gauche, il y a cinq ans. Tant qu'il accroît le poids de son camp, il contribue à sa victoire. Mais s'il devient un épouvantail pour les électeurs de François Bayrou, il peut aussi le faire perdre. Mélenchon atout ou... obstacle.
Pour autant, François Hollande ne peut pas camper sur son immobilisme. S'il y a toujours une majorité de Français à rejeter Nicolas Sarkozy, on ne peut pas dire que l'on sent un enthousiasme fou pour le candidat corrézien. Celui-ci n'a pas commis de faute et a bien accompagné l'épisode délicat de Toulouse, mais il n'a plus rien fait qui crée de l'envie.
Alors que les compétiteurs sont fatigués et que la règle du temps de parole interdit de monopoliser le débat, cette alerte rose donne le coup d'envoi d'une autre phase de la campagne.
L’avenir, c’est le vent, le whisky et le pétrole
Alors que l'Ecosse doit se prononcer sur son éventuelle
indépendance en 2014, la possession des champs de pétrole en mer du Nord
pourrait en faire un des pays les plus riches du monde. Extraits.
"It's Scotland's oil" ["C'est le pétrole de l'Ecosse",
référence au "it's the economy" de la campagne de Bill Clinton] est
aujourd'hui l'un des slogans politiques les plus populaires dans le
pays. Lancée pour la première fois en 1974 par le Scottish National
Party (SNP), l'idée que l'Ecosse "possède" jusqu'à 90% des réserves
pétrolières de la mer du Nord a toujours été l'une des principales
doléances des nationalistes.
Alors qu'Alex Salmond doit préparer le pays à se prononcer sur son
indépendance d'ici deux ans, cette idée pourrait fort bien devenir un de
leurs principaux arguments de campagne. Pour les nationalistes
écossais, l'avenir du Royaume-Uni pourrait se jouer sur cette
question-là.
Depuis que l'on connaît le potentiel de richesse lié à
l'exploitation du pétrole de la mer du Nord, le SNP affirme que les
gouvernements successifs de Westminster n'ont fait que dilapider ces
revenus.
L'exemple de la Norvège
Les nationalistes prennent notamment l'exemple de la Norvège : ce pays, dont la population de presque cinq millions d'habitants équivaut à peu près à celle de l'Ecosse, a économisé l'essentiel de ses revenus pétroliers pour l'investir dans le système de retraite national, aujourd'hui premier fonds souverain européen avec 3300 millions de couronnes norvégiennes [434 milliards d'euros].D'après le SNP, si l'on trace une ligne vers l'est à partir de la frontière anglo-écossaise, au nord de Berwick, la répartition des eaux territoriales donnerait à l'Ecosse le contrôle de presque toutes les réserves pétrolières et gazières de la mer du Nord.
Aujourd'hui, le gouvernement écossais peaufine son argumentaire pour revendiquer ces 90% d'exploitations pétrolières en même temps qu'il prépare le référendum sur l'indépendance.
D'après ses calculs, le pétrole de la mer du Nord devrait générer environ 54 milliards de livres sterling [64 milliards d'euros] sur les cinq prochaines années. En tant qu' "actif", le pétrole de la mer du Nord est estimé à mille milliards de livres sterling [1 119 milliards d'euros], toutes réserves comprises.
D'après Salmond, cette richesse pétrolière, cumulée avec le fort potentiel de production d'énergie éolienne et marémotrice ainsi que d'autres industries nationales comme le whisky, pourrait placer l'Ecosse au sixième rang des pays de l'OCDE, loin devant le reste du Royaume-Uni en 15e position.
Salmond devra toutefois rassurer les spécialistes du secteur qui se demandent si l'Ecosse pourra offrir les mêmes garanties que le Royaume-Uni en terme d'influence internationale, de réglementation et de politique fiscale.
L'indépendance dans la balance des pétroliers
Pour les experts, les sociétés pétrolières et d'ingénierie impliquées dans l'exploitation du pétrole de la mer du Nord vont peser le pour et le contre d'une indépendance de l'Ecosse. Ces sociétés pourraient notamment avoir à jongler entre deux régimes fiscal et réglementaires différents: le Royaume-Uni possède des services sanitaires et environnementaux contrôlés par Whitehall. L'Ecosse n'a pas encore créé les siens.Indépendante, l'Ecosse serait également un des plus petits pays membres de l'Union européenne (EU). A ce titre, on peut se demander si elle aura les moyens de rivaliser avec l'influence politique du Royaume-Uni vis-à-vis de Bruxelles et sur la scène internationale.
Il y a aussi le problème des licences d'exploration à long terme que le gouvernement britannique a accordé aux entreprises. La plupart sont prévues pour une durée de trente ans. Comment faudrait-il les transférer?
On peut également s'interroger sur les capacités de défenses de l'Ecosse pour protéger ses plates-formes pétrolières. Le gouvernement d'Edimbourg aura-t-il les moyens d'entretenir une flotte capable de parer une attaque terroriste?
Les sociétés pétrolières pourraient toutefois aussi s'attendre à un régime fiscal plus avantageux en cas d'indépendance de l'Ecosse. Les revenus pétroliers représenteraient en effet une part bien plus importante dans l'économie d'une Ecosse indépendante que dans celle du Royaume-Uni aujourd'hui.
Si les chiffres varient d'année en année, on estime que les revenus du pétrole et du gaz représentent environ 2% du PIB du Royaume-Uni. Selon les calculs des autorités écossaises, ce chiffre passerait à 12% si le pays devenait indépendant.
40% des réserves non exploitées
En matière d'énergies renouvelables, Salmond s'est également fixé un objectif ambitieux: être capable de couvrir 100% de la demande nationale en électricité à partir de 2020 (en cas de conditions favorables).Deux centrales nucléaires et les centrales à charbon existantes seront maintenues pour palier les baisses de production. Charles Hendry, le ministre britannique de l’Energie, a soulevé toutefois un problème: si l'Ecosse est indépendante en 2014, elle ne pourra plus bénéficier des subventions britanniques pour le secteur des énergies renouvelables.
Les Ecossais devront payer leurs infrastructures pour l'exportation et l'importation d'énergie. Ils se retrouveront également en concurrence avec les fournisseurs français, irlandais et norvégiens.
Ainsi que le porte-parole du secrétaire écossais aux Finances, John Swinney, l'a déclaré: "Alors que la dette nationale du Royaume-Uni a pour la première fois atteint les mille milliards de livres sterling [1190 milliards d'euros], l'Ecosse possède mille milliard de livres sterling avec le pétrole de la mer du Nord, dont 40% des réserves n'ont pas été exploitées. Alors que le prix du baril de pétrole devrait dépasser les 200 dollars, ces chiffres montrent combien il est urgent pour l'Ecosse de contrôler ses ressources pour le bénéfice du pays à long terme ".
jeudi 29 mars 2012
Le Monde , cible récurrente de Sarkozy
Une intervention dans la reprise du Monde
"L'argent, je ne l'ai pas hérité"
Présidentielle : Sarkozy promet "une surprise
Le candidat poursuit sa remontée spectaculaire et rêve tout haut de
créer "la plus grande surprise électorale de la Ve République".
On le croyait définitivement à terre, le nez dans la poussière,
inerte et, de surcroît, promis aux Enfers. Et voici qu'à la faveur d'une
série de sondages inespérés, où il tutoie les 30 % d'intentions de vote
au premier tour de la présidentielle, Nicolas Sarkozy bouge encore.
On s’en doutait. Qu’il se rassure, ce candidat sans divertissement, son rival non plus. M. Sarkozy a beau disposer sur son bureau les titres les plus accrocheurs et réciter par coeur les Cahiers du cinéma, il restera l’homme qui a renvoyé la princesse de Clèves aux poubelles de l’histoire. Et c’était mieux ainsi. Il y avait quelque chose de sympathique chez cet homme qui ne craignait pas de révéler que lire lui cassait les pieds. J’avoue que je ne l’ai pas vu sans regret s’appliquer, comme Jacques Chirac en son temps, à rejoindre le général de Gaulle et François Mitterrand à l’étage supérieur des présidents nourris de littérature, d’histoire et de géographie. Notez que Chirac avait astucieusement choisi les arts primitifs, qu’il devait rebaptiser arts premiers, parce que l’on pouvait en dire n’importe quoi ; c’était une science neuve qu’il n’y avait qu’à inventer. Son successeur en choisissant les lettres est obligé de reprendre tout le programme du Moyen Âge à nos jours, d’aller en une heure de Christine de Pisan à Michel Houellebecq, puisqu’on l’apprend dans les écoles. Je comprends Hollande qui s’est affranchi du roman et ne cite que des philosophes du XVIIIe siècle. Avec ces grands bavards, on peut affronter n’importe quelle campagne électorale.
Le général de Gaulle adorait Henry Bordeaux, Georges Pompidou l’Aurélien d’Aragon, Valéry Giscard d’Estaing les odeurs mouillées de Maupassant. Et Roger Nimier, dont ce sera bientôt le cinquantenaire de la mort, en a fait le Robert de Cheverny des Enfants tristes.