Quel numéro ! Même si les tours de ce bateleur ne surprennent plus guère les journalistes, Arnaud Montebourg n’a fait son entrée sur la piste aux étoiles politiques qu’hier soir sur le plateau de France 2. Il y avait de la jubilation, à peine dissimulée, dans ce moment de reconnaissance médiatique : le trublion du PS le tenait enfin son quart d’heure de gloire en pleine lumière !
Avec le ton triomphant du sale gosse provocateur, l’insolent a évoqué les deux finalistes des primaires du PS avec condescendance : c’est tout juste s’il ne les a pas traités en direct de vieux ringards. Hollande-Aubry ? « Les deux faces de la même pièce ». Et pas l’une pour racheter l’autre ! Tellement nuls, à l’entendre, qu’ils vont devoir se soumettre à son examen. L’épreuve leur sera consignée par lettre, écrite de la main du professeur, et mercredi soir ils devront démontrer à l’oral, celui du grand débat qui les opposera, leur faculté à intégrer les leçons du maître. Avec ses 17 %, il se paie le luxe, superbe, de renvoyer dos à dos, comme des losers, les deux candidats - qui, eux, ont fait 70 % des voix ! Cela ne l’empêchera pas de soutenir le vainqueur.
C’est donc cela la nouvelle façon de faire de la politique ? Ce culot autosatisfait qui fait penser à celui de... Nicolas Sarkozy dans ses meilleurs moments. Ce mépris sans complexe pour tout ce qui était «avant». Arnaud Montebourg fait écho à Jean-Luc Mélenchon et à son «qu’ils s’en aillent tous». Apôtre du non-cumul des mandats, le député-président du conseil général de Saône-et-Loire s’est cependant réservé le droit de s’exonérer de ses propres principes pour se hisser à la tête de son département. Pour la bonne cause sans doute... Sa promesse d’arrêter le cumul en 2012 suffira bien. Avec un bon mot, tout passe.
Car notre homme, énergique et solaire, volontiers sympathique et chaleureux en petit comité, est un formidable séducteur. Bon orateur - ils sont devenus si rares - il s’y entend pour vendre ses concepts avec l’efficacité du bonimenteur. Ainsi l’avocat est-il parvenu à faire passer sa «démondialisation» pour une idée de gauche. Elle scintille, en effet, dans les ténèbres d’un monde qui s’interroge. Et rassure les «enfants naïfs» que seraient devenus les Européens face à leurs redoutables concurrents asiatiques. Mais en grattant le vernis, on découvre surtout une forme de protectionnisme terne, assez classique, et qui ne fait pas rêver : le génialissime postulat joue, quoi qu’en dise son promoteur, sur la méfiance à l’égard d’un monde «prédateur». Son inspiration, c’est un populisme de gauche qui préfère ignorer la réalité d’un commerce extérieur européen excédentaire infirmant toute démonstration hexagonale.
Cette résignation à un enfermement anachronique sera-t-elle la monnaie d’échange imposée par Arnaud Montebourg pour arbitrer le second tour? Gali-gala, abracadabra...
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