TOUT EST DIT

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dimanche 11 décembre 2011

En Russie, de nombreuses voix s'élèvent pour dénoncer les fraudes électorales

Moscou Correspondante - Près de 5 000 manifestants, des jeunes surtout, ont défilé, lundi soir 5 décembre, dans les rues de Moscou, pour protester contre les fraudes électorales aux législatives et réclamer le départ de Vladimir Poutine du pouvoir. L'appel à manifester avait couru sur les réseaux sociaux toute la journée. Pour une fois, la manifestation était autorisée.

Selon des résultats quasi définitifs, Russie unie, le parti du premier ministre Poutine, a recueilli lors du scrutin, dimanche 4 décembre, 49,5 % des suffrages - contre 64 % il y a quatre ans -, soit 238 des 450 sièges que compte la Douma, la chambre basse du Parlement. C'est le plus mauvais résultat électoral de M. Poutine depuis son arrivée au pouvoir en 2000, Russie unie ayant perdu 13 millions de voix par rapport aux législatives de 2007.
Les observateurs russes n'ont cessé de dénoncer des falsifications à tout-va, films et documents à l'appui. "Il s'agit des élections les plus sales que j'ai jamais vues", a constaté Lilia Chibanova, directrice de l'ONG Golos. Même son de cloche des observateurs européens, affligés par "les bourrages d'urnes" et "l'ingérence de l'Etat à toutes les étapes du processus électoral". Le Kremlin nie. Le président Dmitri Medvedev, estimant que le scrutin avait été "équitable et démocratique", s'est réjoui de la nouvelle composition de la Douma : "Ça sera un Parlement joyeux.".
Le rassemblement de lundi soir, du jamais-vu à Moscou - la "ville des nantis" - en dit long sur la désillusion ambiante. Aux cris de "Révolution !" et de "Poutine voleur !", les manifestants ont réussi à percer le cordon des forces de l'ordre. Décidée à marcher sur le Kremlin, la foule en a été empêchée par les "cosmonautes" (les forces antiémeute). Près de 300 personnes ont été interpellées.
Parmi les jeunes qui défilaient, beaucoup ont donné leur voix aux communistes, aux sociaux-démocrates et aux ultranationalistes, non par conviction mais pour protester contre Russie unie. Voter pour les formations assurées de franchir le seuil de représentativité (7 % des suffrages), tel était le réflexe.
"Voleurs et escrocs"
Selon le système proportionnel en vigueur en Russie, les voix des partis qui ont recueilli moins de 7 %, de même que les bulletins de votes non valables, sont répartis entre les formations gagnantes. C'était donc à qui ne donnerait pas sa voix à Russie Unie. Pourquoi ? "Parce que ce parti a un tchékiste (membre des services de sécurité) à sa tête. C'est pas suffisant ?", affirme Varia, la trentaine. "Russie unie m'agace. Ça n'est pas un parti mais un rassemblement de "voleurs et d'escrocs" comme on dit aujourd'hui. Voleur, passe encore, mais ils ont zéro idée sinon celle de se maintenir au pouvoir", explique Marc, 25 ans. Sacha, 27 ans, renchérit : "J'aime mon pays, je veux que mes enfants grandissent ici et non en Grande-Bretagne. Mon mari est anglais, il est choqué de ce qui se passe. Moi j'ai honte. Je ne veux pas que Poutine reste. Je veux que la Russie soit libre, choisisse enfin la vérité."
Les mensonges éhontés des autorités agacent. Les jeunes qui voyagent, lisent et surfent sur le Net, souffrent d'être pris pour des imbéciles. Un sentiment compréhensible lorsqu'on observe les résultats du scrutin diffusés par la chaîne publique Rossia 24. Pour Rostov, une province du sud de la Russie, le panneau informatif donne le décompte des voix pour les sept partis en lice avec un total de... 146,37 % ; 115 % pour Sverdlovsk, 129 % à Voronej, etc..
Or ces résultats sont officiels, ils émanent de la Commission électorale centrale (TsIK) dirigée par Vladimir Tchourov, un proche de M. Poutine. Drôle de façon de compter. "Des voix ont sans doute été rajoutées à Russie unie mais on a oublié de les enlever aux autres partis ", a expliqué lundi Dmitri Mouratov, le rédacteur en chef de Novaïa Gazeta sur la radio Echos de Moscou.
Les commentateurs assurent que Russie unie n'a pas pu avoir guère plus que 30 % des suffrages. C'est le cas, là où le scrutin n'a pas été "retouché" : en Carélie (32 %), à Arkhanguelsk (31,8 %), à Irkoutsk (34 %), à Iaroslavl (29 %), et aussi dans le quartier Gagarinski de la capitale, où vote le "père de la nation", (23,7 % pour Russie unie ; 26,35 % pour le Parti communiste). "Comment, ayant recueilli moins de 30 %, Russie unie obtient 50 % ?", titrait le quotidien Vedomosti mardi matin.
Le Nord du Caucase a "sauvé la mise" : 99 % en Tchétchénie, 91 % en Ingouchie, 91 % au Daguestan. Dans les casernes, les prisons (91 % en Mordovie, zone pénitentiaire de l'Oural), et les hôpitaux psychiatriques, le parti de M. Poutine a fait un tabac. "Hospices, lieux de détention, asiles psychiatriques sont leaders dans le soutien à Russie unie", confirme Vedomosti.

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