vendredi 18 mars 2011
Bras de déshonneur
Kadhafi est en train d’infliger une défaite non seulement à ses opposants libyens – et à son peuple —, mais aussi à toute la communauté internationale. Le dictateur, qui a vacillé pendant plusieurs semaines, se montre plus solide que ne l’imaginaient la Ligue arabe et les chancelleries occidentales. Et en prime, il se permet d’accuser le chef de l’État français – sans aucune preuve à ce jour – d’avoir touché de l’argent libyen lors de sa campagne électorale. Quel bras… de déshonneur exhibé à la face du monde !
À qui la faute ? D’abord à ceux qui ont armé le fou sanguinaire de Tripoli. Comme d’autres, la France lui a vendu des avions, des missiles, des systèmes d’armes. Les frappes aériennes réclamées par Paris et refusées par la majorité des Européens auraient pu conduire des Rafale « made chez Dassault » à tirer sur des Mirage du même constructeur… voire sur des Rafale, puisque Nicolas Sarkozy avait tenté (heureusement sans succès) d’en vendre à la Libye. Combien de dictateurs les gouvernements de droite et de gauche ont-ils armés de la sorte ? Les révoltes arabes n’interpellent pas seulement notre diplomatie, mais aussi nos options économiques.
Est-il encore possible d’empêcher les massacres ? La France veut y croire. Mais il faudrait intervenir très vite, et l’Onu n’en prend pas le chemin. Critiqué pour avoir reconnu l’opposition libyenne et pour avoir proposé une intervention sans avoir consulté ses partenaires européens, Nicolas Sarkozy a pourtant soulevé de vraies questions : peut-on se contenter d’une diplomatie de salon, alors qu’un dictateur tire à l’arme lourde sur sa population ? En 1936, le gouvernement du Front populaire avait choisi de ne pas intervenir aux côtés des républicains, dans la guerre d’Espagne, laissant le gouvernement démocratiquement élu seul face aux troupes fascistes de Franco, efficacement soutenues sur le terrain par les soldats italiens et allemands de Mussolini et Hitler. À la honte s’est ajoutée, quatre ans plus tard, la défaite…
Aujourd’hui, l’ombre de Guernica, et celles, plus récentes, de Srebrenica et Sarajevo, où les Européens sont restés l’arme au pied, plane sur Benghazi. Ni la Ligue arabe, ni l’Onu, ni l’Union africaine n’ont la solution pour empêcher des dictateurs comme l’Ivoirien Gbagbo ou le Libyen Kadhafi de tuer leurs concitoyens.
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