Une participation faible, surtout en période morose, profite au parti qui mobilise traditionnellement le plus et à celui qui capitalise le mieux sur la grogne. Le taux d’abstention, c’était prévisible, a atteint un nouveau record hier, et dans un tel contexte, bingo, c’est bien entendu le Front national qui rafle la mise, confirmant les signaux délivrés par les récents sondages d’opinion. Surfant habilement sur le malaise social, la formation désormais conduite par Marine Le Pen a le vent en poupe, à quatorze mois de la présidentielle.
La principale composante de la gauche, le PS, réalise globalement un bon score, en tête de ce premier tour des cantonales, mais ses problèmes demeurent entiers, dans la perspective de l’élection suprême. Plusieurs prétendants à l’Élysée, un programme électoral qui reste à établir : les socialistes, flous, flous, flous, n’ont pas de quoi trop se réjouir.
Ou alors seulement parce que la droite va mal, très mal. Son chef de guerre, Nicolas Sarkozy a repris pied sur la scène internationale. Mais sur le terrain intérieur, l’enlisement du président de la République est tel que son camp va douter encore plus de ses chances de l’emporter en 2012. La stratégie ambiguë de ces derniers mois, qui était censée affaiblir l’extrême-droite en abordant des thèmes qui lui sont chers, s’est révélée désastreuse, puisque l’UMP est talonnée par le FN.
Davantage encore que les résultats chiffrés d’hier, c’est cette réalité qui empoisonnera la majorité dans la campagne qui se prépare. Redoutables venins !
L’intervention contre le dictateur libyen, qui datait de la veille, n’a pas pu avoir d’influence sur les votes d’hier. Imperceptible aussi, l’impact, dans ce scrutin, de la catastrophe au Japon. On aurait pu imaginer qu’elle apporterait des voix aux anti-nucléaires, les écologistes par conséquent, mais aucun effet direct ne semble mesurable dans les urnes.
Ce vote, rappelons-le, ne concerne que la moitié des cantons français et se déroule à plus d’un an de la confrontation majeure, une éternité. Tour de chauffe imparfait et lointain. Mais il va incontestablement modifier les trajectoires de tous les candidats. Et promet une campagne présidentielle aussi dure qu’incertaine.
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