TOUT EST DIT

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mardi 12 avril 2011

L'espoir revient à Abidjan


Un grand port, Abidjan. Deux présidents, Gbagbo et Ouattara. Quatre mois d'attente et de manoeuvres en coulisse. Ce sont les éléments du drame ivoirien qui vient, en partie, de se dénouer, hier, avec l'arrestation de Laurent Gbagbo. La Côte d'Ivoire a désormais un seul Président, reconnu internationalement : Alassane Ouattara. Le pire, une guerre civile sans frein, a sans doute été évité. Le plus difficile commence pourtant : la pacification.

Au lendemain de l'élection présidentielle, Alassane Ouattara était dans une situation étrange. Reconnu par Paris, Washington, l'Onu et bientôt l'Organisation de l'unité africaine, épaulé par le ralliement du Premier ministre Guillaume Soro, acteur central du processus politique ivoirien, il était isolé dans Abidjan. Cloîtré, même, à l'Hôtel du Golf, sous la protection des Casques bleus. Contraint d'engager une bataille de légitimité qui semblait devoir rouvrir inexorablement les profondes divisions ivoiriennes.

En quatre mois, Ouattara est parvenu à renverser ce rapport de force. En obtenant d'abord des soutiens extérieurs pour isoler diplomatiquement, politiquement, financièrement, son adversaire. Puis en oeuvrant sur la scène intérieure pour rallier des militaires, avant de porter, à la fin mars, une offensive décisive. Il ne restait plus qu'à prendre le président sortant, cloîtré à son tour dans Abidjan. Avec suffisamment de force pour ne plus lui permettre de jouer la montre. Avec suffisamment de doigté pour ne pas commettre de faux pas.

Ainsi racontée, la stratégie du président élu s'est révélée subtile et payante. Mélange de force et de patience. Ancien fonctionnaire du Fonds monétaire international, Alassane Ouattara a parfaitement saisi l'importance des alliances internationales. Il a compris que, même si sa victoire dans les urnes risquait d'être confisquée, sa reconquête sur le terrain devait être encore plus légitime que le vote.

De ce point de vue, le rôle de Paris a été déterminant. Dès le lendemain de l'élection, avec la reconnaissance immédiate du nouveau Président. Aux Nations unies, où la France a fait adopter des textes décisifs. Auprès des instances africaines, pour isoler financièrement Gbagbo. Sur le terrain, enfin, au moment de l'encerclement final. Un rôle si déterminant qu'il va rester, aux yeux de la population ivoirienne, associé à l'installation du nouveau pouvoir. Pour les douze mille expatriés français qui résident sur le sol ivoirien, c'est un facteur qui peut peser, voire inquiéter, notamment à Abidjan où le camp Gbagbo était majoritaire.

L'arrestation de Gbagbo donne raison à la stratégie déployée depuis quatre mois. Elle ne peut, toutefois, faire oublier les populations civiles victimes de massacres, notamment à Abidjan et dans l'ouest du pays. Dans les deux camps, des crimes ont été commis. Alassane Ouattara a promis de faire juger tous les responsables, quel que soit leur bord. C'est là que va maintenant se jouer sa légitimité.

L'espoir reste fragile, les clivages profonds et les blessures ouvertes. Mais une majorité d'Ivoiriens sont sans doute soulagés de voir la décennie Gbagbo et ses violences prendre fin. Il revient à Ouattara de donner corps à cet espoir, en oeuvrant immédiatement à la réconciliation. Son chantier le plus difficile.





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