TOUT EST DIT

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ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

samedi 31 mars 2012

Je vole, tu voles… 


« voler pour gagner de l’argent ». Il ne s’agit pas d’une injonction. Ni d’un conseil. C’est un cri. Venu de Grèce, où ces mots sont tagués sur les murs.
Bien que d’un lointain écho, cet appel à rébellion nous est compréhensible. Et choque en tant que tel. Parce qu’il n’est pas question de voler pour manger, s’habiller, se loger. Le but est clairement de « gagner de l’argent ». Constat numéro un : à nos besoins élémentaires s’ajoute l’absolue nécessité du gain monétaire.
On frémit à ce slogan, aussi, pour sa subversion explicite. Comme si étaient placées en équivalence l’immoralité de voler et celle de gagner de l’argent. Sans doute traduit-il le désenchantement suscité par des inégalités de plus en plus appuyées. Les masses qui se sacrifient en Grèce, se révoltent en Espagne, se serrent la ceinture en Grande-Bretagne, forment un contraste saisissant avec un pays comme l’Allemagne et ses airs de gagnant au Loto du commerce extérieur. Constat numéro deux : le désespoir qui monte chez les plus mal lotis ne les rend sûrement pas moins envieux, ni aveugles.
Enfin, le slogan grec du « Voler pour gagner de l’argent » a ceci de gênant qu’il ravale des projets politiques au rang de mièvreries passagères, voire de bluettes circonstancielles. En ces périodes électorales, les « travailler moins » de la gauche, ou les « travailler plus » de la droite, livrent un rapport un poil plus distant à la question des revenus, presque poétique. Troisième et dernier constat : l’argent finit par acquérir une dimension révolutionnaire.
Perdues ou pas, les causes de la Grèce, de l’Espagne, ou de tous les faillibles suivants, vont bien au-delà d’un slogan. Avant, l’Europe était une fédération d’État. C’est devenu une collection de notes financières. Avant, habitaient sur ce continent des Européens. Maintenant y vivent surtout des débiteurs. À l’image de la France qui préserve sa balance publique. Mais au prix de quoi ? L’endettement, encore…

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