TOUT EST DIT

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lundi 21 mars 2011

La majorité bousculée par le FN

À quatorze mois de la présidentielle, la victoire de la gauche et la chute de l'UMP aux cantonales constituent une photographie indiscutable de l'opinion. Mais si le FN talonne le parti présidentiel, il est trop tôt pour tenter une projection à partir du premier tour d'un scrutin qui concerne la moitié des électeurs, qui reste par nature en partie local et qui résulte d'une piètre participation, de l'ordre de 45 %, comme aux régionales.

Le taux - historique - d'abstention confirme les prévisions : à défaut de connaître leur conseiller général et ses compétences, les Français savent qu'il n'existera plus, dans trois ans. Ce système suranné n'encourage pas à voter, surtout quand il fait beau, que l'on distingue mal l'étiquette de certains candidats et que l'angoissante actualité relativise l'importance du vote.

On peut, malgré tout, vérifier si les glissements vers les thèmes d'extrême droite, l'audace risquée de Nicolas Sarkozy en Libye ou la catastrophe nucléaire de Fukushima modifient le score du Front national, de la majorité ou des écologistes.

Deux constantes se confirment. Les scrutins intermédiaires défavorisent la majorité en place : l'UMP, en dépit de l'activité de Nicolas Sarkozy sur la scène internationale, en fait les frais. Et l'abstention profite aux petites formations à forte identité : le Front national et le Front de Gauche l'illustrent. Et c'est ce double mouvement qu'il faut retenir des résultats d'hier soir.

Pour la droite, il signifie que le FN, absent des assemblées départementales, va se retrouver dimanche face à l'UMP ou au PS dans plus de deux cents duels - mais seulement cinq dans l'Ouest - malgré le relèvement du seuil d'accession au second tour. L'enracinement du parti de Marine Le Pen va priver la majorité de réserves de voix, et renforcer mécaniquement la gauche, qui préside déjà 58 départements sur 100.

En appelant à refuser à la fois toute alliance avec le FN et tout front républicain avec la gauche, Jean-François Copé risque même d'accentuer l'abstention et la montée de ses rivaux. Il pourrait aussi accroître les dissidences entre l'aile dure et l'aile sociale-chrétienne de son parti. Ce sera le talon d'Achille de la majorité lors de la présidentielle et des législatives qui suivront.

Pour la gauche, le constat est double. D'une part, le PS gagne, mais par défaut. En pourcentage, il conserve son score de 2008. Mais en raison de l'abstention, il arrive en tête avec moins de voix. Même dans la Corrèze de François Hollande, sa victoire ne sera pas un raz-de-marée. On retrouve le phénomène observé par les enquêtes d'opinion : un net rejet de la majorité sans une vraie adhésion au PS.

Mais à la différence de l'UMP, le PS peut compter sur des réserves importantes à travers des alliances avec les écologistes, dont les idées sont validées par l'actualité, et avec le Front de Gauche - en réalité, surtout le Parti communiste - qui réalise un bon score pour ce genre d'élection. Leader incontestable devant deux alliés de poids comparable, le PS est en situation de faire l'union.

Divisions certaines à droite, rassemblement possible à gauche : après sa victoire aux régionales, l'opposition peut rafler plusieurs présidences de départements et, en attendant un candidat et un projet, se donner un élan supplémentaire.
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