Anne-Marie Couderc, présidente de la première entreprise de distribution de la presse en France Presstalis (ex-NMPP), est l'invitée du Buzz Média Orange-Le Figaro.
Deux jours sans quotidiens nationaux en kiosque. C'est ce qui a résulté, lundi et mardi, des grèves organisées à Presstalis par le syndicat du Livre, qui a bloqué la sortie des journaux, craignant une modification de la loi Bichet de 1947. Mardi soir, le Parlement a adopté un aménagement de la loi qui prévoit essentiellement la modification de la gouvernance du système de distribution de la presse, en particulier la composition du Conseil supérieur des messageries de presse (CSMP), et la mise en place d'une autorité de régulation. Le ministre de la Culture et de la Communication, Frédéric Mitterrand, a tenu ce mercredi matin à apaiser les esprits en assurant que la loi Bichet n'a été que «toilettée, de manière à ce que toutes les garanties qu'elle offre pour la pluralité et la diversité soient maintenues». Mais les organisations syndicales estiment que cette réforme risque de favoriser les éditeurs les plus puissants.
Au sortir de ces blocages, Anne-Marie Couderc, présidente de Presstalis, estime que si «les soucis ne sont pas vraiment derrière, ce mouvement de grève est en tout cas terminé. Cette inquiétude est légitime mais disproportionnée, poursuit-elle. On ne peut pas bloquer pendant deux jours des quotidiens nationaux en privant les lecteurs de l'information et les éditeurs du produit de leur travail, le réseau des diffuseurs étant, une fois de plus, pénalisé par cette action. Je suis tout à fait défavorable à ce genre de manifestation alors que le débat démocratique était ouvert », martèle Anne-Marie Couderc, ex-dirigeante du groupe Lagardère et ancienne présidente du Syndicat de la presse magazine (SPM).
Presstalis vient de changer de gouvernance, de statut (passant de SARL à SAS) et d'actionnaires, avec la sortie de Lagardère de son capital. «C'est une réforme importante car elle apporte beaucoup de simplification dans l'actionnariat, explique sa présidente depuis le 1er juillet. Le groupe avait par le passé huit coopératives, plus l'actionnaire Lagardère à hauteur de 49%. Aujourd'hui, Presstalis est détenue à 100% par deux coopératives d'éditeurs une des quotidiens, une des magazines-, propriétaires à 100% de la société. L'actionnariat est simplifié, la gouvernance clarifiée, ce qui doit nous permettre de prendre des décisions rapidement. Les éditeurs partagent tous les mêmes contraintes. Ils ont la même ambition de voir la presse française continuer à être distribuée tous les jours, sur les 29.000 points de vente qui existent sur le territoire».
Pertes «divisées par deux»
Presstalis a perdu 40 millions d'euros en 2009 et en 2010. A quand le redressement? «La vente au numéro continue de décroître de manière très significative, ce qui n'est pas forcément le cas de la diffusion dans son ensemble, portée par les abonnements postés ou portés, explique Anne-Marie Couderc. Ce sont bien les efforts menés chez Presstalis au cours des dernières années, et notamment des derniers mois, qui permettront de faire aboutir les réformes et la maîtrise des coûts, afin d'économiser 60 millions d'euros sur deux ans. Nous avons déjà divisé les pertes par deux mais nous ne sommes pas au bout de nos efforts», souligne-t-elle.Anne-Marie Couderc a engagé une réflexion stratégique qui s'appuiera notamment sur un rapport du cabinet PricewaterhouseCoopers. «Presstalis est un acteur majeur de la filière, qui distribue notamment les quotidiens nationaux, rappelle-t-elle. C'est une distribution très spécifique, puisque c'est chaque jour une prouesse logistique que de faire en sorte qu'un journal sorte à 2h ou 3h du matin pour arriver chez les diffuseurs avant leur ouverture vers 6h30.» Presstalis intervient auprès de 22 sites d'impression, 500 véhicules tournent, et la société doit garantir à chaque éditeur une bonne gestion de ses flux logistiques, d'information et financiers. «C'est d'une rare complexité, analyse Anne-Marie Couderc. Et une source de coûts spécifiques. Nous devons trouver les voies de mutualisation et de «variabilisation» de nos coûts. Nous devons ouvrir la structuration de notre distribution à des partenariats. Par ailleurs, le syndicat de la presse quotidienne nationale (SPQN) réfléchit à des partenariats possibles avec la PQR».
La présidente de Presstalis précise que l'entreprise entretient «actuellement des travaux de réflexion importants avec les éditeurs de la presse magazine et quotidienne. Nous nous rapprochons de l'étude menée par le SPQN. Nous essaierons d'aboutir ensemble à l'automne car il faut que ces réflexions soient partagées et qu'au vu de ces études, les éditeurs puissent prendre les décisions les plus pertinentes».
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