TOUT EST DIT

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dimanche 11 décembre 2011

"Poutine et Russie unie sont allés trop loin"

C'est le point d'orgue d'une semaine de manifestations en Russie. Mobilisés contre le résultat des législatives du 4 décembre, remportées par le parti "Russie unie" mais entachées de fraudes, des dizaines de milliers d'opposants au premier ministre Vladimir Poutine se sont rassemblés, samedi 10 décembre, à Moscou et en province.

>> Lire l'éclairage de notre correspondante : "Le régime russe a des raisons de s'inquiéter"
Malgré les intimidations du gouvernement (les débordements seront réprimés "par tous les moyens légitimes" a prévenu jeudi Vladimir Poutine), des dizaines de milliers de personnes se sont réunis à Moscou, pour dénoncer les résultats du scrutin. La police, citée par l'agence de presse Ria Novosti, a évalué le nombre des manifestants à 25 000. L'opposition, elle, avance des chiffres allant de 50 000 à 80 000 personnes. L'estimation semble plausible : la place Bolotnaïa, dans le centre de Moscou, où pouvaient se rassembler 30 000 personnes selon les autorités, était pleine au point la foule débordait largement sur les ponts enjambant la Moskova, les quais et les esplanades adjacents.
"NOUS SOMMES LE PEUPLE !"
D'après Alexandre Billette, un des correspondants du Monde sur place, nombreux, parmi les protestataires, descendaient dans la rue pour la première fois. C'était le cas d'Igor Stepouchkine, un juriste de trente ans, venu manifester "pour que le Kremlin laisse l'opposition exister". "Pas question d'appeler à la révolution, a-t-il expliqué, mais Poutine et 'Russie Unie' sont allés trop loin dans la fraude et le monopole du pouvoir."
Dans la foule, des milliers de jeunes alertés via Facebook et vKontakte (réseau social très populaire en Russie) côtoyaient des personnes plus âgées.
Dans la foule, des milliers de jeunes alertés via Facebook et vKontakte (réseau social très populaire en Russie) côtoyaient des personnes plus âgées. AP/Mikhial Metzel

"Rendons au pays les élections !", "Exigeons un nouveau comptage des voix !", "La Russie sans Poutine !", pouvait-on lire sur les banderoles. A la tribune, se sont succédé des représentants de l'opposition, un mélange disparate allant de l'extrême gauche aux libéraux en passant par le mouvement nationaliste "Les Russes". "Vladimir Poutine et Dmitri Medvedev ont fait une découverte très désagréable pour eux aujourd'hui. La Russie a un peuple", a déclaré Sergueï Mitrokhine, chef du parti libéral d'opposition Iabloko. "Nous sommes le peuple !", lui a répondu la foule.
Une lettre du blogueur Alexeï Navalny, condamné à quinze jours de prison après avoir manifesté le 5 décembre, a été également lu par les organisateurs du mouvement.
>> Lire : L'encombrante popularité du blogueur Alexei Navalny
Dans la foule, des milliers de jeunes alertés via Facebook et vKontakte (réseau social très populaire en Russie) côtoyaient des personnes plus âgées. Du jamais vu depuis la manifestation de 2001 contre le rachat par Gazprom de la chaîne de télévision privée NTV, symbole de la liberté d'expression des années 1990. A l'époque, 20 000 personnes s'étaient rassemblées place Pouchkine.

>> Lire : Contestation en Russie : le systême" se fissure
LE CENTRE VILLE DE MOSCOU BOUCLÉ
Le centre de la capitale était quadrillée par une concentration sans précédent de forces de l'ordre, avec des centaines de camions de policiers anti-émeutes et de fourgons cellulaires, de part et d'autre du Kremlin, aux accès de la Place Rouge, près du siège du FSB (ex-KGB) sur la place de la Loubianka, jusqu'à la Place Pouchkine et sur un pont franchissant la Moskova. Un hélicoptère survolait également le centre-ville à basse altitude.

Le centre de la capitale était cadrillée par une concentration sans précédent de forces de l'ordre.
Le centre de la capitale était cadrillée par une concentration sans précédent de forces de l'ordre.AFP/ANGREY SMIRNOV
Manifestants et forces de l'ordre se sont néanmoins fait face pacifiquement. "L'événement 'Pour des élections justes' s'est déroulé sans excès", notait pour sa part le site de la chaîne officielle d'information en continu Rossia 24, qui a ouvert l'édition de 19 heures de son journal sur le mouvement de protestation. Les jours précédent, l'antenne s'était abstenue d'évoquer les rassemblements de l'opposition.

À Saint-Pétersbourg, la police a évalué à 10 000 le nombre des protestataires, rassemblés en début d'après-midi, sur la place Pionnierskaïa dans le centre de l'ex-capitale impériale. Plus tôt dans la journée, des manifestations s'étaient également tenues dans les villes de l'Extrême-Orient du pays. "Annulez les résultats des élections!" et "Les falsificateurs en prison !", réclamaient environ 500 manifestants à Vladivostok, le port russe de la côte Pacifique, à sept fuseaux horaires de Moscou.
A Khabarovsk, une autre ville importante de la région, 400 personnes ont manifesté et environ 50 personnes ont été interpellées, selon un responsable du parti communiste. Des défilés, rassemblant entre des centaines et des milliers de personnes, ont également été signalées notamment à Blagovechtchensk, Tchita, Tomsk, Barnaoul, Orenbouret, Kemerovo et Oulan-Oudé (villes de Sibérie), de même qu'à Tcheliabinsk dans l'Oural.

Le meeting de l'opposition russe à Vladivostok, le 10 décembre.
Le meeting de l'opposition russe à Vladivostok, le 10 décembre.REUTERS/YURI MALTSEV
Pendant ce temps, le Journal officiel russe publiait, samedi, les résultats officiels des élections, confirmant la victoire du parti au pouvoir Russie unie avec 49,32 % des voix et une majorité absolue de 238 mandats sur 450 à la Douma (chambre basse).
>> Écouter la retrospective de notre correspondante : "En Russie, le face-à-face de l'opposition et du système Poutine"

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