TOUT EST DIT

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lundi 19 septembre 2011

L'indispensable confiance

Nos sociétés sont dépendantes d'une valeur non matérielle sans laquelle elles ne peuvent fonctionner : la confiance. La chose n'est pas nouvelle. Elle est au fondement de toute société, y compris les plus primitives. Mais dans sa forme la plus élémentaire, elle repose sur une relation : « Je te fais confiance parce que je te connais. » C'est sur ce principe, par exemple, que fonctionnent les tontines, forme d'épargne et de solidarité que l'on trouve dans de nombreuses sociétés, notamment asiatiques. Mais c'est l'Occident qui en a développé le plus systématiquement les formes modernes, depuis l'institution de la lettre de change par les banquiers florentins, à la Renaissance ¯ il en fallait de la confiance pour échanger, contre le papier d'un collègue, de l'or sonnant et trébuchant ! ¯ jusqu'à l'institution du « trust » dans les pays de droit anglo-saxon.
Sans confiance, pas de contrats, pas d'échanges, pas de commerce. Il est significatif que le mot confiance ait la même étymologie que le mot « foi » et que la confusion entre la foi en Dieu et la confiance matérielle soit particulièrement accentuée dans le cas du dollar américain qui proclame, sur chaque billet, « In God we Trust » (En Dieu nous croyons).
Le passage d'une foi aveugle et inconditionnelle à une confiance raisonnée et collective s'est traduit, en politique, par la mise en place du système représentatif qui est à la base de toutes nos démocraties. Nous élisons nos représentants politiques, nous leur faisons confiance, quitte à les renvoyer s'ils semblent avoir trahi le mandat que nous leur avions confié. Processus identique au niveau du Parlement, où les élus votent la confiance (ou la défiance) au gouvernement.
Elle ne se décrète pas
Dans les relations privées comme publiques, la confiance est le ressort du fonctionnement social. Une société où la confiance a disparu doit recourir à la force et est condamnée à court ou moyen terme. C'est le sort inéluctable des dictatures et des totalitarismes. Les conséquences sont du même ordre dans la sphère économique. Sans confiance, l'activité se bloque, les investissements s'arrêtent, la consommation s'étiole au profit de l'épargne de précaution. Les agents économiques ont besoin d'avoir confiance en leurs partenaires, mais aussi dans l'avenir.
La confiance ne se décrète pas. C'est pourquoi l'effondrement de la confiance, tant en politique que sur les marchés, est aujourd'hui si préoccupant. Beaucoup ont perdu leurs boussoles habituelles, par exemple la confiance dans tel ou tel leader ou parti, ou dans de grands projets comme la construction européenne, la confiance dans la possibilité de construire un monde meilleur, la confiance dans la certitude que l'épargne réalisée sera retrouvée à terme.
La crise présente, économique aussi bien que politique, ne pourra se résoudre que lorsque la confiance des électeurs et des agents économiques sera revenue. Ce sera un chemin long et difficile, compte tenu de la défiance qui s'est installée. C'est pourtant la seule issue de secours. Cela nécessitera que ceux en qui nous mettons habituellement notre confiance, en tant que citoyens ou consommateurs (élus, partis, entreprises, organisations sociales), recréent les conditions propices à son renouveau. Cela passe par des propositions nouvelles, la restauration de l'estime et du respect pour les élites, un « nouveau contrat de confiance ».

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