TOUT EST DIT

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dimanche 16 octobre 2011

« Indignés » jusqu’où ?

Qu’ils s’appellent «Indignados», «Indignés», «15-M» ou «OWM», peu importe! Voilà un mouvement mondial que ne devraient pas ignorer les ministres réunis hier à Paris pour le «G20 Finances» dans leur confusion habituelle et sous la non moins habituelle léthargie européenne. Car il s’agit d’une expression populaire nouvelle, a priori non politique et non guidée par quelques penseurs d’extrême gauche. Rien de commun non plus avec les «altermondialistes» qui semblent avoir sauté dans le train en marche...

Cette mobilisation planétaire exprime le «ras-le-bol» de pratiquement toutes les classes de la société, relayées par leur jeunesse sans avenir devant l’incompétence des gouvernements, de droite ou de gauche.

Parce que la Politique (la vraie, avec un «P» majuscule), normalement au service de la démocratie, s’est effacée devant la Finance. Cette dernière détient le véritable pouvoir, et sans le moindre mandat, en poussant le cynisme jusqu’à faire payer ses erreurs au citoyen-contribuable. Ainsi, que de banques renflouées en 2008 avec l’argent public! Pour qu’elles continuent leurs agissements, comme si de rien n’avait été: produits toxiques, boni à gogo, rémunérations pharaoniques des directoires et des traders... Le pire: des deux côtés de l’Atlantique, malgré de martiales paroles, les autorités (normalement de tutelle) ont laissé faire. Il est vrai que, endettés jusqu’au cou, les Etats ont du mal à tancer les créanciers dont les grands établissements financiers ne sont que les intermédiaires, très actifs il est vrai.

Mais où aboutira ce mouvement d’indignation planétaire aux apparences si spontanées? Aux Etats-Unis, certains voient déjà en «Occupons Wall Street» (et ses satellites) le germe de quelque chose de plus vaste, comparable aux mouvements pour les droits citoyens des années 1960 suivis par les mobilisations massives contre la guerre du Vietnam. Déjà les partis tentent, à leur manière, une récupération: les Démocrates sous une timide bienveillance à l’égard des manifestants dans l’espoir de sauver un deuxième mandat pour Barack Obama et les Républicains en dénonçant socialistes, communistes et autres «jaloux de la Cadillac du voisin»...

La situation reste différente en Europe où, hormis en Grèce et en Espagne, le mouvement ne s’est installé que peu à peu. Toujours à l’exception de la Grèce et de l’Espagne en première ligne, les «indignés» sont encore regardés avec méfiance par les syndicats peu enclins à prêter leur concours à ce qu’ils ne contrôlent pas. Avec une autre récente et notable exception: l’Italie où la politique à la Berlusconi a atteint des sommets d’irresponsabilité et d’indécence.

Las des atermoiements de leurs dirigeants, les Européens attendent toujours, et avec de plus en plus d’impatience, une sortie de la crise ou, au moins, une réaction crédible des gouvernements et de l’UE. Pas seulement face au problème posé par la Grèce, à la fois bouc émissaire et détonateur d’un malaise plus vaste. «Toute l’Europe est une tragédie grecque» soulignait hier une pancarte de manifestants allemands devant le quartier des banques à Francfort...

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