TOUT EST DIT

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dimanche 4 décembre 2011

Hollande à Berlin, déplacement délicat

Le candidat socialiste passe deux jours au congrès du SPD où il s'exprime lundi matin. Sa parole est très attendue alors que la relation franco-allemande est cruciale pour sauver l'euro.
"La gauche ne doit pas, en aucune façon, ranimer des relents et des sentiment anti-allemands". Le communiqué de Pierre Moscovici tombé à l'AFP dans l'après-midi de vendredi sonne comme un avertissement de François Hollande à sa famille politique. Il faut dire que certaines petites phrases germanophobes sont tombées bien mal, à quelques heures de son déplacement à Berlin, au congrès du SPD. Invité par ses amis sociaux démocrates allemands, le candidat du PS joue là un moment important de son début de campagne, à l'heure où la présidentielle devient de plus en plus franco-allemande. "Arnaud a fait une grosse connerie avec sa référence à Bismarck, d'autant plus que pour les Allemands, c'est un compliment. Heureusement, Montebourg, personne ne connaît à Berlin", fait remarquer un dirigeant socialiste. 

La visite de François Hollande à Berlin dimanche et lundi prend une tournure particulière alors que Nicolas Sarkozy doit recevoir lundi à Paris la chancelière Angela Merkel pour travailler à une nouvelle gouvernance européenne capable de sauver l'euro. A Toulon, en fin de semaine, le président de la République a voulu expliquer aux Français qu'un abandon de souveraineté budgétaire était désormais indispensable pour lutter à armes égales face aux nouvelles grandes puissances et assurer le désendettement du pays. Quitte à coller à la stratégie économique de la droite allemande. Cette position de Nicolas Sarkozy est critiquée par les socialistes français qui lui reprochent de trop céder à Berlin depuis des mois. "Nicolas Sarkozy suit Angela Merkel", affirme François Hollande tandis que Laurent Fabius explique que "la relation franco-allemande est déséquilibrée". 
 
"On verra le moment venu"
 
Mais vu le peu de marge de manoeuvres que laisse l'économie française face à l'Allemagne, François Hollande peut-il dire autre chose que Nicolas Sarkozy à Berlin ?  "Oui", répond sans hésiter le député parisien Jean-Christophe Cambadélis, chargé de l'Europe et des relations internationales au PS. "Est-on obligé de se faire hara-kiri face à Angela Merkel ?", explique-t-il dans une longue interview à TF1 News, affirmant que les euro-obligations et une stratégie globale de croissance sont indispensables pour sortir de cette crise européenne par le haut. François Hollande lui-même a refusé la semaine dernière de se mettre dans les pas de la politique européenne de Nicolas Sarkozy, lors d'un déplacement à Bruxelles. Mais poussé dans ses retranchements par les journalistes sur sa marge de manoeuvre en cas de victoire en 2012, le candidat PS a fini par lâcher : "on verra le moment venu", comptant sur le respect par la chancelière allemande du vote des Français et d'une nouvelle légitimité en place. Un pari en quelque sorte.
 
En réalité, dans le camp Hollande, on estime qu'un nouveau président de la République pourrait mener une autre politique face à Berlin. D'une part en s'appuyant sur les forces politiques allemandes qui ne soutiennent pas les choix d'Angela Merkel, les sociaux-démocrates, les écologistes et la gauche plus radicale, mais également en comptant sur une évolution d'une partie de la droite, certains dirigeants de la CDU affirmant que Berlin devra évoluer dans ses choix européens pour ne pas risquer l'isolement. "On ne peut pas exclure catégoriquement le recours aux euro-obligations. Elles pourraient devenir indispensables", a ainsi affirmé vendredi dans le quotidien Die Welt le commissaire européen à l'Energie, l'Allemand Guntler Oettinger, issu pourtant des mêmes rangs CDU qu' Angela Merkel.
 
D'autre part, les conseillers de François Hollande estiment qu'une nouvelle ère dans la relation franco-allemande peut s'établir, "à condition de savoir créer de la confiance et de la stabilité dès le début" comme l'explique l'historien Jacques-Pierre Gougeon.  Cet universitaire germaniste a été présenté à François Hollande par le patron des députés PS Jean-Marc Ayrault, lui-même bon connaisseur de l'Allemagne. Pour Jacques-Pierre Gougeon, le manque de confiance d'Angela Merkel en Nicolas Sarkozy s'expliquerait par les choix de Paris lors des deux premières années du quinquennat "sans concertation avec l'Allemagne" (Union pour la Méditerranée, résolution de la crise bancaire en 2008 avec Cameron, etc..). "Tout cela a laissé des traces", affirme cet universitaire.
 
Reste que la dégradation rapide de l'économie européenne et la grande urgence à trouver des solutions pour sauver l'euro rendent un peu caduque la déclaration commune du PS et du SPD qui date de juin dernier et dans laquelle il n'est pas fait mention de la BCE et de son rôle à jouer dans la crise. "François doit trouver des solutions qui vont au-delà du bon travail préparé pendant trois ans par Martine Aubry", confie un de ses soutiens. L'urgence est plus grande". Comme pour faire oublier l'accélération subie de son début de campagne, François Hollande va devoir trouver les mots justes lundi matin lors de son discours devant le congrès du SPD. Pour rassurer les Allemands, de droite comme de gauche.

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