TOUT EST DIT

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vendredi 30 mars 2012

Alerte rose


Dans une présidentielle, la dynamique compte autant que les intentions de vote. Nicolas Sarkozy le vérifie à son profit, François Hollande à ses dépens. Même si un sondage ne fait pas l'élection - le candidat socialiste reste le favori final - le resserrement des tendances relance le suspense.
Il est toujours difficile de gérer une avance. Donné trop facile vainqueur depuis trop longtemps, François Hollande ne pouvait que baisser jusqu'à voir sa courbe rejoindre celle de son principal rival. Pour ne pas accélérer la glissade et éviter ce moment psychologiquement sensible, il s'en tient à son projet, évite la moindre faute, mais reste immobile.
Cette manière de préserver son capital, un temps efficace, ne l'est plus. Pourquoi ?
Depuis le discours du Bourget, François Hollande ne dit presque plus rien de remarquable. À l'exception du 75 % d'impôt pour les plus riches, sa campagne manque de marqueurs. À l'inverse, Nicolas Sarkozy, qui n'a certes pas de projet global, martèle des thèmes qui frappent et flattent.
L'impression d'immobilisme du candidat socialiste est renforcée, par effet de contraste, par l'énergie de Jean-Luc Mélenchon.
D'un côté, François Hollande ne peut pas gauchir son discours sans effrayer les centristes, dont il aura besoin au second tour. Nicolas Sarkozy, qui sait appuyer là où ça fait mal, se plaît d'ailleurs à flatter les talents du candidat du Front de Gauche.
De l'autre, le même François Hollande, pourtant conscient des périls financiers du pays, n'ose pas critiquer le projet, fantaisiste à ses yeux, de Jean-Luc Mélenchon, par crainte de s'aliéner son électorat. Compliqué.
Mélenchon atout ou... obstacle
Quand on n'est pas le favori, on n'a pas à se poser cette question tactique : il faut attaquer, attaquer toujours. C'est ce qui donne plus de liberté et de combativité à Nicolas Sarkozy. Le président sortant profite, en outre, du retrait de tous les compétiteurs de la majorité. Et du drame de Toulouse qui l'a représidentialisé et qui a occulté, un temps, le débat sur le bilan et le projet.
Dans ces conditions, c'est bien la moindre des choses qu'une dynamique s'installe à droite. Compte tenu de reports potentiels qui ne sont pas illimités, il faudrait, pour que Nicolas Sarkozy puisse espérer gagner, qu'elle s'amplifie largement.
François Hollande, quoique proche du niveau de Ségolène Royal en 2007, dispose de réserves plus assurées. Jean-Luc Mélenchon capitalise mieux que les petits candidats de gauche, il y a cinq ans. Tant qu'il accroît le poids de son camp, il contribue à sa victoire. Mais s'il devient un épouvantail pour les électeurs de François Bayrou, il peut aussi le faire perdre. Mélenchon atout ou... obstacle.
Pour autant, François Hollande ne peut pas camper sur son immobilisme. S'il y a toujours une majorité de Français à rejeter Nicolas Sarkozy, on ne peut pas dire que l'on sent un enthousiasme fou pour le candidat corrézien. Celui-ci n'a pas commis de faute et a bien accompagné l'épisode délicat de Toulouse, mais il n'a plus rien fait qui crée de l'envie.
Alors que les compétiteurs sont fatigués et que la règle du temps de parole interdit de monopoliser le débat, cette alerte rose donne le coup d'envoi d'une autre phase de la campagne.

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