Le président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, a récusé dimanche 16 octobre l'idée que l'euro soit "menacé" par la crise de la dette, mais a plaidé pour une réforme des traités de l'UE pour empêcher que les dérapages d'un pays de la zone ne menacent les autres.
"Demain, à mon avis, il faut changer le traité pour être capable d'empêcher un membre de la zone euro de vagabonder et de créer des problèmes pour tous les autres", a déclaré, en allusion à la Grèce, M. Trichet, interrogé sur la radio française Europe 1 et la chaîne d'information continue i>TELE.
Il a plaidé pour une réforme qui rendrait le Conseil européen "capable d'imposer des décisions" à un pays en dérapage "sur la base d'une proposition de la Commission, avec des règles appropriées de majorité". "La leçon de la crise, c'est qu'il faut en effet aller plus loin que les recommandations, éventuellement avec des sanctions", a-t-il ajouté.
Au-delà des mesures d'urgence sur lesquelles elle planche pour endiguer la contagion de la crise grecque, l'Europe, qui avait juré de ne plus revenir sur ses traités après les déboires du traité de Lisbonne, a donné récemment les premiers signes d'un possible revirement vers un nouveau changement de texte.
Les propos de M. Trichet s'inscrivent dans le sillage de ceux d'Angela Merkel, qui a donné le ton début octobre en affirmant lors d'une visite à Bruxelles que "réviser les traités européens ne doit pas être un tabou". Abondant dans le sens de la chancelière allemande, le président français Nicolas Sarkozy avait fait savoir le 8 octobre que Paris et Berlin proposeraient des "modifications importantes" des textes européens.
ÊTRE "EXTRÊMEMENT VIGILANTS"
Dimanche, à un peu plus de deux semaines de son départ de la présidence de la BCE, qu'il s'apprête à céder à l'Italien Mario Draghi, Jean-Claude Trichet a assuré ne "pas du tout croire que la zone euro soit menacée" par la crise actuelle. "Je crois encore moins que l'euro lui-même en tant que monnaie soit le moins du monde menacé", a-t-il précisé.
Il a insisté en revanche sur la nécessité pour tous les Européens d'être "extrêmement vigilants" en matière de finances publiques. "Le bon sens consiste à se protéger, à prémunir plutôt que guérir... Il est très important de surveiller attentivement les politiques budgétaires", a-t-il souligné.
1 commentaires:
Mario Draghi va prochainement prendre les rênes de la BCE : les soupçons qu’il n’a pas souhaité dissiper
2010 : La commission européenne enquête sur le maquillage des comptes de la Grèce avec l’aide de la banque d’affaire (Goldman Sachs) dont Mario Draghi a été vice-président de la branche européenne. Sans suite… Or, le code de déontologie des spécialistes en valeur du trésor bannit ce type de pratique.
Mai 2011 : J-C Trichet met son veto à l’ouverture des archives concernées, dans le cadre d’une procédure judiciaire initiée par Bloomberg. Le prétexte du refus est de ne pas effrayer les marchés...
Juin 2011 : Mario Draghi est interrogé par le l’eurodéputé qui s’est impliqué dans son dossier face au comité aux affaires économiques et monétaires du parlement européen. Alors que c’est pour le premier l’opportunité de dissiper les soupçons pesant sur lui, l’eurodéputé, à l’issue de l’audition, considère que le déficit de confiance reste entier.
Analyse minutieuse de l’audition (ºC).
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