TOUT EST DIT

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mardi 11 octobre 2011

Un second tour à trois inconnues

Des larmes de Ségolène Royal au sourire triomphant d’Arnaud Montebourg, d’une participation inespérée au suspense du second tour : on aura eu droit, dans cette primaire citoyenne, à de multiples surprises qui témoignent toutes de la sincérité de la consultation. Et on n’a peut-être pas tout vu.

Le danger vient moins des risques inhérents au duel télévisé de mercredi soir : les protagonistes ne seront pas assez inconscients pour oublier qu’ils appartiennent au même camp, pour confondre concurrence et adversité, au point de faciliter la réélection de Nicolas Sarkozy. Tout est possible, mais pour d’autres raisons.

Première inconnue : on ignore si les 2,5 millions d’électeurs de dimanche dernier iront voter dimanche prochain. Si ce seront les mêmes. S’ils seront le double ou moitié moins.

La participation peut déjouer les pronostics. Elle peut provoquer une victoire nette qui préserverait la capacité à s’unir autour d’un vainqueur incontesté. Elle peut aussi conduire à un score serré susceptible – le pire scénario – de reproduire le psychodrame de 2008, quand Martine Aubry priva Ségolène Royal de la présidence du PS pour 102 voix.

La seconde raison d’être prudent tient aux désistements, clairs ou ambigus, dont l’effet automatique reste à démontrer. Parce que les différences entre les projets ne suivent pas des lignes nettes de démarcation.

Sur la moralisation de la vie politique, défendue par Arnaud Montebourg, on pourrait penser François Hollande plus convaincant que Martine Aubry, qui a protégé le sulfureux Jean-Noël Guérini à Marseille. Sur les licenciements boursiers, que Ségolène Royal voulait interdire, bien malin qui peut prédire les préférences de l’électorat entre la sanction financière (Hollande) ou la mise de l’entreprise sous la tutelle d’un administrateur (Aubry). En matière de dette et de déficit, l’électorat de Ségolène Royal et de Manuel Valls semble préférer la rigueur de François Hollande aux dépenses sociales de Martine Aubry qui défend ses 300 000 emplois d’avenir. À l’inverse, François Hollande redevient dépensier lorsqu’il aborde l’école ou les contrats de génération…

En matière environnementale, la maire de Lille s’est montrée plus offensive que le président de la Corrèze, plus timoré – plus réaliste ? – sur le nucléaire. Autant d’exemples montrant qu’il n’y a pas d’électorats acquis.

La troisième inconnue tient à des considérations plus subjectives sur les candidats : leur apparence, la qualité de leur expression, leur caractère, leur capacité à tenir le cap dans la tempête.

François Hollande affiche une volonté consensuelle incontestable. Mais sa recherche constante du dénominateur commun n’explique-t-elle pas son immobilisme, comme lorsqu’il dirigeait le PS ? Martine Aubry sait être rugueuse et entêtée. Mais sa persévérance n’est-elle pas une qualité pour contredire l’impuissance en politique ?

Dans un second tour, où on élimine, cette relation particulière entre l’électeur et un(e) président( e) potentiel (le), peut jouer de manière inattendue. La question de savoir qui serait le plus présidentiel, le mieux placé pour battre Nicolas Sarkozy – le fameux vote utile – peut encore corriger les choix du premier tour.

C’est dire si, avec huit points d’écart entre Martine Aubry la sociale gestionnaire et François Hollande le gestionnaire social, le jeu reste ouvert.

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