TOUT EST DIT

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jeudi 31 mars 2011

Pas d'huile sur le feu


La laïcité et la place de l'islam dans la société française : Jean-François Copé, patron de l'UMP, s'est proposé, il y a quelques mois, de traiter cette question. Le parti présidentiel doit rendre sa copie le 5 avril. Mais, hier, les représentants des six grandes religions de France sont venus dire leurs réserves. Leur appréciation, sévère, peut se résumer d'un mot : hors sujet. Ce « débat », tel qu'il s'est engagé, est à la fois mal posé, inopportun et à côté des vraies préoccupations des Français.

La déclaration commune de la toute jeune Conférence des responsables de culte en France, créée à l'automne, fera date. Catholiques, protestants, orthodoxes, musulmans, juifs et bouddhistes expriment une position claire. Loin de tout esprit polémique, elle apporte un peu de sérénité et de hauteur.

Sur la laïcité d'abord. Les instances religieuses s'en font, aujourd'hui, les plus ardents défenseurs. « C'est un des piliers de notre pacte républicain, un des supports de notre démocratie. » Elle fait partie du bien commun de notre société. C'est un « précieux acquis » indispensable pour préserver le vivre ensemble. Il ne faut pas le dilapider. Surtout en ces temps troublés.

Les grandes religions nous rappellent que le temps de Dieu n'est pas celui des hommes. Encore moins celui des partis et des échéances électorales. Dans un pays inquiet, « en grande tension nerveuse », comme le dit le Médiateur Jean-Paul Delevoye, inutile de jeter de l'huile sur le feu.

Le moment semble bien mal venu de bousculer les fondements de la loi de 1905. Jean-François Copé a beau jeu de souligner que la loi de séparation des églises et de l'État n'intégrait pas, il y a un siècle, la religion musulmane. Et, a fortiori, l'expression de ses symboles dans l'espace public.

La gêne que cela procure ne doit pas être occultée. C'est un trait de la culture française que d'être heurtée par la visibilité de signes religieux dans l'espace public. Quelle que soit la religion d'ailleurs. On peut en trouver l'origine dans les guerres de religion, extrêmement violentes, qui ont opposé catholiques et protestants.

Mais des phénomènes comme le port du voile, certaines pratiques à l'hôpital, les prières dans les rues relèvent-ils d'un débat sur la laïcité ? Ne faut-il pas plutôt les juger comme d'éventuels troubles à l'ordre public ? C'est un autre sujet et des dispositifs réglementaires existent déjà, comme il en existe pour les créneaux horaires réservés aux femmes dans les piscines et les repas halal dans les cantines.

La laïcité serait-elle pour autant taboue ? Bien sûr que non. Mais le thème a déjà été largement exploré. On ne compte plus le nombre de colloques et de séminaires sur cette question. Autant de réflexions et d'échanges approfondis entre de multiples sensibilités. Rien de comparable avec un débat mené à la hussarde par un parti politique seul, quel qu'il soit.

Une question aussi importante que la laïcité doit être portée par l'ensemble de la société. Or s'agit-il vraiment d'une urgence pour nos concitoyens ? Le chômage, le financement des retraites, la santé, le pouvoir d'achat, l'enseignement, l'environnement, le logement... appellent des réponses plus immédiates. Rude tâche, et déjà amplement suffisante, pour nos gouvernants.





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