TOUT EST DIT

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jeudi 31 mars 2011

Envers et contre tout

Nicolas Sarkozy est en passe de réaliser le rassemblement dont rêvent tous les élus. Mais c’est contre lui ! Les représentants des six religions de France ont détaillé hier leur opposition au débat sur l’islam, hypocritement rebaptisé « convention sur la laïcité », que l’Élysée maintient envers et contre tout. Les termes sont durs : « Débat malsain », selon le pasteur Claude Baty, débat placé « sous le sceau du calendrier électoral », selon Mgr Podvin, porte-parole de la Conférence des évêques de France… Les dignitaires religieux utilisent habituellement un langage plus diplomatique.

Le chef de l’État avait rendu visite au pape, voici quelques semaines, pour tenter de renouer le contact avec l’électorat catholique dérouté par l’adoration ostentatoire du Veau d’or qui a marqué le début de son mandat. Son obstination à réveiller un débat sur la laïcité qui fait peur à tout le monde réduit ses efforts à néant.

La fronde n’est pas seulement religieuse. Au sein même du gouvernement, François Baroin a souhaité l’arrêt de « tous ces débats » qui déchirent la France et… la majorité. François Fillon, quant à lui, n’assistera pas au colloque. Il vient de s’accrocher durement avec Jean-François Copé à propos de la droitisation de l’UMP, mais son absence, le 5 avril, aurait été décidée « en plein accord avec le président de la République ». Comme quoi la langue de bois remisée par les religieux reste de mise chez les politiques.

Le chef de l’État a choisi de ne pas écouter les protestations. Il n’a pas de stratégie de rechange. Il a déjà reculé sur trop de promesses – pouvoir d’achat, sécurité, État irréprochable — pour sortir indemne d’une nouvelle marche arrière. En outre, il a du mal à concevoir que les thèmes sécuritaires qu’il manie si bien ne lui réussissent plus : il n’a pas changé de discours depuis quatre ans, il a simplement rajouté quelques louches…

Le problème, c’est qu’il est président de la République, c’est-à-dire comptable des dérives qu’il dénonce. Il avait réussi le tour de force, en 2007, de se faire passer pour l’homme de la « rupture » — c’est-à-dire pour un opposant – avec le gouvernement auquel il appartenait. Ne parvenant plus à incarner cette rupture qui n’a jamais eu lieu, il se raccroche à des symboles. Le débat sur la laïcité en est un… potentiellement explosif, malheureusement.

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