TOUT EST DIT

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vendredi 30 mars 2012

L’erreur

 Huit millions deux cent mille personnes, en France, sont pauvres. C’est l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale (ONPES) qui l’affirme dans son dernier rapport.Concrètement, cela veut dire qu’en 2009 (derniers chiffres connus), 13,5 % de la population vivaient avec un niveau de vie inférieur à 60 % du niveau de vie médian (954  € pour une personne seule). C’est l’indicateur le plus communément admis en Europe pour « mesurer » la pauvreté.Ce taux grimpe-t-il ?Oui, si on compare 2009 à 2008 (13 %). Non, si on le rapproche du taux de 1970 (17,9 %).De fait, comme pour toute série statistique, il vaut mieux, avant tout commentaire savant, regarder loin en arrière, et dans la durée. Selon l’INSEE, ce taux de pauvreté a baissé dans les années soixante-dix, puis est remonté dans les années quatre-vingt-dix. Depuis une décennie, il oscille entre 12,6 % et 13,6 %.La pauvreté est-elle donc stabilisée ?Oui, si l’on reste à la surface des courbes. Mais non, si l’on creuse un peu. Car dans ces pauvres, nous explique l’ONPES, les plus pauvres sont de plus en plus nombreux — ceux qui cumulent les difficultés d’emploi, de logement, d’éducation, de santé, ne s’en sortent pas et ne rêvent même plus d’en sortir leurs enfants.C’est la troisième leçon des statistiques — et le troisième risque d’erreur. Il faut regarder derrière. Derrière les chiffres, il y a des hommes, des femmes, des enfants. Qui mangent mal, qui se soignent mal, qui sont mal logés, qui vivent mal, dans la peur du lendemain.Ceux-là sont donc 8 200 000, qu’on voit plus souvent à Pôle Emploi, à Caritas, au Secours populaire, aux Restos du cœur, dans les services sociaux, que dans les studios de télévision ou dans les Palais de la République. Huit millions deux cent mille citoyens pauvres dans un pays riche. Là aussi, cherchez l’erreur.

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