Il n'est plus nécessaire d'avoir patiemment conquis le parti, maîtrisé ses arcanes, appris sa langue, investi ses réseaux, apprivoisé ses courants dominants, reconnu son héritage, enrichi sa doctrine, pour le conduire à la bataille. Il s'agit désormais de séduire ses militants, puis ses sympathisants, et maintenant « le peuple de gauche ». On ne sait pas si la tâche est plus ou moins facile ce que l'on sait, c'est que ce n'est plus le même travail.
Les primaires, sorte de demi-finale de la compétition présidentielle, marquent la victoire définitive de la démocratie d'opinion sur la démocratie représentative de la personnalisation sur la délibération de la présidentialisation sur le parlementarisme. Elles n'en sont pas la cause, mais le simple effet.
L'élaboration collective du programme, la lente et progressive désignation des dirigeants par les militants ont déserté les partis de gouvernement depuis bien longtemps.
On peut même parier que l'opinion prendra goût à ce qu'on la consulte à tout propos. Les primaires, uniquement présidentielles et socialistes aujourd'hui, pourraient prendre de l'ampleur, verticalement et horizontalement. Si l'on désigne le candidat à la présidentielle par des primaires, pourquoi ne pas le faire pour les candidats aux municipales et aux législatives ? Et si les électeurs de gauche peuvent choisir leurs candidats, pourquoi les électeurs de droite ne le voudraient-ils pas ?
Il est sans doute aussi intéressant qu'inutile de se poser la question de savoir s'il s'agit d'un progrès de la démocratie, ou d'une régression. C'est ainsi ! Après deux siècles de certitudes suivies de déconvenues, le XXIe naissant ne connaît que la crise, et ne sait pas très bien comment en sortir. Alors il fait tourner les candidats dans le grand manège électoral, et il les note.
Les primaires, sorte de demi-finale de la présidentielle, marquent la victoire définitive de la démocratie d'opinion sur la démocratie représentative.
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