TOUT EST DIT

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mercredi 28 septembre 2011

Bouée pour la Grèce, béquille pour l’euro

Dire une chose et son contraire, tout en bénéficiant du statut d’oracle : c’est le privilège des « marchés ». Télescopage révélateur, les voici qui dénoncent d’un même souffle la ruine de l’économie grecque, étouffée par l’austérité, et la désinvolture italienne, qui en ralentit la mise en œuvre. Ne peut-on imaginer une autre « règle d’or » que celle qui consiste à s’affranchir à ce point du joug de la raison ?

Supposons que l’urgence soit bien aujourd’hui de « sauver » la Grèce. Si l’on suit le mouvement des idées qui semblent encore dominer, cela signifierait empêcher tout défaut de paiement de l’Etat hellène, et maintenir le pays dans la zone euro. Non seulement parce qu’il serait catastrophique pour les Grecs de faillir à l’un ou l’autre de ces objectifs, mais aussi parce que les conséquences seraient dévastatrices pour le reste de l’Europe. Dans ce sens, sauver la Grèce serait bon pour les Grecs et pour les Européens dans leur ensemble. Admettons un instant cela, et posons-nous la question suivante : quelles en seraient les conditions de possibilité ?
Pour mettre les choses au mieux, supposons qu’Athènes parvienne à rétablir ses finances publiques d’ici trois ou quatre ans, en sorte que la dette ne dépasse pas l’équivalent de 200 % du produit intérieur brut (PIB). Ce n’est pas gagné : elle approche actuellement les 160 %, et le déficit budgétaire enregistré pour la période janvier-août 2011 est de 18 milliards d’euros (soit 9 points de PIB). Loin de se résorber, ce dernier s’accroît, en grande partie du fait que l’austérité effarante imposée à la population a encore approfondi la récession ; l’activité économique reculera de 5 % en 2011. La ristourne de 21 % sur le montant de leurs créances, acceptée « bénévolement sous la contrainte » par les banques européennes, en vertu de l’accord du 21 juillet, pourrait néanmoins aider à rendre ce seuil de 200 % plausible. La question revient donc à savoir qui pourrait porter à long terme une telle dette, à des conditions financières qui n’asphyxient pas complètement la société grecque (on ne parle pas de lui rendre sa joie de vivre…) ?

Alors, le pire deviendrait certain

Première partie de la réponse : en l’absence de toute mesure contraignante, seule la puissance publique européenne aura encore bientôt le goût de détenir cette dette. Comme l’énonce en toute simplicité une officine financière, « nous n’imaginons pas que les investisseurs reviennent à l’achat  ». Non (...)
Retrouvez la version intégrale de cet article dans Le Monde diplomatique d’octobre 2011 actuellement en kiosques.

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