Le premier «sommet» télévisé du PS a tenu toutes ses promesses. Il a été d’un ennui profond. France 2 avait pourtant fait beaucoup d’efforts pour dynamiser la formule avec des séquences courtes et rythmées. Rien n’y a fait: c’est le modèle d’émission qui est essoufflé. On a eu l’impression de revivre le même type de programme qu’en 2006. Il y a cinq ans...
La soirée d’hier a été emblématique de la sclérose de la vie politique française. Le monde a profondément changé, la crise bouleverse tous les repères, l’avenir ne peut plus se concevoir comme on le faisait auparavant, et le débat franco-français, lui, continue de ronronner. Le reste de la planète est resté à la porte du plateau...
La dette a tout écrasé, pourtant, comme si elle ligotait à l’avance les six prétendants à la candidature socialiste. Confisquerait-elle déjà les promesses de changements qu’ils sont censés porter? Les compétiteurs ont donné l’impression de ramer à contre-courant de l’actualité dans l’espoir de trouver dans les remous d’introuvables marges pour manœuvrer.
C’est une évidence. Même à l’intérieur de ses propres primaires, le PS va devoir jouer à l’extérieur, sur un terrain qui ne lui est pas favorable, celui de la rigueur budgétaire, quand il aurait préféré évidemment se placer sur celui du rêve et des projets. En pleine tourmente européenne, les projections du projet socialiste semblent prisonnières d’une situation financière qui soumet chaque jour les pays de la zone euro aux diktats des marchés.
Les calculs arithmétiques ont vampirisé le discours, au risque de creuser un peu plus le fossé entre le pays et ses élites. Dans cet exercice, les prétendants ont été condamnés à un contorsionnisme de circonstance pour prouver à la fois leur volonté de réformer et leur sens des responsabilités sans pour autant parvenir à définir un autre modèle de croissance. Le «peuple de gauche», premier concerné par les primaires, n’aura certainement pas trouvé son compte dans cette froide réunion d’experts.
Ce direct aura-t-il un impact dans la course à l’Élysée ? Rien n’est moins sûr. Si les protagonistes sont parvenus à gérer courtoisement leurs divergences, peu de lignes de forces se sont dégagées de ces conversations décousues mêlant l’essentiel et l’accessoire. Pas de quoi bousculer les rapports de force. Cadenassé par la peur du dérapage, le débat à six a ronronné. Chacun est resté dans son rôle, dans son registre et dans son statut. Plus affûtés, les deux favoris des sondages, François Hollande et Martine Aubry, ont mis de l’intensité dans l’émission même si Arnaud Montebourg et Manuel Valls ont su valoriser leur spécificité. Ségolène Royal, elle, n’a pas fait la différence devant les caméras, comme elle l’espérait. Une prestation insuffisante pour réduire l’écart avec le duo de tête. Une soirée pour rien ?
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