TOUT EST DIT

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lundi 17 octobre 2011

Un candidat légitimé

Ouf ! Pour les socialistes, la « primaire citoyenne » se termine bien. Très bien, même. Alors que la montée des tensions, ces dernières heures, laissait craindre des dérapages, cette curiosité politique a fait la preuve de sa pertinence.

Pour la droite, qui sait ce matin que son adversaire se nomme François Hollande, elle sonne l'heure de la contre-offensive et d'un retour au pluralisme après sept semaines de présence déséquilibrée dans les médias.

Pour l'opinion, la fin de cette séquence rose va permettre de varier les plaisirs et d'éviter la saturation.

Passé ce soulagement, une observation majeure s'impose : les électeurs de la primaire ont voté utile en choisissant François Hollande, considéré, à gauche, mais aussi à droite, comme le mieux positionné pour battre Nicolas Sarkozy. Notons, au passage, qu'il y a quelque cocasserie à voir le président de la Corrèze gagner grâce à une réforme du parti impulsée, il y a deux ans, par... Martine Aubry ! Et, soyons justes, après de nombreux mois d'une préparation psychologique et programmatique intense.

Ce résultat du second tour n'était pas acquis d'avance. François Hollande en a été inquiet jusqu'à la dernière minute. L'ardeur de la maire de Lille en fin de parcours, l'engagement des écologistes derrière elle et la dispersion des voix Montebourg ont entretenu un suspense - mobilisateur - qu'illustrent la poussée participative - près de trois millions d'électeurs - et l'évolution du corps électoral d'un tour à l'autre.

Pour le PS, la netteté du résultat était le meilleur scénario. L'écart est suffisant pour désamorcer les regrets du camp Aubry ; pour préserver, malgré les inimitiés, l'unité du parti et pour amplifier la dynamique autour d'un vainqueur indiscutable, contrairement à ce qui s'était passé pour Ségolène Royal en 2007. Il traduit même une envie de présidentielle et un désir de victoire que même les détracteurs de la primaire auront du mal à nier.

Pour l'UMP, la victoire de Hollande n'est pas la meilleure nouvelle. Plus insaisissable, plus difficile à combattre sur le terrain du bilan que la « dame des 35 heures », plus centré qu'elle sur l'échiquier politique, moins clivant et vif dans la réplique, il risque de refroidir les espoirs de la majorité au centre, surtout en l'absence de Jean-Louis Borloo. Il peut aussi compliquer la vie de François Bayrou dont certaines thèses, notamment sur l'exemplarité de l'État, sont voisines.

La gauche de la gauche, en revanche, va reprendre espoir. Jean-Luc Mélenchon pourra tirer profit de la thématique de la « démondialisation » mise en avant par Arnaud Montebourg et peu réaliste aux yeux de François Hollande. Les écologistes, qui affichaient leur préférence pour Martine Aubry, retrouvent un espace et quelques raisons supplémentaires de se démarquer du candidat PS.

Pour « réenchanter le rêve français », comme il l'a dit hier soir, François Hollande devra rassembler toute cette gauche. Et, d'ici au 6 mai 2012, lui, le gentil, le consensuel, devra faire la preuve qu'il sera assez fort, assez ferme, assez crédible pour construire sa seconde campagne sur autre chose que le rejet de la personne de Nicolas Sarkozy. Sur autre chose qu'un petit dénominateur commun synonyme de conservateur. Il lui reste sept mois pour convaincre qu'il peut être davantage un Schroeder qu'un Prodi.

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