lundi 24 octobre 2011
Europe : encore un peu de patience !
Face à une tâche aussi gigantesque que de sauver l'euro et l'Europe - un défi sans précédent dans l'histoire - il n'est pas choquant, en soi, que les politiques réclament un peu de temps. La complexité des solutions à apporter nécessite une appréciation aussi rigoureuse que possible des conséquences dans un environnement mouvant, incertain et souvent hostile. Une recapitalisation mal calibrée des banques et cela peut être la catastrophe pour les banques elles-mêmes, les États, les contribuables. Une digue mal construite pour sauver la Grèce et c'est le doute ravageur qui s'instille pour les édifices suivants, italien en tête.
Il serait évidemment injuste d'accabler les politiques, car ils ont su agir ces derniers mois : venir au secours de l'Irlande et de la Grèce, créer un fonds permanent de solidarité européen... Il serait tout aussi irresponsable de les dédouaner sans autre forme de procès, tant ils font d'efforts pour démontrer, avec une constance désarmante, qu'ils ont le bras un peu court depuis le début de la crise. Et ce n'est pas la timide esquisse de révision du traité de l'Union qui semble y changer grand-chose.
Le sommet de Bruxelles renforce plutôt ce que les révélateurs irlandais et grecs dessinent depuis un an. Les patrons politiques de l'Europe font trop peu, trop tard, trop incohérent. Trop peu ? Ils passent leur temps à abonder, laborieusement, des fonds et des plans de soutien qui se révèlent chaque fois trop justes ! Trop tard ? Avant même que le plan d'aide à la Grèce du 21 juillet ne soit adopté avec une lenteur démocratique un peu désespérante, la roue de l'histoire était déjà passée à la phase de l'effacement d'une partie de la dette grecque !
Trop incohérent ? C'est peu dire que la communication a été et reste désordonnée, décousue, contradictoire. Faussement rassurante, donc contre-productive, auprès des marchés toujours prêts à s'enflammer à la moindre mèche de petite phrase, comme auprès des opinions déboussolées.
En fait, le problème central de l'Europe, souligné plus que jamais ce week-end, réside dans l'absence cruciale d'une gouvernance solidaire, bâtie sur un projet, une politique économique et un destin communs. Bref, fédéraliste. Les désaccords multipliés entre Angela Merkel et Nicolas Sarkozy ne sont pas seulement affaire de culture, de contexte politique interne ou de tempérament (il serait trop pressé, elle serait trop lente.) Ils traduisent l'existence d'un handicap majeur de vision partagée qui pourrait s'avérer mortifère.
L'Europe manque cruellement d'un patron incontesté et incontestable, parce que ses deux leaders naturels ont des philosophies politiques assez antinomiques. La querelle du moment sur les rôles du fonds européen de solidarité et de la Banque centrale (BCE) illustre, une fois de plus, le fossé qui sépare profondément l'Allemagne « rigoriste » qui rechigne à sortir le chéquier, d'une France plus volontariste mais qui semble parfois « dépensière. »
Le souci, l'énorme souci, c'est qu'à force de tergiverser, on se rapproche un peu plus d'une vraie cassure franco-allemande et de la déflagration nucléaire que constituerait l'éclatement de la zone euro. Alors que déjà deux autres crises inquiétantes se greffent, aujourd'hui, sur celle des dettes souveraines. Économique : la France a un bon pied dans la récession et l'Allemagne s'en rapproche. Sociale : la capacité des peuples à accepter la situation fait de plus en plus débat et défaut. Pas seulement en Grèce.
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