Jusqu’au 14 mai, DSK rassemblait. Depuis, il divise. Il «clive», comme on dit désormais dans le jargon politico-médiatique. Déluge de flashs, course des caméras, siège des paparazzis : son retour à Paris, digne de celui d’une rock star sulfureuse, et sa place dans l’actualité dominicale suffisent à montrer à quel point le destin de l’ex-patron du FMI ne passionne pas seulement les médias, mais - quoi qu’ils en disent - la plupart des Français. Comment l’histoire - tout de même extraordinaire - d’un favori à la présidentielle emprisonné pour viol présumé dans l’une des pires prisons américaines, puis libéré, pourrait-elle ne pas captiver? Il était inévitable que la suite du feuilleton allait aiguiser la curiosité. Le scénario d’hier était parfaitement prévisible.
«Qu’on le laisse respirer», s’étonnent candidement, pourtant, les amis du héros du jour. Mais comment pouvaient-ils imaginer que leur cher «Dominique» pourrait rentrer d’un long voyage comme n’importe quel passager, fût-ce du bout de l’enfer? De son enfer. Après avoir porté pendant des mois les espoirs politiques d’une majorité de l’opinion - si on en croit les sondages dont il était crédité -, il est normal que DSK en soit aujourd’hui comptable. Cet économiste d’élite sait bien qu’il ne peut s’exonérer d’une exposition à la mesure de la confiance qu’il avait suscitée. L’impatience de la presse serait insupportable? Oui, la vie publique est parfois pénible, mais c’est le prix à payer pour une carrière politique qui réserve aussi des émotions et des conforts exceptionnels. Personne n’oblige à la choisir. Alors, quand vient le moment de payer l’addition de l’ambition et de la célébrité, il faut l’assumer sans pleurnicher. Et la notoriété coûte cher à ceux qui flirtent avec les limites des règles du jeu.
Il ne faut pas être naïf non plus. L’opération réhabilitation a déjà commencé. Ni anonymat de l’arrivée (c’était possible à Roissy), ni déclaration spontanée: tout était sans doute calculé au millimètre par les redoutables communiquants de DSK. Hier, nous avons donc vu les images d’un couple souriant, heureux de se retrouver chez lui après une si longue absence et volontiers complaisant avec les objectifs (ah, ils sont là, chérie, regarde…). Des instantanés qui suscitent forcément une certaine sympathie inconsciente. En revanche, pas un mot. La vérité de l’homme blessé par l’injustice se négocie avec TF1 et le Point. La «rédemption» programmée dépendra bien du bon vouloir des dieux, mais ce sont ceux de la télé et de l’audimat. La morale? On sait bien qu’elle fait chambre à part avec le droit quand elle ne le trompe pas effrontément.
L’UMP, elle, a été jalouse de ce succès tonitruant, et l’a fait savoir. Elle ne devrait pas. DSK, allié objectif décidément, ne lui a-t-il pas rendu un très grand service, finalement, en éclipsant les frasques de son calamiteux week-end marseillais ?
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