TOUT EST DIT

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samedi 15 octobre 2011

"Merkozy" agace les dirigeants européens

Les autres pays de la zone euro reprochent au couple franco-allemand de les mettre sur la touche.

José Manuel Barroso avait rendez-vous vendredi après-midi avec Nicolas Sarkozy pour préparer le sommet de la zone euro du 23 octobre qui devra, coûte que coûte, mettre au point un plan global de sortie de crise. Sans quoi, prévenait récemment le président de la Commission européenne, l'ampleur de la crise, devenue "systémique", ne pourra que s'accroître, pour menacer toute l'économie mondiale.
José Manuel Barroso se fera-t-il l'écho auprès du président français des sentiments mêlés d'exaspération et d'attente envers le couple franco-allemand dont lui font part les autres dirigeants européens ? Beaucoup soulèvent la question franco-allemande, confirme un proche de Barroso, mais pas toujours de façon négative. "Quand le couple franco-allemand ne fait rien, on lui reproche son manque de leadership. Et quand il fait mal, comme à Deauville, on lui reproche d'imposer ses vues. La voie est étroite pour Merkel et Sarkozy", résume un diplomate européen.
Ah, Deauville ! octobre 2010, "Merkozy", comme on surnomme les deux dirigeants dans les institutions européennes, propose une vaste réforme du Pacte de stabilité et une révision des traités européens d'ici à 2013. C'est l'exemple type du donnant-donnant concocté sans consultation des partenaires. La Commission et plusieurs dirigeants réagissent très mal. "Inacceptable", condamne Jean-Claude Juncker, président de l'Eurogroupe et Premier ministre du Luxembourg. "Ce serait irresponsable de mettre sur la table des chimères à propos de nouveaux traités", renchérit Viviane Reding, vice-présidente de la Commission.
Marre de rouler à l'aveuglette
Aujourd'hui, le couple franco-allemand a-t-il retenu les leçons de Deauville ? Pas franchement, s'il faut en croire Jean-Claude Juncker. Le dirigeant luxembourgeois, connu pour ses convictions fédéralistes, a encore récemment dégainé contre ses voisins. Le gouvernement économique de la zone euro, tel que le prévoient les pays membres de l'union monétaire, "ne doit pas être un commando franco-allemand. La coordination de la politique économique ne peut pas vouloir dire j'atterris à Paris et je roule à l'aveuglette derrière une voiture marquée follow me", a-t-il déclaré au quotidien allemand Handelsblatt.
Même son de cloche à Rome. Peu après la réunion, infructueuse, de Berlin, dimanche dernier, entre Sarkozy et Merkel, le ministre italien des Affaires étrangères s'est fait un devoir de critiquer "l'axe" franco-allemand : "Cette rencontre est une perte de temps alors que la Grèce est aux abois. Une situation globale ne se résoudra pas par des axes bilatéraux", a lâché Franco Frattini.
Rien ne change ? Pourtant si, dit-on à La Haye, où l'on se réjouit "du bon travail et des contacts fréquents que nous avons avec la chancellerie à Berlin". Forts de leur triple A, les Néerlandais sont très actifs. Ils ont fait des propositions pour renforcer la discipline budgétaire, comme la nomination d'un commissaire européen doté de pouvoirs forts pour sanctionner les États laxistes. Le Premier ministre Mark Rutte en parlera d'ailleurs mardi à Paris avec Nicolas Sarkozy.
Énervant, mais indispensable
"Le problème du couple franco-allemand, c'est que les marges de manoeuvre sont infimes, résume un diplomate. Nous sommes dans une situation de crise aiguë. Du coup, plus encore que d'habitude, on ne peut rien faire sans un accord franco-allemand, mais, plus encore que d'habitude, cet accord est si bordé, les enjeux sont si importants, et les conséquences si énormes, que c'est difficile de modifier un seul paramètre de l'accord sans le mettre à mal entièrement."
Commentaire de José Manuel Barroso, vendredi, invité des journées parlementaires de l'UMP : "Évidemment, rien ne peut aboutir en Europe sans une coopération étroite entre la France et l'Allemagne et nous ne pouvons que désirer et appuyer tous les efforts pour une convergence entre les deux plus grandes économies de la zone euro. Mais en même temps, il faut travailler ensemble avec nos institutions, c'est la seule façon d'avoir avec nous tous les autres États membres, grands et petits, riches et moins riches, anciens ou nouveaux."

 

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