TOUT EST DIT

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dimanche 4 décembre 2011

"Les hivers seront plus chauds"

Jean Jouzel, climatologue, explique les risques d’un dérèglement climatique grandissant. Il est également directeur de recherches au CEA et vice-président du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec). Extraits de l'interview à paraître dans le Journal du Dimanche du 4 décembre.

Violents coups de mer sur la Côte d’Azur, trombes d’eau et inondations dans le Sud… Le dérèglement climatique frappe-t-il à nos portes?
En France comme en Europe, clairement, le réchauffement climatique fait des siennes. Si rien n’est fait pour lutter contre ce réchauffement, les vagues de chaleur seront dix fois plus fréquentes à la fin XXIe siècle qu’elles ne l’étaient à la fin du XXe, trois à quatre fois plus dès 2050. Le changement climatique pourrait aussi expliquer la plus grande fréquence de très fortes pluies, avec d’énormes quantités d’eau tombant en très peu de temps, comme dans le Var le mois dernier. Là aussi, si nous n’agissons pas, il y aura à la fin du siècle deux fois plus de fortes précipitations qu’il y en a aujourd’hui, avec des risques importants de crues.
Aujourd’hui la neige se fait désirer en montagne. Il n’y a plus de saisons? Finis les sports d’hiver?
Le constat est là : en trente à quarante ans, la température a augmenté d’au moins 1°C. La tendance est donc au raccourcissement de la saison d’enneigement, surtout à basse et moyenne altitudes. Mais il est impossible de savoir quel temps il fera cet hiver. À court terme, jusqu’à cinq jours, la prévision météo est très bonne. Jusqu’à dix jours, à peu près fiable. Et à long terme, nous avons aussi une capacité de prédiction : sans pouvoir annoncer que l’hiver 2050 sera plus froid que le suivant, nous savons grâce aux tendances climatiques qu’ils seront tous deux plus chauds que les hivers actuels, effet de serre oblige. Par contre, à l’échelle saisonnière, deux à trois mois, on a de réelles difficultés de prévision dans nos régions, où le temps est très influencé par l’Atlantique. Or, nous ne savons pas prévoir les températures à sa surface.
Quelles certitudes avons-nous aujourd’hui sur la mécanique du réchauffement?
Deux ou trois. Première certitude : la concentration des gaz à effet de serre augmente rapidement avec 40 % de plus de gaz carbonique qu’il y a deux cents ans, deux fois et demie de plus de méthane, 20% de plus de protoxyde d’azote. Deuxième certitude : cette modification est due aux activités humaines. Pour le gaz carbonique, c’est l’utilisation des combustibles fossiles – pétrole, charbon, gaz naturel –, la déforestation aussi. Troisième certitude : cela se traduit par une accumulation de chaleur dans les basses couches de l’atmosphère. Qui plus est, la fonte des glaces de l’Arctique et la diminution de la neige suppriment des surfaces réfléchissantes au profit de surfaces absorbant la chaleur, comme les océans.
Retrouvez l'intégralité de l'interview demain dans le Journal du dimanche.

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