TOUT EST DIT

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mardi 12 avril 2011

« Le cauchemar est terminé » Pas sûr, hélas...

« Le cauchemar est terminé. » On voudrait tellement croire cette affirmation de l’ancien Premier ministre ivoirien Guillaume Soro ! On voudrait tellement croire que l’arrestation de Laurent Gbagbo mettra fin à la guerre civile. Et on voudrait tellement croire que dix années d’instabilité ne seront bientôt plus qu’un mauvais souvenir, et que le pays retrouvera rapidement le chemin du développement.

Le vainqueur de l’interminable duel qui a mené la Côte d’Ivoire au bord de l’abîme a voulu donner des gages de l’avenir de la réconciliation nationale en se proclamant, à la télévision, comme « le président de tous les Ivoiriens ». Émanant d’un homme qui a loin d’avoir un charisme capable de soulever les montagnes, à la Mandela, cette incantation ne suffira probablement pas.

L’opposition entre le nord majoritairement musulman et le sud, dominé par les catholiques, est sans commune mesure, c’est vrai, avec le type de haine ancestrale que se vouaient Hutus et Tutsies au Rwanda. La déchirure ethnique qui a eu le temps de s’infecter depuis 2000 reste réductible et soignable. En revanche, la violence du conflit va laisser des traces qui ne s’effaceront pas sous l’effet de la volonté de l’ONU. Tout laisse redouter que les massacres, viols et autres exactions perpétrés par les deux camps - qu’on redoute de découvrir maintenant que les armes vont se taire - attisent des pulsions de vengeance que la diplomatie et la logique du rapport de forces peineront à contenir.

Vaincu, le président déchu n’était pas isolé, comme l’étaient Ben Ali et Moubarak. Non seulement, il reste le chef d’un clan mais aux yeux de ses partisans il va continuer d’apparaître comme le porte-flambeau de la résistance d’un nationalisme ivoirien face à la puissance coloniale française. Il incarne aussi le symbole d’une « ivoirité » dont il s’est autoproclamé le héraut et dont les ressorts continuent de jouer dans une nation jeune toujours à la recherche d’une identité collective.

Les conditions de la défaite finale de Gbagbo affaiblissent, paradoxalement, la légitimité de la victoire de son vainqueur. Toutes les précautions oratoires prises par Paris n’y changeront rien : Alassane Ouattara restera, dans les esprits, un président installé par les bombardements et les hélicoptères français... Qu’ils aient pris le soin d’opérer à la demande express du secrétaire général des Nations-Unies, Ban Ki Moon, n’y changera rien !

La France a tout fait pour ne pas être piégée dans ce rôle tutélaire qui est loin d’être un atout diplomatique d’avenir pour compter dans l’Afrique de demain. En vain. Trop d’intérêts économiques et humains étaient en jeu... Il ne lui reste plus qu’à aller jusqu’au bout de son statut en inspirant un règlement apaisé et conciliant du cas Gbagbo, pour faire retomber la pression. Ce n’est pas gagné.

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