jeudi 31 mars 2011
Laïcité ou le débat qui fait pschitt
Le religieux et le politique ne font pas bon ménage, surtout quand celui-ci conçoit le dialogue avec celui-là dans des conditions qui manquent de clarté mais pas d'arrière-pensées. En soi, un débat sur la laïcité - socle du pacte républicain - est noble et légitime en République. En ne lui assignant pas d'objectif précis, en l'inscrivant dans la lignée du « machin » sur l'identité nationale dont les dérapages incontrôlés ont conduit au fiasco que l'on sait, en voulant le mener dans la précipitation et l'orienter, Nicolas Sarkozy s'est fourvoyé. Il a décrété une sorte d'état d'urgence du religieux alors que ses concitoyens l'attendent sur le chômage et la justice sociale, et qu'après tout la laïcité à la française a prouvé depuis plus d'un siècle qu'elle n'est pas en péril. Aussi la déclaration, hier, des responsables des six grandes religions, sortant de leur réserve pour décliner l'invitation, en sonne-t-elle le glas. Leur position est sans nuance ni polémique : l'agenda électoral qui guide la démarche serait source de confusion et de stigmatisation, il n'appartient pas à un parti de vouloir modifier - seul - un fondement de la république. Le débat lancé par Nicolas Sarkozy, scénarisé par Jean-François Copé et instrumentalisé par Claude Guéant, sera donc, non pas annulé, car il ne faut pas désespérer la droite tentée par Marine le Pen, mais expédié. Cela devrait se terminer, tout ça pour ça, par une déclaration politique ou une résolution parlementaire réaffirmant des principes qui au demeurant font consensus. Il suffira de compiler la foultitude de rapports produits par des commissions, lesquels concluent que les problèmes soulevés par la laïcité peuvent en général trouver des réponses dans l'arsenal des lois ou circulaires, et même, chose extraordinaire, dans la construction de lieux de culte.
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