TOUT EST DIT

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samedi 5 mars 2011

Débattre de ce qui fâche…

Le débat sur l’identité nationale a fait flop, celui sur l’islam a explosé avant même son décollage, mais l’UMP ne renonce pas et veut mener désormais un débat sur la laïcité… qui ne s’annonce pas moins périlleux que les deux premiers. Nous ne prétendrons pas que le sujet n’intéresse pas les Français. Mais cette frénésie à vouloir débattre de tout ce qui fâche est étrange. Elle ne peut s’expliquer que par la volonté du chef de l’État de renouer les liens distendus avec son électorat.

Nicolas Sarkozy avait réussi à décomplexer la droite entre 2002 et 2007, en prenant à bras-le-corps des sujets devenus tabous depuis l’émergence du Front National. Il avait affaibli au passage le parti lepéniste… et la gauche. Il cherche visiblement à réchauffer la recette. Il est vrai que le PS, malgré quelques autocritiques vite oubliées – de Ségolène Royal notamment – reste tétanisé par tout ce qui touche à la sécurité, à l’immigration, à l’islam, à la nation. La tentation est grande de vouloir surfer sur un prêt-à-penser idéologique qui désespère le peuple de gauche. Sauf que l’on n’est plus en 2007. Nicolas Sarkozy est au pouvoir depuis bientôt quatre ans, et rien n’a changé en matière de délinquance. Les électeurs ont été reconnaissants au candidat Sarkozy d’avoir parlé, sans langue de bois, de leurs problèmes. Ils aimeraient maintenant que les belles paroles se traduisent dans la vie courante, et ils ne voient pas venir grand-chose, hormis des effets d’annonce. À quoi bon multiplier à l’infini les débats si c’est pour pondre des lois qui n’entreront pas en vigueur, faute de moyens accordés à la police et aux magistrats… ou simplement faute de décrets d’application ?

En outre, sur la laïcité, les positions du chef de l’État sont tout sauf univoques. Fin 2007, en visite au Vatican, il aimait si peu le concept qu’il s’était senti obligé de parler de « laïcité positive ». Il avait choqué, alors, en affirmant que « l’instituteur ne pourra jamais remplacer le curé ou le pasteur ». Depuis le départ de sa conseillère Emmanuelle Mignon, il semble être revenu à de meilleurs sentiments envers une loi de 1905 qui avait été accouchée dans la douleur, avant de garantir cent ans de relations apaisées entre les religions et l’État. Un débat sur la laïcité la remettrait pourtant inévitablement sur la sellette. Ce serait risqué pour tout le monde, y compris pour le locataire de l’Élysée.

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