dimanche 16 octobre 2011
Primaire PS : un tour ça va, deux tours...
C'est bientôt fini. Les militants des partis de droite et leurs dirigeants sont à la torture depuis des semaines. C'est un peu comme si on leur avait placé de force un casque sur les oreilles, qui déverse en boucle les discours de tous les congrès du Parti socialiste depuis celui d'Épinay, et qu'on leur avait attaché les mains.
Les militants des partis de gauche et leurs dirigeants sont sur la brèche depuis des semaines. C'est un peu comme si on leur avait demandé d'engager un combat de boxe une main derrière le dos. Il s'agit de cogner, mais pas trop fort, parce qu'il va leur falloir, tous ensemble, après ces deux tours, taper sur la droite.
Les débats télévisés ont rassemblé un large public, le dernier compris, mais on sentait à la fin comme une lassitude dans l'opinion, une fatigue chez les candidats, et une crainte de dérapage de l'un des concurrents dans leur entourage. La faute à l'infernale mécanique des deux tours, que rien n'impose, même si notre système électoral nous y a habitués.
C'est entre les deux derniers dimanches que le ton s'est durci entre François Hollande et Martine Aubry. Le duel a fait monter la pression entre les deux candidats, jusqu'à considérer que l'un empruntait ses mots à la terminologie lepéniste ! Il était temps que le match s'arrête, parce qu'il faudra, dès ce soir, rassembler la gauche « molle » et la gauche « dure », et même la gauche « démondialisatrice ».
Le candidat arrivé en deuxième position au soir du premier tour, surtout si son tempérament l'y invite, doit jouer le rôle du challenger coriace et provoquer son adversaire pour avoir des chances de renverser le cours des choses.
Le candidat arrivé en tête, d'autant plus si sa nature l'y pousse, doit rassurer pour conserver sa position dominante et rassembler les électeurs des concurrents éliminés.
Si la primaire est une joute oratoire, la primaire à deux tours est un combat de catch. Si la primaire entérine la personnalisation de la politique voulue par la Ve République, la primaire à deux manches renvoie à la IVe et à ses jeux d'alliances, où un parti minoritaire pouvait faire et défaire des majorités.
Le Parti socialiste a en partie maîtrisé ces risques. Les attaques ne sont pas rédhibitoires et Arnaud Montebourg n'a pas forcé le trait dans le rôle de l'arbitre. Mais il n'est pas sûr qu'à l'avenir, quand l'enjeu sera pleinement mesuré et entré dans les moeurs, la compétition ne gagnera pas en brutalité, en coups bas, en manoeuvres, à gauche comme à droite.
Le scrutin majoritaire à deux tours a sa logique : au premier, on choisit au second, on élimine. S'agissant d'une compétition dans un même camp, faut-il aller jusqu'à l'élimination publique le combat fraternel doit-il devenir fratricide ?
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