Pour la nuit d’Halloween, ce soir, il n’y aura pas besoin de sortir les masques grimaçants, les costumes de sorcières et les faux squelettes phosphorescents. Tout ce Saint-Frusquin de l’horreur est déjà sur la scène de la vie politique depuis une bonne semaine, il entend bien le rester pour la suivante, et s’installer dans l’au-delà énigmatique de ce mois de novembre bien périlleux.
C’est peut-être une façon de repousser les démons de l’inconnu. Le réel est si inquiétant que les acteurs de notre démocratie, comme des enfants faussement fanfarons, jouent à se faire peur et se prennent à nous emmener dans la ronde de leurs terreurs. Si on les comprend bien, le monde vient d’échapper à une catastrophe prête à le ruiner. Il s’en est fallu d’un souffle, celui de la nuit magique de Bruxelles, qui aurait dissipé la menace. Abracadabra :«l’euro est sauvé». Comme dans Harry Potter, la formule a «marché» au tout dernier moment. En attendant le nouveau péril de la séquence suivante… Car Voldemort, l’esprit destructeur qui agite «les marchés» - cette hydre sans corps - renaît sans cesse de ses cendres pour revenir à la charge.
Ce film à rebondissements devient anxiogène au-delà du niveau d’intensité incontestable de notre époque agitée. Un président diabolisé pour sa propension supposée à demander l’aumône à la Chine. Un prétendant démonétisé par ses 60 000 emplois promis pour l’Education nationale. Le débat ne sort pas d’une espèce de dramatisation obligatoire dans laquelle les uns et les autres semblent se complaire. Perdu pour perdu, chacun s’épanouit dans un obscurantisme de circonstance. Et de pacotille.
Le noir n’est pas si noir, pourtant. Peu à peu l’idée européenne fait son chemin presque clandestinement, hélas. Si le président s’est montré excellent pédagogue, mercredi soir, il n’est pas allé jusqu’au bout de sa démonstration, sans doute pour ne pas effrayer les braves gens. Mais bien sûr qu’il faudra payer pour les Grecs! Comment pourrait-il en être autrement? Le fédéralisme de notre continent est une idée positive, à l’échelle des défis de civilisation qui nous sont posés. Encore faut-il que nos parlements nationaux se l’approprient. Encore faut-il que le Parlement européen, totalement marginalisé sur ce dossier, en soit une des dynamos. Il est temps d’affronter ce qu’on appelle «la crise» comme les convulsions douloureuses qui accompagnent la naissance d’un monde nouveau. Vieille de 2000 ans, Halloween est une fête où l’on accueillait l’arrivée des ténèbres avec des feux qui permettaient de croire au retour du soleil. Nous y sommes.
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire