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dimanche 4 décembre 2011

Élections législatives sous tension en Russie

Le scrutin est voué à renforcer la domination du parti Russie unie de Poutine. Plusieurs sites d'information indépendants sont inaccessibles.

Les Russes ont commencé à voter dimanche lors de législatives vouées à maintenir la domination du parti Russie unie de Vladimir Poutine sur le pays, mais entachées par des accusations de pressions, à l'image de cyber-attaques visant des sites indépendants. Plusieurs sites étaient inaccessibles dimanche matin, dont ceux de médias et d'une ONG qui recense les fraudes électorales, dans le collimateur du pouvoir depuis une semaine. Il s'agit notamment des sites de la radio Écho de Moscou, du quotidien Kommersant, de l'hebdomadaire New Times, de l'ONG Golos ainsi que son site interactif La carte des fraudes.
"C'est une attaque massive", a déclaré à l'AFP un porte-parole de Golos, Dmitri Merechko. "L'attaque est dirigée contre tous les sites qui vont essayer de raconter ce qui se passe dans les élections", a-t-il ajouté. Quelque 110 millions d'électeurs sont appelés à désigner les 450 députés de la chambre basse du Parlement (Douma) lors d'un scrutin-test pour le Premier ministre russe Vladimir Poutine qui s'apprête à revenir en 2012 au Kremlin, après deux mandats de président (2000-2008).

Médias muselés

Le rédacteur en chef de la radio Écho de Moscou Alexeï Venediktov a été le premier à dénoncer dimanche matin une attaque. C'est "clairement une tentative de gêner la publication d'informations sur les fraudes", a écrit sur Twitter le responsable de cette radio contrôlée par le géant gazier Gazprom, mais restée jusqu'à présent la principale station russe à offrir des informations indépendantes. Samedi, des blogueurs russes avaient déclaré qu'ils avaient été victimes d'une attaque contre la plate-forme LiveJournal, un des principaux sites hébergeant des blogs.
Une autre porte-parole de Golos, une association financée par des fonds occidentaux, a de son côté indiqué que l'ONG avait des difficultés à poursuivre son activité. "Notre messagerie électronique ne fonctionne plus, nous n'avons plus que Skype et les blogs pour communiquer avec notre réseau dans les régions", a déclaré Olga Novossad. Golos avait dénoncé, samedi, une "campagne de harcèlement par le pouvoir" après que sa dirigeante a été retenue à la douane d'un aéroport de Moscou pendant douze heures et qu son ordinateur avait été confisqué. Cette ONG a été reconnue coupable, vendredi, de violations de la loi électorale et condamnée à une amende de 30 000 roubles (700 euros).
Ses ennuis se sont multipliés depuis l'intervention de Vladimir Poutine le 27 novembre au congrès de Russie unie où il a fustigé le financement par l'étranger d'ONG russes ayant pour but "d'influencer le cours de la campagne électorale". Il a comparé ces ONG à "Judas".
Par ailleurs, le rédacteur en chef de Gazeta.ru, Mikhaïl Kotov, a indiqué à Interfax qu'il avait été convoqué pour dimanche par le service fédéral des médias (Roskomnadzor), qui l'accuse de "violations sur la couverture des élections". Un de ses adjoints avait démissionné jeudi dénonçant des pressions "sans précédent" exercées sur le site à l'approche des élections. Le site était toujours accessible dimanche matin.

Scène politique verrouillée

Les bureaux de vote ont ouvert à 8 heures, heure locale à Moscou, huit heures après les régions d'Extrême-Orient, et fermeront à 18 heures (heure de Paris) dans l'Ouest. Outre Russie unie, trois autres formations de l'assemblée sortante - le Parti communiste, le Parti libéral-démocrate et Russie juste (centre gauche) - devraient franchir le seuil minimum de 7 % pour être de nouveau à la Douma. Le parti d'opposition Iabloko, crédité de 4 % des suffrages, a peu de chances d'y d'entrer. Quant au parti d'opposition libérale Parnass, il a été écarté du scrutin et a appelé, comme l'opposition radicale, à le boycotter ou à voter nul en signe de protestation.
À Vladivostok, l'adjudant Nikolaï Ponomarev a indiqué avoir voté pour Russie unie : "Dès le printemps, ma famille va recevoir un appartement dans un nouveau district", a-t-il dit, soulignant que le parti de Poutine défendait les intérêts de l'armée et qu'il attendait une hausse de salaire en janvier. En revanche, Anastasia Levtchenko a, elle, donné sa voix à Russie juste après avoir voté pour le parti de Poutine en 2007 : "Je suis déçue, presque rien n'a été fait en quatre ans", a déploré cette retraitée de 62 ans.
Russie unie, qui domine une scène politique verrouillée depuis une décennie, ne devrait cependant pas parvenir à maintenir son écrasante majorité des deux tiers à la Douma. Selon le dernier sondage de l'institut indépendant Levada, le parti de Vladimir Poutine, dont la liste est conduite par le président Dmitri Medvedev, était créditée de 56 % des intentions de vote en novembre, après avoir perdu 12 points en un mois. ONG et opposition ont dénoncé des pressions innombrables sur les électeurs pendant la campagne. Pour parer à tout éventuel rassemblement contestataire, le mouvement de jeunesse pro-Kremlin Nachi a annoncé qu'il réunirait jusqu'à 15 000 militants dans le centre de Moscou pour "neutraliser" toute action visant à contester le scrutin.
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