TOUT EST DIT

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mardi 22 février 2011

Le sang coule, le pétrole s’envole… et où est Kadhafi ?

Et de trois après Ben Ali et Moubarak ? Les Libyens vont-ils renverser Kadhafi ? Les informations sont difficilement vérifiables dans ce pays qui vit à huis clos depuis plus de 40 ans et est interdit aux journalistes. Néanmoins, le scénario qui s’est accéléré hier à Tripoli ressemble à celui des derniers jours de l’ère Moubarak. Avec une répression accompagnée de promesses de réformes et des rumeurs à foison sur la santé du colonel Kadhafi, voire sa fuite au Venezuela. Très curieusement aussi, c’est non Kadhafi mais l’un des fils du «Guide», Saïf Al-Islam, pourtant réputé être le représentant de l’aile « modérée» (sic.) du régime, qui s’est adressé à la population… pour dresser le spectre de la guerre civile avec des «rivières de sang».

La menace est déjà devenue réalité. Car il s’agit bien d’une insurrection. L’armée, du moins celle restée aux ordres, tire à balles réelles, les hélicoptères mitraillent les manifestants, des quartiers de Tripoli auraient été bombardés… Cette intervention militaire sans retenue n’est pas la seule différence avec les événements vécus en Tunisie et en Égypte. Les manifestants libyens sont loin d’être tous pacifiques. Des éléments armés se mêlent aux civils.

Longtemps havre du terrorisme international avant sa réintégration dans la communauté des Nations (avec tapis rouge déployé en décembre 2007 à Paris…) la Libye a toujours été un mystère. Sans constitution, le pays dépend totalement du bon vouloir de son fantasque «guide suprême» qui s’appuie, avec le concours d’imposantes forces de sécurité, sur l’autorité de plusieurs chefs tribaux relayée par un parti unique. Ainsi, que la révolte soit partie de Benghazi et de Tobrouk n’étonne pas : les tribus de la Cyrénaïque ont toujours été hostiles au pouvoir central de Tripoli, et particulièrement à Kadhafi accusé de réserver la manne pétrolière aux «siens».

Pourtant, l’opacité du pouvoir libyen n’a jamais empêché les Européens de rester en affaires avec le quatrième producteur africain d’hydrocarbures. Jusqu’à appuyer la candidature de la Libye à la présidence de la commission des droits de l’homme de l’ONU, le comble du cynisme en matière de realpolitik !

Mais aujourd’hui, pour l’Europe, le mystère libyen se mue en inquiétude. Non pas tant sur le sort de la population que sur celui des rapports économiques et particulièrement l’approvisionnement en pétrole. Tripoli, qui a alloué d’importantes concessions aux compagnies internationales, exporte 80 % de sa production en Europe. Elle est même le premier fournisseur de l’Italie. Rien d’étonnant si les cours du brut s’envolent… Le régime possède encore d’autres moyens de coercition. Il pourrait nationaliser les entreprises étrangères sur son sol et, suprême inquiétude, ouvrir ses frontières à l’émigration massive de toute l’Afrique vers le vieux continent.

Une explication au honteux profil bas, hier à Bruxelles, des ministres des Affaires étrangères de l’UE ? Quant à la diplomatie française, n’en parlons même pas. Avec la titulaire du Quai d’Orsay déjà interdite de Tunisie…

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