lundi 17 octobre 2011
Une question de tempérament
C’est important, le tempérament... Très important. Loin d’être un critère accessoire dans une compétition électorale, il a été bien plus mobilisateur pour ce second tour des primaires que ne l’avait imaginé... Arnaud Montebourg. Plus décisif, au bout du compte, que les programmes en compétition.
Si François Hollande a remporté plutôt aisément le duel final du PS, il doit d’abord son succès à ce qu’il est: un candidat de rassemblement. Le candidat «normal» d’une gauche qui a préféré un discours volontiers tribunicien mais rond et apaisé à celui, plus agressif et à la tonalité plus... sectaire de Martine Aubry.
Les différences de style et de verbe entre les deux finalistes ont bien failli être mortelles, pourtant. La stratégie de la véhémence suivie par la maire de Lille depuis jeudi - qui a contribué à sa perte - a envenimé le match au point de laisser planer quelques doutes sur la réconciliation effective du parti au-delà des embrassades de circonstance de ce dimanche d’euphorie.
Net, aussi bien pour la participation que par l’écart entre les deux prétendants, le résultat va donner une légitimité suffisante à l’élu des socialistes. Mais il ne le dispense pas de devoir composer, au millimètre, avec sa rivale comme avec les protagonistes du premier tour. Martine Aubry n’a pas attendu une minute pour mettre de la tension dans ce rapport de forces. Côté hommage, elle a fait, certes proprement, le minimum, mais en se réinstallant immédiatement rue de Solférino, la première secrétaire du parti a aussi signifié au vainqueur qu’elle avait bien l’intention de le mettre, autant que possible, sous tutelle.
L’osmose entre l’appareil du PS et le candidat du parti - dont l’absence avait tant pénalisé Ségolène Royal en 2006-2007 - n’est absolument pas gagnée d’avance. Elle sera essentielle, pourtant, pour rassembler les familles éclatées de la gauche autour d’une ligne qui reste à tracer au-delà du projet, consensuel mais très général, adopté à l’unanimité par le PS.
François Hollande est conscient que la période tampon qui s’ouvre ce matin est périlleuse. Il n’a pas oublié qu’en 2006 Ségolène Royal avait raté cette transition délicate en prenant trop de champ pendant plusieurs semaines... et qu’elle ne s’en était jamais vraiment remise. Lui, au contraire, veut accélérer et il va essayer de profiter de la dynamique de sa victoire pour mettre le parti en ordre de marche derrière lui. Derrière les bras levés de la réconciliation et des hommages au fair-play de Martine, le bras de fer s’engage...
L’homme qui aime tant les discours en a aligné trois en une heure, installant d’emblée sa présidentialité. En évoquant son «rêve français» dans la nuit de Paris, a-t-il eu conscience que, par un hasard du calendrier, il faisait écho à l’éternel «I have a dream» de Martin Luther King célébré au même moment de l’autre côté de l’Atlantique ?
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