TOUT EST DIT

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samedi 29 septembre 2012

Et tous les sexes seront égaux. À mort.

Aujourd'hui, j'aurais pu vous parler du discours pathétique de Hollande à la tribune de l'ONU. Mais je n'aime pas trop la soupe froide et clairette. Heureusement, pendant qu'un fromage se produisait à Broadway, des minustres du gouvernement n'ont pas pu s'empêcher de commettre plusieurs paragraphes dans Le Monde pour expliquer leur point de vue sur l'école, le sexisme et les méchants stéréotypes dont souffre la société. Devant une telle volée de bisous, je ne pouvais pas rester de marbre.

Les deux auteurs du textes sont, déjà, des habitués de Contrepoints. Il ne leur a pas fallu longtemps pour le devenir, au demeurant.
En général, il faut quelques mois d'exercice à un ministre moyen pour devenir un minustre éclatant. Pour le couple dont il s'agit ici, la transformation de chrysalide gluante en papillon pétomane aura été extrêmement rapide. Vincent Peillon et Najat Vallaud-Belkacem sont en effet des athlètes de haut-niveau du pipotron de combat ce qui a valu au premier le maroquin de l’Éducation, qu'il entend rendre état neuf très peu servi, et à la seconde le poste envié de porte-parole d'un gouvernement commodément aphone. L'un comme l'autre se seront donc employés à fournir, depuis les quatre derniers mois, une matière volumineuse et ininterrompue d'air chaud et agité pour parfaire leur niveau général de pipotronique avancée.
Vincent Peillon, c'est le ministre du rythme scolaire. Comme tous les autres avant lui. C'est le ministre qui augmente le nombre de jours de classe en allongeant les vacances. C'est le ministre qui devra trouver une méthode amusante et surtout discrète pour recruter 40.000 professeurs dans une France exsangue, tout en faisant croire à la rigueur budgétaire et une saine gestion des finances publiques.
Najat Vallaud-Belkacem, c'est la ministre qui veut interdire la prostitution, parce qu'il suffit d'interdire un problème pour le résoudre. C'est la ministre qui, à défaut de porter une parole, trimballe des petites phrases, tout en se tirant une balle dans le pied ce qui demande une maîtrise que seule une athlète de la pipologie expérimentale de niveau 25 est capable de dompter.

peillon & belkacem, trop mignon

Et Vincent et Najat, c'est donc ce couple glamour qui babille des bêtises dans un petit couffin douillet offert par Le Monde. Le sujet ? Cela aurait pu être cuisine, poterie, macramé, mais c'est sur l'égalité entre les filles et les garçons que V&N auront choisi de nous entretenir. Attention : il ne s'agit pas de l'égalité en tant que telle, éthérée, dans la vie de tous les jours. Non. Il s'agit bel et bien de leur égalité dans le cadre de l'école républicaine.
La question, d'emblée, taraude nos deux sémillants auteurs qui l'expriment ainsi :
L'école mixte n'est-elle pas déjà le creuset de l'égalité ? La réussite scolaire des filles aux examens et la relative surreprésentation des garçons parmi ceux qui décrochent de notre système scolaire n'est-elle pas le signe que l'école compense largement les inégalités de genre ?
Cela envoie donc du bois dont on fait les pipeaux dès les premières phrases, ce qui peut être un peu douloureux pour le lecteur lambda qui débarque sur l'article du Monde en pensant y trouver sa ration quotidienne de platitudes intellectuelles compassées. Philosophiquement parlant, la phrase de notre couple manifestement adepte du bondage violent est tout de même sévèrement burnée. D'un côté, le constat est effrayant : l'école compense largement les zinégalités de genre puisque trop de filles réussissent aux examens (ou pas assez de mecs, au choix). De l'autre, cela revient à dire que sans l'intervention égalisatrice pour compenser ces inégalités, l'école aurait produit des bataillons de réussites mâles pour des cohortes d'échecs féminins. Autre interprétation possible : cette phrase est un gloubiboulga ou tout et son contraire courent à fond de train pour se percuter dans le noir d'une absence de pensée dramatique avec un petit chbing! comique. Je laisse le lecteur décider.
La suite de notre exploration nous permet de découvrir, un sourcil en mode "Ah bon ?", que l'école a pour, je cite, "objectif fondamental", "L'égalité entre les femmes et les hommes". Et c'est bien de le dire, puisque moi, benêt que je suis, j'en étais resté à l'objectif primordial d'apprentissage des bases essentielles du savoir, celui qui libère l'individu en le rendant autonome, ainsi que, sur la durée, celui d'un métier qui permet tout de même de gagner sa vie, hein, c'est pas plus mal aussi.
Je me trompais. L'objectif fondamental, j'insiste sur ce mot puisque c'est celui choisi par V&N, est donc de faire croire que les hommes et les femmes sont égaux. Et pas seulement en droit, ce qui eut, pour le coup, été légitime, mais bien plus puisque "L'école reproduit encore trop souvent des stéréotypes sexistes". Et quels stéréotypes ! L'exemple naturellement fourni par nos deux clowns minustres est effectivement frappant, et je le cite bien comme il faut :
Programmes et manuels entretiennent trop souvent ces représentations inégalitaires : combien de "grandes femmes" pour tous ces "grands hommes" dans les livres d'histoire ?
Ah oui. Tout de même. Je comparais, dans un précédent billet, les saillies de Hamon aux bordées d'un Yamato politique. Et qu'y a-t-il de pire qu'un ministre lancé sur un sujet débile ? Facile : deux ministres.
L'Histoire de France est donc salement inégalitaire. Saloperie de France qui n'a pas produit des Marie Curie harmonieusement dispersées dans son Histoire, un peu ici, un peu là. Connerie de pays qui n'a rien trouvé de mieux à faire qu'avoir bêtement des Rois et des Présidents plutôt que des Reines et des Présidentes ! C'est vraiment trop injuste !
Mais le constat ne s'arrête pas au méchant sexisme de l'Histoire. L'inégalité sexuelle se niche à des endroits insoupçonnés :
les filles ont de meilleurs résultats scolaires que les garçons mais leurs choix d'orientation – et plus encore les choix qui sont faits pour elles – demeurent très traditionnels et trop souvent restreints à quelques secteurs d'activité.
C'est effectivement un scandale. Il y a trop d'hommes chez les sages-femmes, les maîtresses d'école, ou dans la magistrature ! C'est incroyable cette enquiquinante propension du réel à coller des femmes dans les assistantes maternelles (99%), le secrétariat (97%), dans les professions de santé, en sociologie... C'est stupéfiant que ces tendances soient présentes partout dans le monde (i.e. celui où les femmes ont le droit de travailler, hein). C'est incroyable l'écrasante majorité, tous pays confondus, de chefs d'orchestres masculins. C'est bizarre, ce nombre d'hommes chez les informaticiens et les électroniciens, là encore, toujours en majorité sur toute la planète. L'explication est évidente : il s'agit d'un complot mondial.
Ce n'est pas une fatalité !
Avec Najat Et Vincent, du Collectif "Rétrécissons les différences et les sexes", on peut encore, tous ensemble, changer ce biais ! D'ailleurs, ils le disent eux-mêmes :
Il est de notre responsabilité de provoquer une prise de conscience de ces phénomènes inconscients pour que les regards changent, que nous parvenions à ce « déconditionnement » des mentalités dont parlait déjà Yvette Roudy, ministre des droits des femmes en 1981.
Sacré Roudy ! D'un autre côté, Yvette nous fait prendre conscience que cela fait trente ans qu'on s'acharne à égaliser à grands coups de lois et de pelle sur la nuque, et malgré tout, on observe encore des cochonneries de disparités de crotte ! La conclusion est évidente, limpide, logique : il faudra plus de lois, et, au besoin, plus de coups de pelle :
De très nombreuses initiatives, locales comme nationales, des partenariats entre l'école et les associations, construisent au quotidien une culture du refus des préjugés, des discriminations et des violences, une culture émancipatrice. Nous travaillons pour faire de ces innovations multiples une véritable politique. Et nous le ferons en nous adressant ensemble aux acteurs de l'éducation
Et voilà : grâce à une panoplie d'innovations (forcément essentielles puisqu'on n'y avait pas pensé les milles dernières années, ou les cents, ou les dix), on va aplanir ces inégalités par le rouleau compresseur républicain. Ce sera vraiment bath, vous allez voir : la purée qui ressortira du concasseur citoyen et égalitaire sera directement poussée dans les gosiers pépiants des générations suivantes avides d'une nourriture intellectuelle facile à digérer. Et puis, surtout, toutes ces innovations à base de partenariat associatif vibrant de non-discrimination totale, cela n'a pas été tenté, depuis trente ans (hat tip à Yvette, toujours).
Egalité, Taxes, Bisous : République du Bisounoursland

On pourrait croire que l'exercice de Vincent & Najat est unique en son genre, petite perlouse de vent douteux lâchée entre deux corridors feutrés d'une République occupée à branlouiller du sociétal lorsque ses institutions s'effondrent sous leur propre poids. Malheureusement, ce genre de production consternante est devenue une espèce de marotte de certains intellectuels de la société française qui s'emploient, avec frénésie et une certaine gourmandise, à bousiller consciencieusement tout ce qui pourrait vaguement s'apparenter encore à une instruction dans ce pays.
C'est vrai pour l’Éducation nationale, mais cela est vrai, finalement, partout ailleurs puisque les lubies aplanissantes, bien au-delà de l'aspect sexuel ou "de genre", se retrouvent dans le marché du travail, dans la presse, à la radio, à la télé, et pour n'importe quel sujet : aplanissons les salaires ! Aplanissons les horaires ! Aplanissons les races ! Aplanissons les opinions ! Aplanissons les productions ! Aplanissons les déficits ou les bénéfices ! Aplanissons tout ! Paf.
Et à force d'aplanir de tous les côtés, on finira par obtenir une société de petits cubes, faciles à ranger, à compter, à manipuler.
Des petits cubes morts.

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